La CAN-2019 remportée par les Verts n'aura pas été seulement une bénédiction pour le football algérien. Moins d'une semaine après le sacre des hommes de Belmadi, une crise couve au sein de l'instance fédérale et pourrait, le scénario s'y apprête en tout cas, à emporter tout l'édifice en reconstruction depuis 2017. Kheïreddine Zetchi a reçu mardi la reconnaissance des personnels technique, médical et administratif de la FAF. Une cérémonie de «consolation» pour le patron de la FAF, complètement méprisé lors de l'accueil officiel réservé aux héros d'Egypte-2019 organisé samedi dernier au palais du peuple. Alors que tous les acteurs de l'extraordinaire exploit ont été priés par le protocole de la présidence de venir récupérer leur récompense, l'ordre de mérite Aâhid pour Belmadi et l'ordre de mérite Aâchir pour les joueurs et les autres membres des staffs de la sélection, le président de la FAF, Kheïreddine Zetchi est demeuré «isolé» au fond de la salle. Sans préjuger des faits reprochés à Kheireddine Zetchi, nos confrères d'El Watan ayant rapporté le scénario le plus proche de la réalité des relations entretenues par les services de la présidence de la République et ceux de la FAF depuis la qualification des Verts en demi-finale de cette Coupe d'Afrique, il est à se demander si cette «guéguerre» cache un malaise plus profond. Zetchi paierait, en ce sens, ses accointances avec le système dirigé par Saïd Bouteflika, celui-là même qui avait, d'ailleurs, «configuré» toutes les institutions du pays. Si Zetchi a failli à ses obligations protocolaires envers le chef de l'Etat, sa « punition » est d'abord une gifle pour l'Algérie. Et le départ annoncé, de plein gré ou sous le poids des pressions, de Zetchi de la présidence de la FAF ne résoudrait point la situation du football. Ni sur un plan domestique encore moins à l'international. Localement, les éternels «loups» reviendront à la charge pour se ré-incruster dans le circuit du football pour en imposer leur «projet». Sur le front extérieur, l'instance internationale verrait d'un mauvais œil une «sortie de route» dans la gouvernance du football autrement que par le personnel élu en mars 2017. Kheïreddine Zetchi, critiqué par ses plus fidèles soutiens qui lui reprochaient un «entourage incompétent et à problèmes», et interpellé par ses proches qui l'ont supplié de ne pas salir davantage le nom de la famille à cause du football, n'a pas compris la réaction des services de la présidence mais a saisi au vol les intentions d'OPA d'une œuvre grandiose obtenue par un groupe dans lequel lui et certains de ses collaborateurs tiennent un rôle majeur. Si bien que, pudique qu'il est, le propriétaire du Paradou AC se refusait le long du déroulement de la phase finale de la CAN à l'idée de montrer ses «muscles» ou gesticuler quand Feghouli et ses équipiers «fracassaient» leurs concurrents. La dernière tentation… Invité à s'exprimer sur le sujet, le ministre de la jeunesse et des sports a commis une autre maladresse en assurant que la cérémonie protocolaire ne pouvait concerner tout le monde et que «seuls les joueurs et les membres du staff technique étaient concernés sinon on devrait honorer tous les membres du bureau fédéral qui sont également élus», a souligné Salim Raouf Bernaoui. Certainement que la présidence ne pouvait honorer tout ce beau monde, mais M. Bernaoui omet de dire qu'un président de la fédération n'est pas «tout le monde» mais juste le maître de l'ouvrage. Pour moins que ça, l'ex-président de la FA d'escrime avait crié au scandale en affichant sa déception quand les pouvoirs publics ne l'accompagnaient pas assez dans la concrétisation de ses programmes. Hier, le président de la FAF et son entourage étaient injoignables. Si bien que les rumeurs ont fait les choux gras des réseaux sociaux. Les informations contradictoires sur le report de la réunion du Bureau fédéral initialement programmée pour ce jeudi à la semaine prochaine ne laissent aucun doute sur la tentative des pouvoirs publics à trouver une solution pour réparer l'incident protocolaire de samedi passé qui peut engendrer de graves dérives et des dysfonctionnements que le football national se serait fait l'économie. Sur un plan structurel d'abord. Les textes actuels de la fédération qui offraient pleins pouvoirs aux «gouvernants du moment» doivent à tout prix changer et une refondation des systèmes de compétitions, suivant une cartographie bien établie et équitable, permettront un meilleur essor à la pratique du football. Ensuite, dans un registre lié aux échéances à venir de nos différentes sélections (U23 et sélection féminine en particulier) concernées par les qualifications aux olympiades de Tokyo. Cet objectif recherché par Zetchi et ses proches collaborateurs ne convient, à ne pas en douter, à ses détracteurs, et ils sont nombreux, qui continuent de graviter dans les cercles décisionnels. Zetchi, poussé à la sortie par certains cercles mais soutenu par une partie du pouvoir en place, a encore jusqu'à la prochaine réunion du BF/FAF, mardi prochain, pour se prononcer quant à son avenir à la présidence de la fédération. Sa décision dépendra de ces «influences croisées», mais aussi des conseils et remontrances de ses proches. Et ceux qui connaissent Kheïreddine Zetchi, la décision de ce dernier «n'est pas difficile à imaginer»… M. B.