La censure et l�exclusion reviennent de plus belle dans les trav�es de la culture. Jamais, peut-�tre, le d�partement de la culture n�a eu autant d�argent, mais, paradoxalement, rien ne va plus, � tous les niveaux : livres, cin�ma, th��tre, arts plastiques, sauf que des festivals sans objectifs s�rieux et la parole unique ne cessent de prendre le terrain � un d�bat s�rieux et contradictoire et � la mise en �uvre d�un projet culturel � moyen et long terme. Le Premier ministre actuel a, lui aussi, d�nonc� cette inflation de �festivals� et de �colloques�-bidon, organis�s sans motivation ni objectifs pr�cis, s�assimilant � une dilapidation de l�argent public. On annonce d�j� la r��dition d�un festival de cin�ma dans un pays o� il n�y a pas de cin�ma, o� on produit des films essentiellement � l�occasion de ces �festi-bouffe�. A l�exception de quelques rencontres-bilan comme celles du malouf ou du th��tre amateur par exemple, qui restent positivement marqu�es dans la dur�e et ne mobilisent nullement un budget cons�quent. Le festival du th��tre dit professionnel qui se d�roule � Alger, pris dans la m�lasse de l�incons�quence et de l�exclusion manifeste, n�arr�te pas de ressasser le m�me discours et de convoquer l�improvisation et le manque de perspectives, tout en tentant de mettre la main sur des journalistes appel�s, pour certains d�entre eux, � fouler tragiquement, sans r�action de leur direction, les lieux de l��thique et des jeux d�ontologiques. Ainsi, le journaliste ne peut cracher sur la main qui le nourrit. Autocensure et mensonge par omission sont les lieux les mieux partag�s de ce type de pratiques. La ministre de la Culture, qui pr�pare, encore une fois, un autre festival, islamique cette fois-ci, � Tlemcen, semble s�autosatisfaire de l��tat d�sastreux de l�univers �culturel�, le pr�sentant comme fortement positif et de cette absence d�un discours coh�rent sur les arts et l�h�ritage culturel. Aucun d�bat contradictoire n�est possible � tel point que la censure et l�exclusion deviennent des �l�ments- cl�s du discours. Des livres censur�s, un colloque sur Messali arr�t�, une conf�rence de Harbi et de Lemnaouer bloqu�e � l�universit� d�Alger il y a un peu moins de deux ann�es, le cinquanti�me anniversaire de la constitution de la troupe th��trale du FLN dramatiquement boud�, tels sont quelques �l�ments de la vie culturelle en Alg�rie. La pol�mique autour du livre de Sa�d Sadi sur Amirouche met � nu, avec ses maladresses et ses reniements, ces graves c�sures d�une Histoire longtemps chloroform�e et agress�e, livrant la m�moire aux jeux du souvenir forc�ment s�lectif, confondant outrageusement Histoire et m�moire, marqu�e par ses manques et ses pertes. Ce sont ces nombreux exemples qui marquent apparemment la culture de l�ordinaire fortement caract�ris�e par un retour en force de l�autocensure, notamment dans la presse qui, exception faite de tr�s rares titres, est tomb�e dans le travail du politiquement correct, trait fondamental du conformisme et de la m�diocrit�. Le discours se fait trop nuanc�, sans aucune saveur, occultant dangereusement les espaces-cl�s d�un v�cu qui semble voguer entre lame et lamelle, �meutes et ch�mage, silences pesants et bavardages obscurs, parano�a et attitudes suicidaires. La parole vraie d�serte les contr�es du r�el pour se construire un espace virtuel. La censure n�est pas un sport r�cent, mais investit toutes les contr�es d�une Histoire condamn�e � vivre le mutisme comme un moment de v�rit�. Ce qui fut, bien entendu, le cas. La pr�sence coloniale incarnait, par sa cruaut�, une effroyable censure. Beaucoup pensaient qu�une fois ind�pendants, les Alg�riens allaient inventer la libert�. Le d�senchantement n��tait pas loin. Les diff�rentes