«Nous vivons aujourd'hui une détérioration linguistique qui s'accentue de façon inégalée et qui se développe constamment parmi ces jeunes auteurs de différentes tranches d'âge, et ce, à travers les réseaux sociaux. Ces jeunes qui utilisent et exercent une fusion de types d'expression tirés des différentes langues quotidiennes, à savoir l'arabe classique, le dialecte et les langues étrangères», a déploré le Pr Salah Belaïd, président du Haut-Conseil de la langue arabe (HCLA) et également membre actif au sein de l'Académie de langue arabe du Caire (Egypte). C'était dans une intervention prononcée à l'ouverture des travaux du colloque scientifique à la Bibliothèque nationale d'Algérie (El Hamma, Alger), placé sous le thème «La langue moderne des jeunes». Salah Belaïd, en cette occasion, avait plaidé pour la recherche de mécanismes favorisant une sortie du phénomène de l'hybridation linguistique qui s'accentue jour après jour et qui prévaut sur les réseaux sociaux, appelant également à tirer profit de ces nouveaux moyens pour développer la langue arabe et éviter sa détérioration. Affirmant que l'hybridation linguistique utilisée est rejetée par l'ensemble des langues, il a cité l'exemple de campagnes lancées par certains pays et peuples afin d'épurer leurs langues de la fusion linguistique. Concernant l'Algérie, il a fait remarquer, selon lui, «un certain laxisme dans notre utilisation de la langue arabe à travers les moyens de communication». Après avoir cité une série de facteurs et de phénomènes qui poussent les jeunes à se pencher vers la langue dominante (souvent étrangère), le président du HCLA a estimé que notre société «nécessite des référentiels arabes linguistiques et des plans de rattrapage, et doit veiller à la mise en application de ces référentiels en commençant par les établissements scolaires, tout en ouvrant des comptes sur les réseaux sociaux en langue arabe et en œuvrant au développement du contenu numérique de façon scientifique». D'un autre côté, il a également souligné la nécessité pour les institutions médiatiques d'accorder un intérêt particulier au langage des réseaux sociaux en associant les chercheurs spécialisés en la matière, tout en exhortant la société civile à la contribution à «tout ce qui est au service de la citoyenneté linguistique en luttant contre l'hybridation et en animant des colloques et des concours en vue de la préservation de la pureté de la langue arabe». M. Belaïd a aussi appelé la famille, l'école et la corporation médiatique à assumer leur responsabilité vis-à-vis de cette dégradation linguistique et à chercher des solutions susceptibles d'accompagner les jeunes dans leur langage de communication, de la promotion de la langue arabe et de la sensibilisation du public à faire usage de la langue arabe académique, en sus de la réalisation des corpus relatifs à l'hybridation linguistique. Le président du Haut-Conseil islamique (HCI), Bouabdallah Ghlamallah, pour sa part, a appelé, dans son intervention, les médias à œuvrer à la promotion de la langue arabe, vu leur influence sur l'auditeur, le téléspectateur et le lecteur, et à s'efforcer à trouver des styles, des tournures linguistiques, des synonymes et des mots savants car la langue arabe n'est pas stérile, a-t-il remarqué. Le colloque scientifique sur le thème «La langue moderne des jeunes» qui s'est déroulé dernièrement à Alger a vu la présentation de plusieurs interventions s'articulant autour du rôle de la langue arabe dans la construction de l'identité des jeunes et du langage moderne utilisé par les jeunes sur les réseaux sociaux. Kader B.