Un trophée pour rêver d'avenir: à un an de l'Euro-2020, le Portugal de Cristiano Ronaldo et le collectif des Pays-Bas s'affrontent en finale de Ligue des nations ce soir (19h45 pour inaugurer le palmarès de cette nouvelle compétition et chasser certains démons du passé. Au stade du Dragon de Porto (nord du Portugal), les champions d'Europe peuvent décrocher le deuxième trophée officiel de leur histoire, trois ans après l'Euro-2016 en France. Surtout, devant leur public, ils ont un traumatisme national à surmonter : celui de la finale de l'Euro-2004 à domicile perdue face à la Grèce (1-0) pour le premier grand tournoi du jeune Ronaldo. Quinze ans et cinq Ballons d'Or plus tard, les larmes de l'attaquant (34 ans) ont séché, mais sa soif de trophées reste inextinguible. «C'est ma troisième finale (internationale), oui. Et j'espère une deuxième victoire. Ce serait fantastique», a déclaré Ronaldo sur le site internet de l'UEFA. «Nous sommes positifs, nous jouons à la maison. J'espère que le stade sera formidable, qu'il y aura une bonne énergie (...). Tous ensemble, nous pouvons la gagner», a-t-il ajouté avant cette finale.
Nouvelle génération Malgré le temps qui passe, l'attaquant de la Juventus Turin reste un «génie du football», comme l'a déclaré le sélectionneur Fernando Santos après son triplé en demi-finale contre la Suisse (3-1). Pour autant, «CR7» ne peut pas tout faire tout seul et le Portugal espère que cette finale fera éclore sa prometteuse nouvelle génération: derrière l'excellent Bernardo Silva, les jeunes Bruno Fernandes ou Joao Felix doivent engranger de l'expérience pour arriver à maturité à l'Euro. L'équation est un peu similaire pour les Pays-Bas, la constante Ronaldo en moins : après avoir raté plusieurs compétitions internationales, les Néerlandais sont portés par une nouvelle génération, capable de l'emporter jeudi en demi-finale contre l'Angleterre (3-1 a.p.), quatrième du dernier Mondial. Derrière, il y a l'infranchissable capitaine et défenseur central Virgil van Dijk, vainqueur de la Ligue des champions avec Liverpool et candidat crédible au Ballon d'Or face à Ronaldo ou Lionel Messi. Il y a aussi la «classe biberon» de l'Ajax Amsterdam, qui a renversé en C1 le Real Madrid puis la Juventus de Ronaldo: l'épatant métronome Frenkie de Jong, le milieu Donny van de Beek ou l'élégant défenseur Matthijs de Ligt (19 ans), qui a montré sa force de caractère jeudi en concédant un penalty puis en marquant un but pour se racheter.
Blocage mental «Excellente équipe. Ils ont très bien joué» contre l'Angleterre, a apprécié Ronaldo. «Ils ont de grands joueurs — jeunes et plus expérimentés — ce qui rend leur équipe encore plus forte.» La sélection néerlandaise traîne néanmoins son passif dans les grandes compétitions : hormis un sacre à l'Euro-1988, les «Oranje» ont perdu trois finales de Coupe du monde, la dernière en 2010. Bref, un deuxième trophée officiel dimanche lèverait peut-être un blocage mental à un an de l'Euro, disputé dans 12 villes du continent, surtout que les Pays-Bas n'ont plus gagné en match de compétition contre le Portugal depuis 1992 ! Les Néerlandais ont néanmoins battu les Portugais 3-0 en amical en mars 2018 et affichent leurs ambitions dans cette Ligue des nations après avoir notamment terrassé la France championne du monde et l'Allemagne en poules : «On espère remporter le trophée», a lancé sans fard Frenkie de Jong. «Le Portugal joue à domicile mais nous avons nos chances», a jugé le milieu, récemment recruté par Barcelone. «Ce ne sera pas facile de stopper Ronaldo, il a montré de nombreuses fois qu'il était vraiment spécial mais nous avons une bonne ligne défensive pour tenter de l'arrêter.» La défense du Portugal, elle, sera privée ce soir de son patron Pepe, victime d'une fracture de l'omoplate contre la Suisse. Mais les Pays-Bas auront dans les jambes un jour de récupération en moins et une prolongation en plus, alors... Qui sera le premier champion de ce «petit» championnat d'Europe ?