Hormis quelques déplacements à l'étranger, le Premier ministre se fait de plus en plus discret. Cible de la rue depuis le début du mouvement populaire, Bedoui a réduit ses activités publiques aux seuls conseils interministériels. Sa discrétion est compensée par l'hyperactivité du ministre de l'Intérieur. Salah-Eddine Dahmoune est sur tous les fronts, se prononçant aussi bien sur son propre secteur que celui de la santé ou du travail, à la manière d'un chef de gouvernement. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Bien avant la période des vacances, le gouvernement était déjà entré dans une phase d'hibernation forcée. Rejetés par une rue qui réclame leur départ, la quasi-totalité des ministres ont vu leurs apparitions publiques se retreindre à de simples activités protocolaires. Le Premier ministre, cristallisant la colère de la rue autour de sa personne, a adopté le même comportement. Depuis sa sortie médiatique remontant au 14 mars, date à laquelle il animait une conférence de presse en compagnie de Ramtane Lamamra, les apparitions publiques du Premier ministre se comptent sur les doigts d'une main. Noureddine Bedoui est plus visible à l'extérieur, où il remplit les missions qui lui sont dévolues, notamment dans les rencontres internationales. La dernière en date remonte à ce jeudi où il participait, en sa qualité de représentant du chef de l'Etat, à la cérémonie d'investiture du nouveau Président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani. Au plan interne, c'est par le biais de communiqués que Bedoui fait la promotion de l'action de son gouvernement. Le 14 juillet dernier, il présidait un conseil interministériel élargi consacré à l'examen des préparatifs de la prochaine rentrée sociale, mettant l'accent sur «l'importance de ce rendez-vous et la nécessaire mobilisation de tous pour sa réussite, notamment dans la conjoncture que traverse notre pays et qui exige la multiplication et la conjugaison des efforts, en particulier ce qui a trait à la rentrée scolaire qui constitue la première priorité durant l'étape actuelle, soulignant la nécessité de lever toutes les entraves et de prendre en charge les insuffisances à temps». Le lendemain, c'est toujours par le biais d'un communiqué que l'opinion publique apprenait le limogeage du directeur général de l'Office national du tourisme. Sur le terrain, c'est le ministre de l'Intérieur, qui n'est autre que l'ancien secrétaire général de Bedoui, à l'époque où il était à la tête de ce département ministériel, qui est le plus visible. C'est le membre du gouvernement le plus actif du moment. Il se livre à une véritable tournée des wilayas à la manière d'un chef de gouvernement, s'exprimant non pas uniquement sur les sujets qui intéressent son département ministériel mais également sur la gestion d'autres secteurs à l'instar de celui de la santé, de l'éducation ou du chômage. Pas plus tard que samedi, Dahmoune était à Ghardaïa. En procédant à l'inspection d'un pôle universitaire, il a mis l'accent sur la nécessité d'adapter les cursus universitaires aux besoins du marché pour éviter le chômage des élites. Il s'est également exprimé sur la nécessité de favoriser la recherche appliquée. Le scénario se répète à chacune de ses sorties sur le terrain. Salah-Eddine Dahmoune, qui a pris ses fonctions le 2 avril dernier, donne ainsi l'impression de vouloir compenser un retrait quasi forcé d'un Premier ministre installé contre la volonté populaire. N. I.