Les Forces de l'alternative démocratique ont pu arriver à s'entendre sur une feuille de route à même de consacrer le changement du régime auquel aspire le peuple algérien et qu'il ne cesse, par millions, depuis le 22 février dernier de réclamer. M. Kebci-Alger (Le Soir) - Consacrer un changement hors du système et pas dans le système conformément à ce que réclament pacifiquement des millions d'Algériens qui, chaque vendredi depuis le 22 février écoulé, battent le pavé dans l'ensemble des wilayas du pays, tel est le souci des forces démocratiques et progressistes qui, pour la première fois, se sont entendues comme pour ne pas être en marge de la formidable révolution tranquille qui les interpelle plus que tout autre camp politique. Ainsi, le RCD, le FFS, le PT, le PST, le MDS, le PLD, l'UCP, la Laddh et un conglomérat d'acteurs associatifs, syndicaux et autres personnalités nationales ont convenu, à l'issue de leur conclave de mercredi dernier, d'un pacte politique pour une véritable transition démocratique. Une démarche qui se distingue nettement des autres initiatives lancées par-ci et par-là, notamment celle des forces du changement qui plaident pour un retour, le plus vite possible, au processus électoral. « Nous, partis politiques, personnalités et représentants de la société civile qui militent pour la souveraineté populaire et l'alternative démocratique, réunis le 26 juin 2019 à Alger, saluons la mobilisation et la détermination du peuple algérien, plus que jamais décidé à imposer pacifiquement un changement radical du système autoritaire», estiment les partisans d'une rupture avec le système en place, insistant sur la «nécessité de préserver le caractère pacifique, unitaire et national du mouvement populaire dans le but d'instaurer un processus constituant souverain qui prend en compte les aspirations démocratiques et sociales de l'immense majorité du peuple». Ce pourquoi ils considèrent que l'organisation d'une élection présidentielle dans le cadre du système actuel «ne servira qu'à sa régénération». Pour eux, le caractère «pacifique et unitaire des manifestations est l'expression de la maturité politique des populations, c'est également la cristallisation des luttes contre un système liberticide et antisocial qui persiste dans le déni du droit et de la démocratie et qui a dévoyé les aspirations du peuple algérien depuis l'indépendance du pays». Une formidable démonstration des forces populaires face à laquelle le pouvoir «multiplie les manœuvres dans l'unique espoir de mettre en échec cette déferlante citoyenne et d'empêcher toute alternative politique crédible pour un changement démocratique radical», jugent encore les signataires qui estiment que «le pouvoir réel est assumé et exercé entièrement par l'état-major de l'armée». Elles en veulent pour «preuves supplémentaires, «l'interdiction de l'emblème amazigh dans les manifestations publiques et la judiciarisation de l'action politique qui ne sont que des dérives qui visent à semer la division, la peur et la confusion». Et parce que la majorité du peuple algérien s'est exprimée en «faveur d'un changement du système pour instaurer un Etat de droit démocratique et social», les Forces de l'alternative démocratique considèrent «qu'aucune négociation et aucune transition démocratique ne sont possibles sans la libération immédiate de tous les détenus politiques et d'opinion, la libération du champ politique et médiatique, l'arrêt immédiat des harcèlements judiciaires et des menaces contre les citoyens, les militants des partis politiques et de leurs organisations, du mouvement associatif, des syndicalistes, des militants de droits de l'Homme, des journaliste et l'arrêt immédiat du bradage des richesses nationales et la récupération des biens spoliés». Ce qui ne saurait se réaliser sans, estiment-elles encore, «l'organisation d'une période de transition qui réunit les moyens politiques pour l'expression d'une véritable souveraineté du peuple et l'édification d'un Etat de droit démocratique basé sur l'indépendance de la justice, la séparation et l'équilibre des pouvoirs, la non-utilisation de la religion et du patrimoine et des symboles de la Nation à des fins politiques, l'égalité en droits entre les hommes et les femmes, la non-utilisation de la violence pour la conquête et l'exercice du pouvoir, le droit d'association et le droit d'organisation syndicale soumis au seul régime déclaratif, le droit de réunion, d'organisation et de manifestation, la garantie par l'Etat des droits sociaux et économiques fondamentaux des citoyens, la consécration des libertés individuelles et collectives, syndicales et le droit de grève, la souveraineté populaire sur les richesses naturelles de la Nation, la consécration du rôle de l'Etat dans la conduite du développement national et la lutte contre les inégalités socio-économiques et la pauvreté, le respect de tous les pluralismes». Ce pacte, qui fera certainement date, ne pourrait avoir de suite concrète sans l'établissement du rapport de force nécessaire, ce qui passe impérativement par des passerelles avec la rue pour une vulgarisation de ce document qui se veut une traduction politique les mots d'ordre du mouvement populaire en cours. M. K.