chartes restreignaient encore davantage le champ des libert�s. Le colloque national de la culture de 1968 allait �tre le point de d�part d�une politique d�embastillement de la parole qui vit l�organe central de l�UGTA, R�volution et Travail, suspendu pendant une ann�e en 1968, des intellectuels prendre le chemin de l�exil et les journaux investis d�une mission de neutralisation de toute voix diff�rente. Les diff�rents codes de l�information ont toujours eu pour fonction de r�duire les espaces de libert�, comme cette loi dont on n�arr�te pas de parler au milieu de journalistes encore s�duits par ce type de codes, synonymes d�embastillement, alors qu�il faudrait plut�t insister sur un texte pris en charge par les �professionnels � de l�information, r�gissant les lieux de l��thique dans un univers o� les jeux d�ontologiques n�ont jamais peupl� le terrain. Mais dans cet univers singulier, les censeurs d�hier se trouvent, par la suite, eux-m�mes victimes de ce mal qu�ils vont d�noncer une fois �vacu�s des postes de responsabilit�. Ka�d Ahmed, Boumaza, Messa�dia, Taleb, Yahiaoui, Chadli et bien d�autres ont rev�tu les oripeaux, certes vieillis, de grands d�mocrates devant l�Eternel. Il y a aussi, ces derniers temps, une autre mani�re d�acheter le silence des uns et des autres en leur confiant des postes de responsabilit�, des commissions ou des jurys peu cr�dibles. La censure a toujours marqu� le paysage culturel et politique. L�Alg�rie a connu les lieux malfam�s de cette pratique qui affadit l�homme et r�duit l�espace culturel et politique � des espaces prompts au garde-�-vous. Ces derniers temps, les langues commencent � se d�lier, � travers une �r�habilitation� paradoxale de Ben Bella, pour �voquer un 19 juin qui ne fut, en fin de compte, qu�un simple putsch pour une question de pouvoir faisant �crire et dire aux uns sans convaincre les autres qu�il �s��tait agi d�un �sursaut� ou d�un �redressement� r�volutionnaire alors que la r�volution avait depuis longtemps pris la cl� des champs en broyant ses propres acteurs. Mais la censure a toujours �t� pr�sente, d�j� bien avant l�ind�pendance, avant qu�elle reprenne du service apr�s 1962 sous les diff�rents gouvernements. Il n�est nullement possible de parler de livre sans �voquer la question de la censure qui traverse le paysage culturel national avant et apr�s l�ind�pendance. D�j�, avant 1962, toute parole diff�rente �tait consid�r�e comme subversive, � tel point que les journaux parisiens �taient souvent interdits d�entr�e parce que consid�r�s comme peu recommandables. La colonisation freinait toute voix autonome. Des pi�ces �taient interdites, des livres �dit�s � Paris n��taient m�me pas en vente � Alger, la langue arabe �tait ind�sirable. On pensait qu�une fois l�ind�pendance acquise, les choses allaient changer. D�j�, au congr�s de Tripoli, les forts en gueule arr�taient les autres comme on avait orient� les d�bats futurs qui ne pouvaient quitter les arcanes du conformisme id�ologique dominant. Les r�dacteurs de la charte de Tripoli balisaient le terrain. Cette nouvelle situation allait �tre fatale � certains intellectuels qui durent quitter le pays. Mostefa Lacheraf allait s�installer � Paris avant de rentrer au bercail quand de nouveaux censeurs chass�rent et emprisonn�rent pour d�lit d�opinion d�autres �crivains et hommes politiques : Mohamed Harbi, Mohamed Boudia, Mourad Bourboune, Hocine Zahouane, membre du bureau politique du FLN, qui insistait sur la dimension �socialiste� de la presse et de l�information et qui avait refus� de faire partie, apr�s le coup d�Etat de Boumedi�ne, d�un conseil de la r�volution qu�il consid�rait comme ill�gal et factice. A l��poque, personne ne parlait de multipartisme. Les journaux dirig�s