Hassan Khelifati, le P-dg d'Alliance Assurances, s'est officiellement porté candidat — l'unique pour le moment — à l'élection de la nouvelle direction du Forum des chefs d'entreprises (FCE), prévue pour le 24 juin prochain en principe. L'annonce de la candidature de Hassan Khelifati lance, ainsi, définitivement le processus devant aboutir à doter le FCE d'un nouveau patron à sa tête après la démission forcée du très controversé Ali Haddad et son remplacement, au pied levé, par Moncef Othmani, le 7 avril dernier. Une nouvelle vie s'annonce donc pour le Forum des entrepreneurs, principale organisation patronale du pays, après plusieurs années durant lesquelles l'image des chefs d'entreprises algériens a pris un sacré coup auprès du public et même au sein du microcosme des patrons du fait de la politique voulue par Ali Haddad, beaucoup trop proche qu'il n'aurait dû se le permettre des pouvoirs publics, en sa qualité de responsable du FCE. La page du règne du patron de l'ETRHB sera donc bientôt définitivement tournée et Hassan Khelifati compte bien être l'homme destiné à redorer le blason d'une organisation pratiquement partie en lambeaux et, comme il le dit dans une lettre ouverte par laquelle il a annoncé sa candidature, participer à «doter la communauté d'affaires d'une représentation catégorielle digne du rôle qu'elle est appelée à endosser dans l'économie nationale en reconstruction pour éloigner l'image exécrable qu'on voudrait lui coller et redresser son image d'honorabilité et de sérieux dont on n'aurait jamais dû s'éloigner». Dans sa déclaration de candidature, le patron d'Alliance Assurances préconise de rendre au Forum «son rôle d'origine» et capitaliser ainsi les horizons nouveaux ouverts depuis le 22 février par le mouvement populaire. Des horizons nouveaux qui devraient permettre, selon Hassan Khelifati, de redonner naissance au FCE tel que ses fondateurs historiques le voyaient au départ : «Une représentation dynamique, armée de capacités intellectuelles et de moyens matériels afin de lui permettre de jouer un rôle important en sa qualité d'acteur économique avec les autres partenaires économiques et sociaux.» Une déclaration à travers laquelle le candidat à la présidence du FCE n'a pas manqué de rendre hommage aux fondateurs qui ont permis que le Forum «se distingue dès sa création de la représentation patronale antérieure (…) était perçu comme un acteur sérieux et efficace, capable de porter les préoccupations de l'entreprise d'une part et de représenter les intérêts des entrepreneurs aussi bien face aux autres partenaires sociaux qu'auprès des pouvoirs publics, dans l'intérêt bien compris et consensuel des acteurs de l'économie nationale.» Inévitablement, Hassan Khelifati ne pouvait pas ne pas ouvrir une parenthèse sur la période lors de laquelle «l'image des chefs d'entreprises a été sérieusement affectée car assimilée, bien malgré la majorité d'entre eux, aux abus et travers commis par certains représentants bien en vue du Forum des chefs d'entreprises», ceux-là mêmes contre lesquels, rappelle Khelifati, il s'est élevé et exprimé contre les «incohérences» de l'ancienne direction du FCE. «J'étais intimement convaincu que la majorité d'entre nous étions contre le mode de fonctionnement établi par le président sortant et son équipe restreinte au sein même du conseil exécutif. Ces derniers, dans une confusion d'ambitions malsaines, ont réussi à placer le Forum dans une situation fragile et peu crédible», se remémore encore Hassan Khelifati avant de dire sa conviction que la proximité contre nature du FCE avec les pouvoirs publics, en plus de susciter des scissions au sein de la communauté des chefs d'entreprises, elle a fini par «générer un clientélisme qui a tôt fait de se substituer au rôle naturel qui est le sien : celui de produire plaidoyers et réflexions à même de favoriser l'émergence d'un climat des affaires sain et capable d'encourager la diversification de notre économie, de promouvoir un dialogue social et d'accélérer la sortie de l'économie rentière». Un dévoiement du FCE que le P-dg d'Alliance Assurances veut participer à réparer «en redressant son image d'honorabilité et de sérieux dont il n'aurait jamais dû s'éloigner», comme il le souligne, visiblement conscient que la mission consistant à redorer le blason du FCE ne s'annonce sans doute pas comme une sinécure, tellement l'image laissée chez l'opinion publique par le Forum de l'ère Haddad évoque les pires appréciations. Azedine Maktour