Qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il fasse chaud, la population de Annaba, inlassablement, poursuit sa marche pour l'avènement d'une deuxième république libre et démocratique où le peuple sera maître de son destin. Pour le 14e vendredi depuis le début du Hirak et le troisième intervenant en plein mois de ramadhan, les manifestants, même si leur nombre est en deçà des centaines de milliers sortis durant les autres vendredis, leurs revendications n'ont pas dévié d'un iota. Ils réclament toujours le départ des résidus du clan de l'ex-président Bouteflika qui, selon eux, ne sont toujours pas inquiétés. Désert dans la matinée, le cours de la révolution, principale place de la ville, a commencé à recevoir du monde à partir de 13 heures. Au fil des heures, le nombre augmentait. Emblèmes au vent ou sur les épaules, les protestataires maintenant leurs mots d'ordre «Silmiya silmiya» (mouvement pacifique), «FLN dégage, RND dégage». Ils refusent l'organisation des élections du 4 juillet prochain et le font savoir aux cris : «Makanch lintikhabat ya el 3issabat» (pas d'élections, bande de voleurs). «Goulou lessaraquin wallah mana habsine» (dites aux voleurs que nous n'arrêterons jamais notre mouvement). Certaines voix se sont élevées contre la position adoptée par le chef d'état-major de l'ANP : «Gaïd Salah dégage» ; «Djeich Echaâb khawa khawa, Gaïd Salah m3a el khawana» (l'armée et le peuple sont frères, Gaïd Salah soutien des traîtres). «Daoula madania la 3askaria» (Etat civil et non militaire). Devant le refus des animateurs du mouvement de laisser des barbus s'intégrer dans la marche, ces derniers ont formé un petit groupe à part. Les marcheurs ont effectué plusieurs boucles du cours de la révolution avant de se regrouper en nombre devant l'esplanade faisant face au théâtre Azzedine-Medjoubi pour reprendre en chœur leurs revendications. «Mohamed Djemaï, se dit contre les élections du 4 juillet ! Cette position n'est pas innocente, elle vise à reporter la date pour lui permettre de se porter candidat à la présidentielle. Il croit que le FLN, à la tête duquel il a été imposé, est encore fort et peut donc lui être utile pour cette prétention», explique un animateur du Hirak. Après plus de quatre heures de manifestations, la procession des marcheurs commençait à se disperser dans le calme, sous la surveillance discrète des forces de l'ordre. A. Bouacha