Partie de quelques hectares localisés au piémont de Bordj-Menaïel et dans la plaine du bas Sebaou dans l'axe Baghlia Sidi-Daoud, en moins de 20 ans, grâce à quelques pionniers dans la filière qui se sont investis dans la recherche de la variété et la qualité, la wilaya de Boumerdès occupe la tête au niveau national en matière de production de raisin de table. Elle détient, selon Ali Merabet, président de la Chambre agricole, entre 45 et 50% de cette production. Pour cette année, et selon le président de la Chambre agricole, la wilaya mettra sur le marché national autour de 2,5 millions de quintaux comprenant 7 grandes variétés. De son côté, Youcef Oumellal, le président de l'association des vignerons, récuse cet optimisme même s'il ne dit pas que la saison sera mauvaise. «Celui qui lance ces prévisions n'a pas visité les champs», nous dira avant de rappeler que les aléas climatiques ont causé des pertes. Effectivement le président de la Chambre nous avait dit, auparavant, le sirocco qui a durement sévi il y a quelques semaines à Bordj-Menaïel, Laâziv, Sidi-Daoud et Si-Mustapha, avait causé d'importantes chutes de pieds de vigne. «Le recensement des dégâts est en cours», précisera-t-il et d'ajouter : «Par ailleurs, la chaleur qui a atteint 43 degrès en juin a causé environ 10% de pertes. Fort heureusement, notre wilaya a été épargnée par le mildiou.» De son côté, Oumellal pense que certains fellahs, surtout ceux qui cultivent le Sabel irrigué, ont mis du retard pour irriguer leurs vignobles. « Ce retard et la chaleur qui s'en était suivie ont porté préjudice à la production.» Quand l'innovation permet d'atteindre les sommets de la production Les vignerons de la wilaya de Boumerdès cultivent, selon Merabet, sept grandes variétés de raisin de table sur une superficie estimée à 12 000 hectares. Le Sabel cultivé en pergola irrigué fournit environ 60% de la production. C'est au début de l'année 2 000 que cette variété a été fortement reprise par quelques fellahs de Baghlia-Sidi-Daoud. Le pergola est un système de production (aârich mais pas traditionnel) introduit en Algérie par Youcef Oumellal qui l'a ramené d'Italie. 600 quintaux à l'hectare, c'est le record atteint par certains petits fellahs de l'est de la wilaya qui utilisent ce système. Habituellement, le rendement en pergola se situe entre 200 et 300 q l'hectare. C'est aussi Oumellal qui a planté, en irrigué, le RedGlob pour la première fois en Algérie et qui l'a essaimé à partir de 2004 dans d'autres localités de Boumerdès et par la suite à travers le pays. Les variétés historiques de la région sont le dattier, le muskat d'Algérie et le gros noir en voie de disparition pour son faible rendement. Notre interlocuteur précisera que les fellahs de Boumerdès plantent également le dattier classique (70-80 q-ha), le Victoria classique (50 q-ha) et le Victoria en pergola (100 q-ha). Dans quelques années, le RedGlob supplantera sans aucun doute le Sabel et les autres variétés surtout si les portes de l'exportation s'ouvrent. Encore une fois, c'est Oumellal qui a tenté avec succès le stockage de ce raisin. Pour ce faire, il a utilisé des bacs spéciaux dans une chambre froide. Résultat, le RedGlob a résisté pendant 6 mois. Donc, ce raisin résiste au voyage. Oumellal a exposé son raisin en Tunisie et a établi des contacts des importateurs en France. Ce qui lui fait dire en parlant du RedGlob. « En matière de qualité, de calibrage et de goût, nous n'avons rien à envier aux Européens, seulement leur législation est intransigeante en matière d'utilisation des pesticides.» L'utilisation sans contrôle a posteriori des pesticides En clair, Oumellal comme Merabet ne démentent pas le fait de l'utilisation, sans contrôle, a posteriori par les pouvoirs publics, des pesticides dangereux pour les consommateurs. Si cela se fait dans la wilaya de Boumerdès, les autres régions du pays sont sûrement touchées. «Certains fellahs utilisent un produit contre le pourrissement de la grappe de toutes les variétés de raisin. Ce produit est dangereux pour l'être humain. Il faut attendre 21 jours à partir du jour de l'épandage pour que les effets négatifs de ce pesticide soient neutralisés de manière naturelle. Par ailleurs, comme les fellahs vendent leurs récoltes sur pied, certains avertissent systématiquement les acquéreurs qui sont des grossistes sur l'utilisation de ce produit. Malheureusement, les grossistes ne s'embarrassent pas de ces inquiétudes. Ce qui les intéresse, c'est la fluctuation du marché. Dès qu'il y a une augmentation de la demande, ils récoltent même si cela ne fait que deux jours que ce pesticide a été appliqué. Il y a aussi l'ignorance, le manque d'information et le défaut de sensibilisation chez les fellahs», nous confie une source qualifiée qui a préféré garder l'anonymat. Abachi L.