par Harbi ( R�volution africaine) ou Benzine et Khalfa ( Alger- R�publicain) ou m�me Boudia ( Alger ce soir) n��voquaient pas le multipartisme, m�me si ces hommes ont produit un travail int�ressant. Pour une simple inversion de l�gendes, le quotidien Alger ce soir paya un prix tr�s fort : sa liquidation. C��tait avant 1965. D�ailleurs, le PRS de Boudiaf ou le FFS de A�t Ahmed n�avaient pas pignon sur colonnes de la presse. M�me un d�bat sur la culture nationale, parti d�une interview de Lacheraf dans Les Temps modernes, reproduite par R�volution africaine, aurait �t� arr�t� sur instruction de Ben Bella. Aucun membre de l��quipe de cet hebdomadaire n�avait protest� contre cet affligeant cas de censure. Celle-ci �tait consid�r�e comme normale. Le coup d'Etat de 1965 allait asphyxier la sc�ne culturelle et m�diatique. De nombreux intellectuels ont quitt� le pays. D�autres se sont tus ou ont continu� � �diter leurs �uvres � l��tranger. Mais malgr� ce malaise, certaines r�sistances marquaient le terrain. �R�volution et Travail�, organe central de l'UGTA a connu une suspension d�une ann�e en 1968. Le secr�taire g�n�ral de la Centrale syndicale �tait �cart� par la suite et interdit de parole. C��taient de v�ritables ann�es de plomb. La peur c�toyait l�impuissance. Il n��tait m�me pas possible d��crire et de s�exprimer dans la presse �trang�re et fran�aise en particulier. Le quotidien Le Monde ne pouvait, au nom de la d�fense des libert�s individuelles en Alg�rie, s�offrir le luxe de perdre un march� aussi juteux (plus de vingt mille exemplaires diffus�s quotidiennement) � tel point que son correspondant � Alger �tait affubl� du sobriquet de �Mondjahid�. Afrique-Asie, dirig� par Simon Malley, �tait lui aussi, se cachant derri�re une vulgate �r�volutionnaire�, trop g�t� � Alger pour pouvoir laisser libre cours � des plumes alg�riennes non conformistes. Jeune Afrique de B�chir Ben Yahmed n�a chang� de discours qu�en 1975 quand il a pris position en faveur du Maroc dans le conflit du Sahara Occidental. Cet hebdomadaire devenait d�ailleurs suspect. Le grand �crivain Mourad Bourboune dut, quelques ann�es plus tard, claquer la porte de ce journal, trop marqu� politiquement. Aujourd�hui, cet hebdomadaire a subitement encore chang� d�oripeau pour retrouver ses lecteurs d�Alger. Est-ce innocent ou une affaire de gros sous marqu�e du sceau d�une communication ch�rement pay�e ? Le terrain �tait donc min�. M�me les �politiques� semblaient �touff�s. Ch�rif Belkacem et Ka�d Ahmed, anciens patrons de l�appareil du FLN et grands adeptes du parti unique, prenaient leurs valises pour s�installer dans l�opposition. Ils se trouvaient ainsi, eux aussi, victimes de la censure. Ka�d Ahmed se mettait � s�attaquer � son ancien compagnon, Boumedi�ne, � partir du Maroc alors qu�on disait de Ch�rif Belkacem qu�il aurait sorti un ouvrage censur� � l��poque gr�ce � l�intervention d�Alger, Les Folles Nuits d'Alger. D�autres anciens ministres ont pris la direction de Paris ou de Suisse. Le censeur est censur� � son tour. La presse connaissait des moments difficiles. Toute vell�it� d�autonomie �tait bloqu�e. Ce qui avait condamn� beaucoup de journalistes au silence ou au d�part. Mais malgr� cette dure situation, des plumes, quelque peu libres, arrivaient � s�exprimer alors que la grande partie des journalistes, souvent sans titres, se prenaient pour des militants politiques reproduisant � longueur de colonnes le discours politique officiel chantant la R�volution agraire, la gestion socialiste des entreprises et la m�decine gratuite et d�laissant royalement la fonction sacr�e du journalisme : informer. Bela�d Abdesslam disait dans ses entretiens avec El Kenz et Bennoune qu�il ne lui �tait pas permis de