Il ne fait pas bon sortir pour les ministres du gouvernement Bedoui. Nommés pour gérer les affaires courantes, il semblerait qu'ils ne sont même pas en mesure de s'acquitter de cette tâche. Hier, le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, en visite de travail dans la wilaya de Tébessa, a été empêché de sortir de l'aéroport Cheikh-Larbi-Tébessi. Le ministre, ainsi que la délégation qui l'accompagnait ont été encerclés dès leur arrivée. Ce qui a obligé le ministre à annuler sa visite dans cette wilaya. Le ministre de l'Energie n'est pas le seul à avoir subi la foudre des citoyens. Toujours hier, la délégation ministérielle conduite par le ministre de l'Intérieur, Salah-Eddine Dahmoune, et qui comprenait le ministre des Ressources en eau, Ali Hamam, et celui de l'habitat, Kamal Beldjoud, a été contrainte d'écourter sa visite dans la wilaya de Béchar entamée depuis samedi matin et qui devait se poursuivre hier, dimanche. L'important dispositif sécuritaire déployé depuis samedi matin et les chargés des forces anti-émeutes, qui ont utilisé les canons à eau, n'ont pas eu raison de la forte mobilisation des citoyens de Béchar. La délégation ministérielle a été littéralement chassée par les manifestants qui ont coupé la route. Les populations rejettent complètement les ministres du gouvernement Bédoui, contesté par le peuple depuis sa nomination, le 11 mars dernier, par le président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika. Le premier des ministres du gouvernement Bedoui à avoir fait les frais de la contestation populaire a été celui des Travaux publics et des Transports, Mustapha Kouraba, qui a dû annuler sa visite d'inspection au chantier de creusement d'un tunnel reliant les stations d'Aïn Naâdja à Baraki (Alger) pour cause de rassemblement de dizaines de manifestants devant le chantier, afin d'exprimer leur rejet du gouvernement actuel. De son côté, le nouveau ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, vient d'être boycotté par les syndicats du secteur qui étaient invités pour préparer l'épreuve du baccalauréat. Ces revers cuisants subis par les ministres du gouvernement Bedoui montrent bien qu'il sera quasi impossible pour ces ministres de continuer à gérer même les affaires courantes. Alors qu'habituellement, les représentants du gouvernement étaient toujours bien accueillis par les populations, faisant ainsi de ces sorties leur principale activité, les ministres du gouvernement Bedoui constatent à leur grand dam que, cette fois, la donne a changé. Ces derniers se retrouvent privés de leur outil majeur de marketing politique. L'échec du gouvernement Bedoui et de ses ministres est, pour ainsi dire, acté. Il devient de plus en plus évident qu'aucun ministre ne pourra aller à la rencontre de la population sans créer l'émeute. Cette équipe gouvernementale, à laquelle est confiée la promotion de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, s'engage dans une aventure à la fois hasardeuse et périlleuse. Le maintien de Bedoui et de ses ministres ainsi que celui d'Abdelkader Bensalah comme chef de l'Etat par intérim, sont synonymes d'impasse pour la transition.