Tôt le matin, la place du 1er-Mai, lieu de rassemblement des 16 syndicats de la Fonction publique venus de tout le pays, est restée hermétiquement cernée durant toute la journée. Et c'est au niveau de ce secteur que l'usage de lacrymogènes, des intimidations sur les manifestants et quelques arrestations ont été observés. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - En effet, c'est aux alentours de 10 heures que la marche des travailleurs à l'appel de la Confédération des syndicats algériens devait prendre le chemin du lieu de rendez-vous, la Grande-Poste, par des carrés de manifestants empêchés d'avancer par les ceintures formées par les agents des services antiémeutes. L'objectif des policiers était de s'opposer à la formation de groupes compacts de manifestants à certains endroits de la rue Hassiba-Ben-Bouali qui mène tout droit vers la Grande-Poste, par des mesures répressives et l'usage de gaz lacrymogène. Et c'est là aussi qu'on a observé l'arrestation de certains marcheurs. Les premiers arrivants à la Grande-Poste ont essuyé les mêmes exactions puisque l'accès aux marches de la Grande-Poste était au départ très surveillé par les éléments de sécurité. Mais ce qui mérite d'être signalé c'est le comportement des milliers de manifestants qui a permis la réussite de la marche et du sit-in, puisque les éléments des services antiémeutes ont fini par céder à la «Silmiya », scandée par la foule. Dès l'entame de la marche, un représentant du CLA de Djelfa nous déclare que « si Bensalah a déclaré que je suis là à répondre aux revendications du peuple, notre revendication à nous, c'est Bensalah dégage ! ». A deux pas de là, trois manifestants ont été arrêtés, au moment où ses compagnons scandaient Silmiya. A 11 heures, la place de la Grande-Poste était pleine à craquer sous le vacarme de l'hélicoptère qui survole le ciel. Les slogans les plus récurrents sont « Bensalah dégage », « Système dégage » et « Tout le monde dégage ». Aux alentours de la place symbolique des manifestations, un nombre impressionnant de fourgons sont sur place et les accès à la rue Mostefa-Ben-Boulaïd et au boulevard Mohammed-V menant vers la place Audin sont strictement inaccessibles aux manifestants. Vers 12h30, les étudiants de la Fac centrale rejoignent les manifestants syndicalistes devant la Grande-Poste. Après une heure, à leur retour vers le tunnel des Facultés, l'accès leur a été interdit par un imposant cordon policier prêt à faire usage du camion à jet d'eau, mais la communauté estudiantine était pacifiste, en répliquant par Silmiya avant de descendre par la rue qui mène vers Didouche-Mourad. Sur les marches de la Grande-Poste et en face, la foule en masse a repris tous les slogans habituels hostiles au pouvoir et aux hommes qui le représentent, notamment Bensalah, Bedoui et Belaïz. A. B.