r�pondre � ses d�tracteurs dans les journaux de l��poque o� il �tait ministre de l�Industrie et de l�Energie. Il �tait tellement absurde ce moment o� El Moudjahid ou Echa�b r�pondaient dans leurs journaux � des articles que les lecteurs n�avaient pas la possibilit� de lire ou faisaient �crire par leurs journalistes des �lettres de lecteurs � lors des d�bats sur la charte nationale qui a vu Ferhat Abb�s et Cheikh Kheirredine mis sous r�sidence surveill�e, pour avoir os� d�velopper un point de vue diff�rent. Tout �crit consid�r� comme suspect condamnait le journal �tranger au pilon. La t�l�vision est le lieu par excellence o� s�op�re une censure extr�mement dure. C�est ainsi que les responsables de la t�l� ont transform� une expression d�un citoyen �Ma ranach m'lah� en �Rana m'lah� en supprimant tout simplement au montage �ma� et �ch�. Tout propos consid�r� comme peu �logieux � l�endroit du pr�sident est supprim�. Ainsi, les m�mes responsables qui faisaient les �loges de Boumedi�ne ont effac� son visage pendant de longues ann�es. Ils le font aujourd�hui pour Chadli qui dispara�t ainsi du petit �cran apr�s avoir �t� l�artisan de la disparition de l�image de son pr�d�cesseur. C�est l�arroseur arros�. Ba�ziz a surpris tout le monde en chantant en direct une chanson censur�e. Aujourd�hui, ce m�dia lourd, ferm� � toute parole diff�rente, vit en vase clos, r�duisant son journal t�l�vis� aux d�fil�s protocolaires et aux visites minist�rielles. M�me la presse �priv�e�, souvent pi�g�e par la singularit� de sa situation, n�est pas �pargn�e par la censure. Ses prises de position sont empreintes d�un trop-plein de subjectivit�, omettant souvent la parole de l�autre. Cette mani�re de faire participe de l�effacement d�une source importante dans la recherche de la �v�rit�. Ce qui est assimil� � une v�ritable censure. Omettre un fait, c�est tout simplement mentir, c�est-�-dire orienter sciemment l�information. La censure est-elle obligatoire pour raison morale ? La question n�est pas encore tranch�e. Chacun d�fend, avec arguments � l�appui, son point de vue. Les choses ont relativement chang� par rapport au pass� o� il n��tait m�me pas question de parler librement de sujets simples. Mais il faudrait savoir que la parole d�aujourd�hui est souvent aphone, non entendue. C�est le retour � la parole unique, accompagn�e des jeux de cour, qui se suffit d�elle-m�me, vivant sur une sorte d�autos�duction, avec � c�t�, des universit�s trop peu performantes, une basse-cour de courtisans et l�argent qui coule � flots, o� �crivains, universitaires et journalistes attendent des pi�ces sonnantes et tr�buchantes, tel Wassem dans �Mille hourras pour une gueuse �, un lettr� qui courbe l��chine pour faire le bouffon d�un roi de pacotille. En 1982 ( Alg�rie-Actualit�) et en 1986, j�avais couvert les �v�nements de Constantine dans R�volution africaine, j�avais �t� descendu en flammes par El Moudjahid, Echa�b, L�Unit� et An Nasr. Il m��tait ainsi demand� par ces journaux de censurer l��v�nement. Un r�dacteur en chef d� Alg�rie Actualit� a �t� d�gomm� en 1984 � la suite de manifestations de lyc�ens � Oran. Puis le directeur de la r�daction paya sa suspension � la suite d�un article sur Le Nouvel Observateur. Ce fut du temps de Abdelhamid Mehri, alors ambassadeur d�Alg�rie � Paris et de Chadli. La liste est longue. Si la presse vivait une situation angoissante, le monde de l��dition et de l�art connaissait les m�mes r�alit�s. Ainsi, de nombreux �crivains ont �t� oblig�s de quitter le pays pour fuir la censure. D�ailleurs, de nombreux auteurs alg�riens censur�s ne pouvaient pas entrer dans le pays. Les livres �dit�s � l��tranger �taient interdits de vente. La Sned veillait au grain. Certes, Tahar Djaout, Rachid