A l'heure des scandales, le football africain se met sous la tutelle de la Fifa d'Infantino. Une semaine après sa garde à vue parisienne, le président malgache de la CAF, Ahmad Ahmad, demande les offices de l'instance faîtière du football mondial sous forme d'un audit qui sonne plutôt comme le début de la fin du successeur d'Issa Hayatou. Le prince de Garoua doit certainement rire sous cape, lui qui en mars 2017 quittait son trône de la CAF après 29 ans de règne. Son successeur à qui il n'a pas souhaité plein succès, le bonheur de gouverner le football africain, est dans la boue. Mercredi, juste à la veille de son intervention médiatique ante-CAN, il obtient un audit auprès de la Fifa pour «une expertise afin d'évaluer la situation actuelle au sein de la Confédération et de contribuer à l'accélération du processus de mise en œuvre des réformes en cours, destiné à assurer à la CAF un fonctionnement de manière transparente, efficace et selon les standards de gouvernance les plus élevés». Cette proposition faite par le président de la CAF a été approuvée à l'unanimité des membres du Comité exécutif. Le processus à mettre en place dans les plus brefs délais a été confié à la secrétaire générale de la CAF, la Sénégalaise Fatma Samoura, et ce, en parfaite entente entre la Fifa et la CAF. Mme Fatma Samoura a été désignée «Déléguée-générale de la Fifa pour l'Afrique» pour une période de 6 mois, à compter du 1er août 2019 jusqu'au 31 janvier 2020, renouvelable avec l'accord préalable des deux organisations. Elle sera assistée dans sa mission, d'un groupe d'experts qui travaillera en étroite collaboration avec le président de la CAF et de son équipe sur un certain nombre de thèmes, parmi lesquels «la supervision de la gestion opérationnelle de la CAF, y compris les procédures administratives et de gouvernance, l'organisation efficace et professionnelle de toutes les compétitions de la CAF et la croissance et le développement du football dans tous les pays et régions de la CAF. De gros thèmes que l'actuel patron de l'instance africaine avait promis de mettre en œuvre durant son premier mandat, mais que l'ancien ministre du Tourisme de Madagascar n'a pu concrétiser du fait qu'il a eu à gérer un «lourd passif», comme affirmé par ses soutiens. Pour ces derniers, Ahmad Ahmad gère une bombe à retardement que son prédécesseur a laissé entreposé dans les allées et alentours du siège de la CAF, au Caire. Dédouané par les siens, le dirigeant malgache est désormais l'ennemi de beaucoup de ses soutiens de mars 2017, lorsqu'il a écrasé la concurrence dressée par Issa Hayatou et ses lieutenants en devenant le 6e président de la plus haute institution du football en Afrique. Un continent soumis à nouveau au régime de protectorat pour une histoire de mauvaise gestion qui aurait engendré des faits de corruption bizarrement dénoncés par le rejeton de la mythique fratrie des Fahmy (Mourad et Mustapha ont longtemps été des commis de la CAF), Amr Fahmy fils de Moustapha et petit-fils de Mourad Fahmy. Une bombe lâchée au lendemain de son éviction du poste et qui a abouti à une enquête dans l'affaire dite Puma. Un dossier qui en cache bien d'autres dans cette citadelle qui a toujours fonctionné dans l'opacité et qui a servi des intérêts pas spécialement au bénéfice du football africain. Peut-être bien que l'actuel président de la CAF est innocent et qu'il cherche à travers ce régime de protectorat à disloquer les remparts laissés par Issa Hayatou à l'exemple du Congolais Constant Omari Selemani, du Guinéen Almamy Kabele Kamara, du Tunisien Tarek Bouchamaoui, de l'Egyptien Hani Abou Rida ou bien du nouveau seigneur de la Confédération, le Marocain Fawzi Lekdjaâ. Un personnel qui constituait la base-arrière du régime d'Issa Hayatou. Sinon que le Malgache est vraiment «coupable» et que le CE/CAF lui-même a exigé cette phase de transition pour permettre un fonctionnement maximal des structures de la Confédération et de ses compétitions qui font partie du calendrier international adopté par la Fifa. En tout état de cause, coup d'Etat scientifique, putsch ou maintien de l'ordre, Ahmad Ahmad passera une CAN-2019 sous haute tension en cas d'injustices arbitrales ou manque de sécurité durant le rendez-vous égyptien. Et là, la Fifa n'y pourra rien pour lui. M. B.