Hier, les Oranais(es) sont sortis revendiquer, comme chaque vendredi, mais aucun signe de célébration alors qu'ils avaient une raison de « fêter » l'accomplissement de l'une des exigences populaires, à savoir le départ du désormais ex-Président Bouteflika. « Non, il n'y a rien à fêter, il faut aller de l'avant et ne pas perdre de vue ce qui reste à accomplir : le départ de tous les tenants du système, à leur têtes les 3 B : Bedoui et son gouvernement, Belaïz et Bensalah. » Amel Bentolba -Oran (Le Soir) - Aussi parmi les slogans contenant les revendications populaires qui revenaient en masse ce vendredi mis à part le départ des 3 B cité plus haut, les manifestants exigeaient le jugement de toutes les personnes faisant partie du système en scandant « Vous avez dilapidé le pays on ne se taira pas rendez l'argent du peuple ». D'autres insistaient « Haddad n'est pas accusé seul d'être mêlé à des affaires louches et de corruption, il faut juger également ceux qui lui ont signé les autorisations et facilité ses affaires. Jugez-les tous au vu de tout le peuple. La loi de l'immunité doit être annulée», ne cessaient de nous confier avec force plusieurs manifestants au niveau de la place d'Armes où, dès 13 heures, la placette commençait à se remplir. Au fur et à mesure, des carrés de marcheurs se sont mis en marche vers le centre-ville avec un slogan qui revenait souvent autour de la dilapidation des richesses du pays par les « proches du système de Bouteflika ils doivent être jugés tous sans exception ». Les slogans concernant l'armée ont continué dans le même sens « tous frères », toutefois quelques rares affiches mentionnaient « un général corrompu ne pourra pas être un héros national » ou encore « ni propriété ni militaire nous la voulons une Algérie républicaine ». Ce vendredi, les regards étaient également portés sur les femmes mais pas toutes, beaucoup guettaient les affiches dites « appartenant aux féministes ». Depuis la fin de semaine passée, une grande polémique est née des suites d'un appel haineux contre justement les femmes féministes qui demandent plus de liberté. A Oran, nous en avons rencontré quelques-unes portant leurs affiches en toute aisance et sans aucune animosité de la part des marcheurs hommes ou femmes. Il y était inscrit « Nous ne sommes ni Femens, ni soumises, nos martyres vous le disent » ; « Ne touchez ni à ma mère, ma sœur, ma fille, elles sont toutes la source de notre vie ». Toutes marchaient en toute sécurité au milieu de la foule, car, disent-elles, « nous ne demandons rien d'inconvenant nous voulons la même chose : que tout le système dégage ». La particularité d'hier, une ambiance de méfiance et de détermination à la fois, beaucoup craignent la récupération du mouvement populaire par des islamistes de plus en plus présents et qui l'affichent, d'autres craignent l'infiltration des résidus du système pour casser le mouvement ou bien le pousser à s'emporter. Par conséquent, beaucoup ont choisi de ne se mêler qu'aux groupes qu'ils connaissent ou bien avec lesquels ils partagent les mêmes aspirations que le pouvoir revienne au peuple. A. B.