Il a fait de l'organisation patronale un instrument politique au service du clan présidentiel. Il s'est impliqué pleinement pour cinquième mandant du chef de l'Etat sortant, en lui apportant le soutien du FCE de manière zélée. Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, a démissionné de son poste. En effet, dans une lettre adressée aux membres de l'organisation patronale, il a indiqué que "(…) j'ai décidé, en mon âme et conscience et sans contraintes, de quitter la présidence du Forum des chefs d'entreprise à compter de ce jour". (jeudi, 28 mars). Il s'est dit "soucieux de préserver la cohésion et surtout la pérennité de l'organisation". Le désormais ex-président du FCE estime que l'organisation qu'il dirigeait a "grandement besoin de rassembler toutes ses forces pour jouer un rôle constructif (...), que chacun doit favoriser la création des meilleures conditions à même de permettre au Forum de poursuivre son développement dans la sérénité et sur la voie dont décideront ses adhérents". Le conseil exécutif du Forum des chefs d'entreprise allait se réunir aujourd'hui en sessions ordinaire. Un seul point figurait à l'ordre du jour de cette réunion : la démission d'Ali Haddad de son poste de président. Mais aux dernières nouvelles, "Ali Hadad a envoyé des texto à des membres du conseil exécutif les informant de l'annulation de cette réunion", apprend-on de source sûre. Notre source ajoute par ailleurs que "Hocine Mitidji, le plus âgé des membres du Forum, devait assurer la présidence par intérim de l'organisation". "Mais, poursuit-elle, il s'en est désintéressé". Ali Haddad quitte en fait le navire en détresse et abandonne son poste de capitaine. C'est le mouvement populaire qui l'y a contraint. Il essaie de se racheter aujourd'hui en se rangeant au côté de ce mouvement. Il en dit d'ailleurs du bien dans son message épistolaire. "Ma conviction est que dans la phase actuelle, nous devrions tous agir afin que la dynamique populaire débouche sur un sursaut national en faveur du développement et de la prospérité de notre pays pour répondre aux aspirations de notre peuple", a-t-il résumé. Cette démission signe la fin de règne d'Ali Haddad. Ce dernier avait pris les commandes du FCE en 2014. Il a été réélu à la tête du Forum en décembre dernier. Il était le seul candidat en lice. Il a fait de l'organisation patronale un instrument politique au service du clan présidentiel. Il s'est impliqué pleinement pour cinquième mandant du chef de l'Etat sortant, en lui apportant le soutien du FCE de manière ostentatoire, voire provocatrice. Dans sa lettre de démission, Ali Haddad s'est exprimé sur ce choix, en mettant en avant le fait que ce sont les "instances du Forum qui se sont prononcées clairement et en toute démocratie" en faveur du 5e mandant. Ce qu'il ne dit cependant pas, c'est que le mode de vote appliqué lors de l'assemblée générale ayant approuvé le soutien du FCE au 5e mandat était discutable, parce que l'AG n'avait pas opté pour le vote à bulletin secret, un mode de scrutin où le choix de l'électeur est confidentiel. "Les membres du Forum ont été mis dans la gêne, car obligés à voter à main levée", explique Hassan Khelifati, P-DG d'Alliance Assurance, dans une déclaration qu'il nous a faite hier. Il a ajouté que "cette AG a été en réalité tronquée, puisqu'une partie seulement de ses membres étaient présents". Hassan Khelifati estime que le départ d'Ali Haddad est "une bonne chose". "Cela, a-t-il ajouté, va nous permettre de restaurer l'image du Forum qui a été ternie".