En dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics pour améliorer la prise en charge des accouchements à travers les travaux de réhabilitation des structures hospitalières de la wilaya , dont la maternité de l'hôpital Mohamed-Seddik-Benyahia de Jijel pour un montant de 5,7 milliards de centimes , la réfection de celle de l'hôpital Saïd-Mejdoub de Taher , le recrutement de 4 gynécologues dont 3 affectés à Jijel et 1 à l'hôpital Bachir-Mentouri d'El-Milia , force est de constater que l'accouchement demeure un véritable enfer pour les femmes et les pères de famille dans la wilaya de Jijel. Il convient de souligner que les maternités de ces trois hôpitaux connaissent une forte pression à cause du fort taux de natalité qui est à l'origine de la surcharge au niveau des structures. Ces dernières ont du mal à répondre à la forte demande des familles dans une wilaya qui a enregistré 15 524 naissances durant l'année écoulée, soit une moyenne de 42 nouveau-nés par jour , dont 3 340 par césarienne, a-t-on appris auprès de la Direction de la santé et de la population de la wilaya . Abdelghani , la trentaine entamée , père de famille , nous a confié que faute de gynécologues à l'hôpital de Taher, il était contraint d'emmener sa femme à l'hôpital Mohamed-Seddik-Benyahia ajoutant qu'il a été désagréablement surpris par le fait que deux femmes enceintes s'entassent dans un seul lit, faute de place . L'accouchement au niveau des trois hôpitaux est un véritable enfer, notamment pour les cas compliqués qui nécessitent des césariennes. «Il faut avoir des connaissances, pour ne pas dire autre chose, pour que tu puisses avoir un rendez-vous pour ta femme afin qu'elle accouche», a pesté un homme la quarantaine, habitant la commune de Chahna . «J'ai décidé de ne plus avoir d'enfants par rapport à ce que j'ai vu de mes propres yeux à l'hôpital de Taher », nous a confié Omar la quarantaine entamée sur un air catégorique . Pour rappel , l'hôpital Saïd-Mejdoub de Taher, dépourvu de gynécologues, a défrayé la chronique locale il y a quelques mois, suite à des poursuites judiciaires à l'encontre d'une praticienne généraliste qui était de garde au service de maternité et qui essayait de secourir une femme en difficulté d'accouchement. Malheureusement, le nouveau-né est mort. Une affaire qui, faut-il le rappeler, a suscité des mouvements de protestation des médecins et des paramédicaux en signe de soutien à leur collègue, mais en vain. De nombreux citoyens des régions montagneuses réclament la redynamisation des maternités rurales en vue d'atténuer un tant soit peu la tension sur les maternités des trois hôpitaux et contribuer à mettre un terme aux évacuations des femmes enceintes vers les hôpitaux avec leur lot de risques notamment la nuit. Réalisées durant les années 1980 et 1990, les maternités rurales de Bouraoui-Belhadef , Ouled Asker , Djimla , Selma demeurent inexploitées car elles sont dépourvues de moyens humains et matériels. Leur rôle est réduit essentiellement à un travail de prévention . Il y a lieu de rappeler que les habitants de la commune de Ouled Asker ont mené une série de mouvements de protestation ces deux dernières années pour réclamer l'ouverture de la maternité rurale , mais en vain. A signaler que ces maternités rurales ont enregistré 418 naissances durant l'année écoulée, selon un rapport de la Direction de la santé et de la population . Face au calvaire des accouchements dans la wilaya de Jijel , les citoyens interpellent les autorités locales pour la relance des projets touchés par le gel dont, entre autres , les deux hôpitaux de 240 lits de Jijel et Taher et celui de 60 lits à Belghimouz dans la commune d'El Ancer afin de répondre à la forte demande des femmes enceintes, pour une bonne partie de la population locale. Bouhali Mohammed Cherif