Mimouni et Mohamed Mouleshoul publi�rent leurs premiers romans dans cette maison mais finirent par la quitter. Le livre de Mimouni, Le Fleuve d�tourn�, avait �t� refus� par la Sned avant de conna�tre un extraordinaire succ�s de librairie, une fois �dit� en France chez Laffont. Beaucoup d��crivains ont �t� oblig�s d��diter leurs �uvres � l��tranger. Des ouvrages furent carr�ment censur�s comme le recueil de po�sie (en arabe) de Abdelali Rezagui, P�r�grinations d�un homme nomm� Abdelali. Un journaliste d�un hebdomadaire alg�rien est all� jusqu�� r�clamer l�interdiction d�un ouvrage du po�te en langue arabe, Mostafa Ghomari, parce qu�il ne correspondrait pas, selon lui, � la charte nationale. Au festival de Mostaganem, les organisateurs avaient mis � la porte en 1975- 76 une troupe de Constantine, �Layali Cirta�, pour des raisons absurdement �politiques�, �en contradiction avec le discours politique du festival�, disaientils. Quelques ann�es apr�s, le FLN chassa de Mostaganem des troupes consid�r�es comme subversives pour imposer son fameux article 120, un v�ritable coup de massue � la pratique culturelle. Ainsi, les deux extr�mes se rencontraient. La censure �tait au rendez- vous. Babor Eghraq de Bena�ssa est censur�e comme d�ailleurs Antigonede Sophocle parce qu�elle pose le probl�me du pouvoir. Quand Allouache avait tourn� Les Aventures d�un h�ros, le ministre de l�Information et de la Culture de l��poque lui aurait demand� s�il pouvait enlever le cigare (que fumait le h�ros) parce qu�il faisait penser � Boumedi�ne. M�me un ouvrage de Mohamed-Salah Yahiaoui, El Massira ( La Marche) fut carr�ment censur� apr�s avoir �t� �cart� de la responsabilit� du FLN, lors du fameux congr�s extraordinaire de ce parti. Des listes noires d��crivains alg�riens interdits de m�dia et d��dition circulaient depuis les ann�es 70. Y figuraient Boudjedra, Bourboune, Kateb Yacine, Bennabi... Le dernier film de Bensma�l fait des vagues � tel point que la ministre de la Culture n�a pas trouv� mieux que d�apporter des ��claircissements� peu op�ratoires. La censure caract�rise �galement la r�alit� politique. Chaque nouveau pr�sident tente d�effacer les r�alisations de son pr�d�cesseur. Les ministres et les walis faisaient de m�me � tel point que la notion d�accumulation est inexistante dans le territoire politique alg�rien. M�me l�image de l�autre responsable est souvent gomm�e. La censure touche toutes les cat�gories politiques sans exception dans la mesure o� l�exclusion est souvent la caract�ristique essentielle des formations politiques. Il y eut m�me des journalistes et des politiques qui demand�rent le retrait pur et simple des M�moires de Ali Kaficomme il y avait beaucoup de monde, aujourd�hui converti dans l�opposition, qui avait condamn� ou observ� le silence apr�s la diffusion du manifeste de Ferhat Abb�s en 1976 lors de la charte nationale, ce qui avait valu � ses r�dacteurs l��emprisonnement� et la �r�sidence surveill�e�. On a m�me essay� d�emp�cher l�organisation d�un colloque sur Messali Hadj. Les historiens et les universitaires n�ont m�me pas r�agi contre cette grave attitude. La libert� d�expression devient une entit� � g�om�trie variable comme la notion de d�mocratie. Faut-il emprunter le discours de Madame la Ministre et d�autres sph�res ou celui de la patrie et de l�int�grit� pour trouver bonne presse dans un monde marqu� par un conformisme trop peu s�rieux ? La censure est-elle n�cessaire dans certaines conditions ? Le d�bat reste encore ouvert dans de nombreux pays. En Alg�rie, faut-il tout dire ? Les choses sont complexes quand il s�agit de la censure. La vie priv�e des uns et des autres est-elle sujette � exposition dans les m�dias ? Autant de questions qui attendent d�bats.