Le vice-ministre de la Défense nationale et chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, s'est, une nouvelle fois, exprimé sur la situation politique exceptionnelle que traverse le pays. Hier mardi, au troisième jour de sa visite en 4 ème Région militaire, le patron de l'armée a mis l'accent sur la grande opération « mains propres ». Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Une opération à laquelle le Haut Commandement de l'armée accorde une extrême importance, comme l'attestent les interventions systématiques de Gaïd Salah sur ce point précis. Hier mardi, à partir de l'Ecole supérieure des troupes spéciales de Biskra, le vice-ministre affirmait, en effet : « Je tiens à évoquer le défi majeur que constitue la lutte contre la corruption, qui possède aujourd'hui des ramifications politiques, financières et médiatiques, ainsi que de nombreux lobbies infiltrés au sein des institutions du pays .» Gaïd Salah tenait à expliquer qu'« à cet effet, j'affirme que la voie adoptée dans la lutte contre la corruption, qui a nécessité la détection et le démantèlement de toutes les mines posées dans les différentes institutions de l'Etat et leurs secteurs, s'appuie sur une base forte et solide, car fondée sur des informations précises et confirmées et sur de nombreux dossiers lourds, voire dangereux, aux preuves irréfutables, ce qui a dérangé et terrifié la bande, qui s'est empressée d'essayer d'entraver les efforts de l'Armée nationale et de l'appareil judiciaire ». Ce n'est pas la première fois que Gaïd Salah parle de « bande », à savoir l'entourage de Abdelaziz Bouteflika, et d'un « complot » dont les origines remontent, précisait-il dans une précédente intervention, à l'année 2015 et qui, révélait-il également, avait mis « des bombes à retardement » au sein de l'ensemble des structures de l'Etat. Bien sûr, Gaïd Salah fait surtout allusion, ici, à l'ancien patron des services, le général Toufik. En parlant de « bombes à retardement », il laisse entendre que, malgré l'emprisonnement de Toufik, Tartag et Saïd Bouteflika, le « réseau » est toujours actif . Ce qui l'amène à dire d'ailleurs que «cela impose au peuple algérien de faire preuve d'une extrême vigilance, de s'unir avec son armée et de ne pas permettre aux instigateurs des plans pernicieux de s'infiltrer dans les rangs du peuple, quelles que soient les conditions et les circonstances ». La veille encore, Gaïd Salah affirmait également que des « enquêtes persévérantes et approfondies en cours » sont menées par les services pour « dévoiler tous ceux qui sont impliqués dans le complot contre l'Armée nationale populaire et l'Algérie ». De Biskra, Gaïd Salah a rendu, par ailleurs, hommage à la justice. « Il est certain, dira-t-il, que la solidarité du peuple algérien avec la justice, dans ce sens, est une autre garantie essentielle , lui permettant de poursuivre son rôle et d'accomplir son devoir national dans ce processus d'assainissement et qui mérite de notre part, aujourd'hui, toute la considération et l'estime pour les efforts persévérants dans le traitement de nombre important de dossiers de corruption accumulés. C'est là un message fort du peuple algérien de sa satisfaction quant à ce processus légal juste et équitable et son adhésion à la justesse de cette bonne voie ». A l'évidence, l'armée fait de cette lutte implacable contre la corruption un axe essentiel de sa feuille de route pour la gestion de la crise politique en cours. Une feuille de route clairement réitérée, lundi, par Gaïd Salah : rejet de toute espèce de transition en dehors de ce que prévoit la Constitution et, en l'espèce, l'organisation d'une élection présidentielle dans les meilleurs délais. K. A.