Paradoxalement, c'est au soir de la même journée où sa conférence a subi un flagrant échec et que les appels à sa démission persistent que Bensalah a procédé à un mouvement dans le corps des walis. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Abdelkader Bensalah, le chef de l'Etat le plus contesté de l'Algérie depuis son indépendance, semble déterminé à poursuivre le plan du pouvoir pour sortir de la crise. Après une matinée affligeante, à cause du fiasco de sa conférence pour préparer l'élection présidentielle, il a opéré dans la soirée un remaniement dans le corps des walis qui a touché cinq walis et deux walis délégués. «Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a, conformément aux dispositions de l'article 92 de la Constitution, procédé lundi à un mouvement partiel dans le corps des walis et des walis délégués», indique un communiqué de la présidence de la République. Siouda Abdelkhalek est désigné wali d'Alger, Bradai Abdelkader, wali de Laghouat, Bouzegza Lounes, wali de Batna, Belkateb Mohamed, wali de Sétif, Yahiatene Yahia, wali de Boumerdès et Harfouche Benarar, wali d'El-Tarf. El Gouacem Amar est, quant à lui, nommé wali délégué de Dar-el-Beïda alors que Chaïb Eddour Benabdellah est nommé wali délégué de Touggourt. Bensalah, chef de l'Etat chargé d'organiser l'élection présidentielle dans un délai de 90 jours conformément à l'article 102 de la Constitution, a-t-il la prérogative de relever et de désigner des walis ? «C'est clair qu'il a cette prérogative», répond Fatiha Benabou, spécialiste en droit constitutionnel. Le communiqué de la présidence évoque l'article 92 de la Constitution. Cet article parle des prérogatives du président de la République. Il stipule que le Président nomme aux emplois et mandats prévus par la Constitution, aux emplois civils et militaires de l'Etat, aux désignations arrêtées en Conseil des ministres, le Premier président de la Cour suprême, le président du Conseil d'Etat, le secrétaire général du gouvernement, le gouverneur de la Banque d'Algérie, les magistrats, les responsables des organes de sécurité et les walis. «Le président de la République nomme et rappelle les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires de la République à l'étranger. Il reçoit les lettres de créance et de rappel des représentants diplomatiques étrangers », ajoute le même article. Ainsi, Abdelkader Bensalah a hérité de tous ces pouvoirs. Selon l'article 104 de la Constitution, Bensalah dispose également des attributions de l'article 91, à l'exception des alinéas 7 et 8 relatifs au droit de grâce, du droit de remise ou de commutation de peine et de saisir le peuple par voie de référendum. Pour les autres alinéas de l'article 91, Bensalah a toutes les prérogatives, à savoir : il est le chef suprême des Forces armées de la République, il est responsable de la Défense nationale, il arrête et conduit la politique extérieure de la Nation, il préside le Conseil des ministres, il nomme le Premier ministre, la majorité parlementaire consultée, et met fin à ses fonctions, il signe les décrets présidentiels, il conclut et ratifie les traités internationaux et il décerne les décorations, distinctions et titres honorifiques d'Etat. Ainsi, le chef de l'Etat dispose-t-il de l'attribution de limoger le chef d'état-major de l'armée ? S'il a la prérogative, a-t-il le pouvoir de le faire ? Dans le mouvement du corps des walis, c'est celui d'Alger qui a retenu l'attention. Abdelkader Zoukh est relevé de ses fonctions le jour même où l'effondrement d'un immeuble à la Casbah a fait cinq victimes. Se déplaçant sur les lieux du drame, l'ex-wali a été chassé par les habitants et failli être lynché. K. A.