«Il faut que la rue définisse un objectif et choisisse ses représentants», a suggéré hier Ahmed Benbitour, l'ancien chef de gouvernement, qui s'est à nouveau exprimé sur les manifestations pacifiques de la rue et les récentes décisions annoncées par le général Gaïd Salah favorable à la déposition du Président Bouteflika, via l'article 102. Invité de la rédaction, Ahmed Benbitour a donné sa vision pour une sortie de crise que traverse le pays durant la période de transition et comment rassembler les Algériens sur le choix de leurs futurs représentants. Il est revenu sur les déclarations du corps d'armée et chef d'état-major de l'ANP qui avait réaffirmé samedi que la mise en application des articles, 7, 8 et 102 de la Constitution constitue «l'unique garantie» pour préserver la stabilité du pays. «La rue connaît aujourd'hui un nouveau rapport de force en sa faveur qui est l'armée» a-t-il souligné en expliquant les choix proposés pour la sortie de la crise qui doivent passer par les articles 102, 7 et 8 de la constitution. «Le recours au conseil constitutionnel pourrait être contourné puisqu'il n'y a pas eu de réponse immédiate, et cela pourrait se faire toujours dans le respect de la constitution», a expliqué Ahmed Benbitour qui a ajouté que «le recours aux articles 7 et 8 implique une période de transition sans passer par le président du Sénat» et que l'armée a décidé de se référer aux articles 7 et 8 édictant que la souveraineté revient au peuple et que celui-ci possède les capacités constitutionnelles pour gérer ses institutions. Commentant, par ailleurs, les appels répétés des manifestants à la démission du président Bouteflika, l'ancien chef du gouvernement considère cette idée dépassée, parce que, souligne-t-il, «il n'est plus président de la république compte tenu de son état de santé». Lors de son intervention, l'ancien chef du gouvernement a accusé le pouvoir en place d'avoir versé dans l'autoritarisme, le patrimonialisme et le paternalisme, qui ont contribué à créer des institutions affaiblies selon ses dires. Pour sortir de la crise, M. Benbitour propose une période de transition de 8 à 12 mois nécessaire «sans avoir à passer» par la période de 45 plus 90 jours et à nécessairement confier au président du Sénat une option rejetée par les manifestants. «La transition doit passer par la négociation sur la manière de partir étant donné que la candidature de Bensalah est contestée». Selon lui, le besoin aujourd'hui est de mettre en place une feuille de route, afin de construire une nouvelle République, un besoin qui revêt un caractère urgent car «si ça doit durer davantage, il y a des risques», insista M. Benbitour pour dire qu'il était temps que les manifestants définissent leurs représentants. Cependant, M. Benbitour s'est dit prêt à travailler avec le peuple pour réaliser cet objectif «si on a besoin de ma consultation, je suis prêt», a-t-il affirmé. Ilhem Tir