Le directeur général du CHU Saâdna-Abdennour de Sétif, M. Noureddine Belkadi, a été placé, avant-hier soir, sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal de Sétif pour passation de marchés douteux et acquisition d'appareils médicaux non conformes au cahier des charges. Le juge d'instruction a également ordonné la mise sous contrôle judiciaire de la directrice des marchés du même établissement hospitalier pour les mêmes griefs. Cette incarcération fait suite à l'enquête déclenchée il y a quelques semaines par la Brigade de recherche et d'investigation (BRI) relevant de la Sûreté de wilaya de Sétif qui a visé la gestion du plus important hôpital des Hauts-Plateaux. Le directeur général du CHU de Sétif, à la tête de cette structure depuis cinq ans, avait fait l'objet à maintes reprises de critiques de la part des médecins-chefs, responsables des différents services, pour sa mauvaise gestion. Aussi le conseil scientifique a plusieurs fois, dans différents procès-verbaux, signalé des dépassements et des irrégularités dans le choix des équipements, matériels et consommables achetés par l'hôpital. Un cri de détresse a été lancé dans ce sens, il y a plus d'une année, par le Pr Mesbah, responsable du service de réanimation, qui, sur une vidéo postée sur sa page Facebook, a dénoncé la qualité douteuse des équipements et produits consommables acquis par le CHU de Sétif. Le médecin explique notamment que les dépenses engagées dans l'établissement où il exerce auraient pu servir à construire deux ou trois CHU selon les normes internationales. Il pointe du doigt l'importation de produits de mauvaise qualité dont les conséquences rejaillissent sur la santé du malade. Aussi les enquêteurs de la BRI se sont penchés sur plusieurs dossiers comme celui de l'acquisition d'équipements destinés à l'unité de greffe de moelle qui a coûté la bagatelle de 5 milliards et dont la structure inaugurée depuis plus de trois ans par l'ancien ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, n'a jamais ouvert ses portes. Ou encore l'affaire des banaliseurs destinés à la désinfection et broyage des déchets d'activité de soins à risque infectieux (Dasri) au niveau de l'hôpital mère et enfant qui n'ont jamais servi du fait qu'ils sont tombés en panne juste après leur acquisition. D'autres dossiers relatifs à la dilapidation des deniers publics au niveau du CHU de Sétif sont actuellement entre les mains du magistrat instructeur. Notons, par ailleurs, que le magistrat instructeur près le tribunal d'Aïn Oulmène a ordonné, il y a quelques jours, la mise sous mandat de dépôt de la directrice et de l'économe de l'établissement public hospitalier Mohamed-Boudiaf d'Aïn Oulmène, et le contrôle judiciaire pour quatre cadres de cet hôpital et ce, pour mauvaise gestion et dilapidation de deniers publics. Imed Sellami