Un important dispositif sécuritaire a été mobilisé dès la veille pour empêcher toute manifestation dans la capitale des Hammadites. La marche populaire que devait organiser, hier matin, le mouvement des archs au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, n'a finalement pas eu lieu puisque les responsables des pouvoirs publics en ont décidé autrement. En effet, comme il fallait s'y attendre, un important dispositif sécuritaire composé de brigades de CNS et de policiers en civil a été mobilisé dès la veille pour empêcher la tenue de toute manifestation dans la capitale des Hammadites. Ainsi, des barrages systématiques des éléments CNS ont été dressés au niveau de toutes les portes de la ville de Béjaïa, à savoir à Oued-Ghir (RN12, entrée ouest), à Iryahène (RN5, entrée est) et à Oussama (RN24, entrée nord) afin de contenir les foules qui affluaient au chef-lieu de wilaya pour prendre part à cette marche pacifique. Devant l'intransigeance des forces de sécurité qui refoulaient tous les transporteurs de voyageurs se dirigeant vers la ville de Béjaïa, les passagers bloqués sur place, dont les rangs ne cessaient de grossir au fur et à mesure, ont décidé d'improviser un sit-in de protestation devant ces barrages de police. Excités par l'action des manifestants qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir, les éléments des CNS postés à l'entrée ouest de Oued-Ghir ont fini par riposter violemment, en menant une offensive visant à disperser cet attroupement. Pour ce faire, les policiers n'ont pas lésiné sur les moyens pour se “débarrasser” de cette foule de plus en plus importante, voire menaçante. Des jets de pierres, des tirs de bombes lacrymogènes… sont autant de moyens auxquels ont eu à recourir les forces de sécurité. Les affrontements ont duré plus de deux heures et se sont soldés, selon les témoignages des délégués présents sur les lieux, par l'arrestation de 9 personnes et la blessure de 6 autres, dont un jeune de 25 ans transféré vers la polyclinique d'El-Kseur pour des traumatismes plus ou moins graves. À Béjaïa-ville, le climat était tendu dès la matinée. La présence forte des services de sécurité aux alentours du carrefour des CNS, où devait s'ébranler la manifestation, présageait déjà du sort qui allait être réservé à cette marche. Vers 11h30, la foule, qui s'apprêtait à donner le coup de starter à cette manifestation, ne tardera pas à être la cible de nombreux policiers en civil et de ceux venus investir les lieux à bord d'une fourgon blindé. Il faut dire que cette intervention musclée des forces de l'ordre, qui visait la répression pure et dure de la marche des archs, a mis le feu aux poudres du fait qu'elle est perçue par tous comme “une provocation du pouvoir”. En quelques minutes, ce rassemblement pacifique de citoyens, qui voulaient exprimer leur solidarité avec les détenus du mouvement citoyen, s'est malheureusement transformé en violents affrontements entre jeunes manifestants et éléments des CNS qui lançaient des grenades lacrymogènes. Ces hostilités, qui dureront plusieurs heures, n'ont pas tardé à faire tache d'huile, en se propageant à travers d'autres quartiers de la ville, tels que Tizi Ighil-Ouazzoug, Nacéria, Taâssast, Aâmriw, Targa-Ouzemmour… Ayant intervenu pour dégager la voie publique barricadée au niveau de la rue Liberté et au carrefour de Nacéria, les forces antiémeutes se sont heurtées à la résistance farouche des habitants du quartier CNS qui ne cherchaient qu'à en démordre avec les éléments des CNS. Pour répondre à cette “attaque”, les policiers ont lancé un assaut dans les dédales de ruelles et autres passages étroits de cette cité. Cette expédition punitive se soldera par l'arrestation d'une dizaine de jeunes qui seront bastonnés et insultés en plein public avant d'être embarqués dans des fourgons de police. Notons enfin que la quasi-totalité des localités de la vallée de La Soummam ainsi que la ville des Hammadites ont largement suivi le mot d'ordre de grève générale décrété par les archs. K. O. DELEGUE ACTIF DE LA COMMUNE DE BEJAIA Mehdi Yazid blessé par une bombe lacrymogène Mehdi Yazid, enseignant universitaire et délégué de la commune de Béjaïa, a été blessé, hier, lors des affrontements ayant éclaté dans la même ville suite à l'empêchement par les forces de sécurité de la marche des archs organisée en faveur des détenus du mouvement citoyen. En effet, ce membre actif de l'Interwilayas des archs a été touché au pied par une grenade lacrymogène tirée par un élément des CNS à hauteur du quartier de Sidi-Ahmed. K. O.