De Ouargla, le chef d'état-major de l'ANP a évoqué, hier, la lutte contre la corruption, une corruption qui, précise-t-il, s'appuie sur des réseaux politiques, financiers et médiatiques «ainsi que de nombreux lobbies infiltrés au sein des institutions du pays». Une déclaration qui souligne toute l'étendue du fléau qui a gangréné l'économie nationale jusqu'aux arcanes du pouvoir décisionnel. Gaïd Salah, à travers ce rappel, jette la lumière sur les interconnexions entre la politique et les affaires, estimant que la formule adoptée pour lutter contre la corruption est la bonne, s'appuyant «sur une base forte et solide» fondée sur des enquêtes fortes d'«informations précises et confirmées» à propos de nombreux dossiers qualifiés par lui de «lourds» et de «dangereux». Le déclenchement de ces enquêtes «aux preuves irréfutables» a «dérangé et terrifié la bande», ajoute Gaïd Salah qui affirme que la bande «s'est empressée d'essayer d'entraver les efforts de l'Armée nationale populaire et de l'appareil judiciaire». A ce propos, il appelle les Algériens à faire «preuve d'une extrême vigilance» et de faire corps «avec son Armée» pour interdire «aux instigateurs des plans pernicieux de s'infiltrer dans les rangs du peuple quelles que soient les conditions et les circonstances». Pour le vice-ministre de la Défense, la solidarité du peuple algérien avec la justice «est une autre garantie essentielle, lui permettant de poursuivre son rôle et d'accomplir son devoir national dans ce processus d'assainissement». En parallèle des orientations de Gaïd Salah, l'appareil judiciaire continue de traiter les affaires liées à la dilapidation des deniers publics et à la corruption avec la convocation de nombreux anciens hauts responsables politiques du pays. A ce titre, le dossier Ali Haddad qui risque de coûter très cher aux hommes forts du régime de Bouteflika puisque deux ex-Premiers ministres et cinq anciens ministres de la République sont appelés à comparaître devant la Cour suprême. Convoqués par le procureur du tribunal de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, Amara Benyounes, Amar Tou, Hocine Necib, Abdelghani Zaalane, et Karim Djoudi ont été informés jeudi dernier des griefs retenus contre eux et du transfert de leurs dossiers à la Cour suprême, rapportait le quotidien francophone El Watan dans son édition de lundi. Ils sont tous cités dans l'affaire liée aux marchés publics dont a bénéficié le patron de l'ETRHB et pour laquelle il a été inculpé jeudi dernier par le juge d'instruction près le même tribunal, ajoute la même source. Les anciens hauts responsables bénéficient du privilège de juridiction tel que prévu par l'article 573 du code de procédure pénale qui stipule que dans le cas où un membre du gouvernement est susceptible d'être inculpé d'un crime ou d'un délit commis dans l'exercice ou par l'exercice de ses fonctions, le procureur de la République saisi de l'affaire transmet le dossier par voie hiérarchique au procureur général près la Cour suprême, lequel désigne un membre de cette cour aux fins de mener l'instruction.