La wilaya de Aïn Defla compte un patrimoine forestier estimé à 132 000 ha, réparti en 3 zones parallèles. Une zone nord, avec la chaîne du Dahra dont les monts du Zaccar, une zone sud, celle des piémonts de la chaîne de l'Ouarsenis, en plus d'une zone centrale, sur les rives du Chelif qui coule de l'est à l'ouest pour se jeter dans la Méditerranée, à Mostaganem. La wilaya de Aïn Defla connaît aussi un climat continental, très chaud l'été, avec des vents brûlants qui remontent du sud, parfois chargés de sable fin qui assèchent principalement le tissu végétal; broussailles et arbustes qui poussent durant la saison pluvieuse. Ces caractéristiques spécifiques font que la wilaya de Aïn Defla est victime, durant la saison estivale, d'incendies ravageurs parfois. Si, durant l'année 2018-2019, il n'a été enregistré que 24 incendies qui ont ravagé 105 ha, tous types de végétation confondus, cette année, en revanche, le bilan est lourd. En effet, du 1 er juin au 12 juillet, la Direction des forêts a enregistré 28 incendies dont 2 de grande ampleur, l'un sur les hauteurs de Sidi M'djahed, commune de Ben Allal, qui a ravagé quelque 300 ha du versant ouest du Zaccar, et le second qui s'est déclaré au sommet du Zaccar, à 1 400 m de hauteur, au lieudit Aïn N'sour, et touché cette fois le versant ouest et débordé sur le territoire de la commune de Aïn Torki et qui a ravagé, là aussi, plus de 300 ha, les 26 autres incendies n'ayant touché que de petites superficies. Le bilan est néanmoins lourd puisque sont partis en fumée 35 ha de pins d'Alep, chênes verts et chênes liège, 239 ha de maquis, et 596 ha de broussaille, soit une superficie totale de 910 ha ravagée en 45 jours. On indique qu'il a fallu 5 jours pour maîtriser les deux incendies car le feu s'est propagé très vite du sommet vers la vallée du mont Zaccar, zones difficilement accessibles et accidentées de forêt dense, qui, plus est, les feux sont alimentés par les vents. Selon certaines sources, des 48 wilayas du pays, c'est la wilaya de Aïn Defla qui a été le plus touchée. Quelles sont les origines de ces incendies ? Selon la Direction de la Conservation des forêts, quelque 50% des départs de feux ont eu pour cause les feux de récolte qui se sont propagés aux feux de forêt. Il y a aussi lieu de citer, toujours selon la même source, l'absence de tournières qui n'ont pas été réalisées par les producteurs de céréales, le désherbage qui n'a pas été effectué et surtout cette année exceptionnellement, de fortes chaleurs ont sévi sur la région, chaleurs qu'on n'a pas connues depuis 1962, selon les statistiques. Dans tous les cas d'incendies, des plaintes contre X ont été déposées au niveau de la Gendarmerie nationale et des enquêtes ont été ouvertes. Cependant, de fortes soupçons ont pesé sur certains cas d'incendies criminels qui restent à prouver. Concernant les départs de feux de forêt, on a souvent pointé du doigt les charbonniers ce, qui ne s'avère pas toujours exact car ce sont des producteurs de charbon expérimentés, des riverains de la forêt qui connaissent les dangers et qui, très souvent, sont les premiers à donner l'alerte. Aussi, la Direction de la Conservation forestière mène une campagne de sensibilisation plus accrue pour les aider à mieux s'organiser et se structurer administrativement, et qu'ils n'aient plus à produire du charbon dans la clandestinité ni à dégarnir le patrimoine mais en utilisant uniquement le bois mort. A cet effet, et pour déterminer les causes objectives des incendies, des cadres de la gendarmerie, de la Conservation forestière et de la Protection civile ont entamé un cycle de formation spécialisée, une formation financée par l'ambassade du Japon à Alger, encadrée par des experts français. Ces cadres, une fois formés, assureront, à leur tour, des cycles de formation pour d'autres cadres et agents. « Connaître avec précision les causes des départs de feux permettra, sans aucun doute, de diminuer les risques mais aussi d'apporter les remèdes pour diminuer au maximum ces départs de feu», indique le directeur de la Conservation forestière, M. Djamel. Dans le souci de mobiliser des forces de lutte contre les incendies de grande ampleur, le service des forêts fait appel à la colonne mobile du secteur implantée à Médéa, soit à quelque 90 km à l'est de Aïn Defla, ce qui rend la mobilité de cette colonne lente et difficilement mobilisable sur le front des incendies. Lors de la visite récente du directeur général de la Conservation forestière à Aïn Defla, il a été annoncé un projet de création d'une colonne mobile à Aïn Defla même verra le jour l'année prochaine. Une colonne mobile qui viendra s'ajouter à celle de la Protection civile qui, elle, est déjà opérationnelle depuis quelques années. Karim O.