L'armée est déterminée à organiser l'élection présidentielle et dans les meilleurs délais. Les affirmations du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, à ce propos, sont, de plus en plus, à la fois précises et insistantes. A n'en plus douter, en effet, le processus est bel et bien lancé, comme le laisse, du reste entendre, le dernier discours du vice-ministre de la Défense nationale. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - A partir de Blida, en 1re Région militaire où il était en visite, jeudi dernier, le chef d'état-major n'y est pas allé par trente-six chemins, en effet, pour affirmer : «Nous soulignons que l'Armée nationale populaire, qui a accompagné, depuis le début, les revendications du peuple algérien, exprimées à travers les marches pacifiques, considère aujourd'hui, en compagnie de vaillants fils de la patrie, que les revendications fondamentales ont été entièrement réalisées et ne reste plus que l'étape de l'élection présidentielle et la prise des mesures y afférentes qui sont nécessaires à leur réussite.» Le patron de l'ANP abordera, sur cette question de la présidentielle, certains détails comme le dialogue, le panel, ou l'instance d'organisation. Il dira, à cet effet, que «nous avons souligné, depuis le début de la crise, la nécessité d'adopter la voie du dialogue, qui constitue la meilleure issue pour converger les points de vue et mener le pays vers un havre de paix, pourvu que ce dialogue soit mené dans un climat empreint de bonnes intentions, de sincérité et d'honnêteté, conduit par des personnalités nationales sincères, crédibles et compétentes, qui croient réellement en le dialogue et œuvrent à le faire réussir, n'attendant aucune récompense ou remerciement, mettant en avant l'intérêt suprême de la patrie, et se démarquant des préalables qui entravent le processus de dialogue, car nous avons foi dans le dialogue sérieux aux objectifs bien définis, nous le saluons et le soutenons. Un dialogue constructif à même d'offrir les solutions appropriées et de créer les conditions idoines pour se diriger vers la présidentielle. Une présidentielle qui passe impérativement par l'installation de l'instance nationale indépendante pour la préparation, l'organisation et la surveillance de l'élection présidentielle comme extrême priorité dans le processus du dialogue national». C'est on ne peut plus clair, en effet ! Le nouvel homme fort du pays ne manquera pas, à l'occasion, de rendre hommage au panel dirigé par l'ancien président de l'Assemblée, Karim Younès. «En cette occasion, dira-t-il, nous valorisons, au sein de l'ANP, les efforts de l'Instance nationale de médiation et de dialogue dans sa noble mission et encourageons ses initiatives visant à accélérer la tenue des phases du dialogue et la prise de toutes les mesures menant à la concrétisation de l'objectif escompté», en l'occurrence, la tenue de la présidentielle. «Nous détenons des informations confirmées sur ces plans hostiles » Cette détermination à l'organisation, au plus vite, de l'élection présidentielle n'est pas qu'une simple option. Gaïd Salah fera une lourde révélation, dans son discours de jeudi dernier. Après avoir réaffirmé n'avoir aucune ambition politique personnelle, le patron de l'ANP affirmera que «notre pays, aujourd'hui, se trouve, et nous en remercions Allah, entre de bonnes mains, celles de cadres engagés qui veillent sur sa sécurité, et dont l'unique préoccupation est de veiller sur la fierté et la gloire de la patrie, et ils ont tout le mérite pour cela car l'Algérie, stable et sécurisée, dérange certaines parties qui ne veulent pas du bien pour notre pays, ce qui en fait la proie des avides et des aventuriers qui tentent, vainement, d'entraver son parcours de développement». Il ajoutera cette précision lourde de sens : «Nous, en tant que Haut Commandement de l'Armée nationale populaire, nous avons en notre possession des informations confirmées sur ces plans hostiles, dont nous avons mis en garde auparavant contre leurs dangers et menaces, qui mettent à profit la situation actuelle que traverse notre pays pour tenter d'imposer leur agenda et impacter sur le cours des événements.» Le chef d'état-major ajoutera que «c'est pour cela que nous insistons à chaque fois sur la nécessité de rester attachés au cadre constitutionnel (…) considérant que c'est la garantie fondamentale, voire l'unique garantie pour préserver l'Etat et ses institutions ainsi que pour éviter de tomber dans l'écueil du vide constitutionnel et de glisser vers des conséquences désastreuses.» Sur ce même chapitre, Gaïd Salah fera également remarquer que «certains groupes infimes ayant un lien avec la bande, s'acharnent à rejeter toutes les initiatives présentées et tous les résultats obtenus, en scandant des slogans tendancieux et lançant des appels douteux, dont le but est de minimiser l'importance de ce qui a été réalisé et de s'accrocher à des revendications irraisonnables et obsolètes». Considérant, visiblement, que ces mêmes parties sont surmédiatisées, Gaïd Salah lancera cet appel : «Nous appelons les différents médias nationaux à ne pas succomber aux tromperies des ennemis de la Nation, mais de contribuer, de manière constructive, efficace et positive, dans ce noble processus national décisif pour la vie de la Nation et de ne pas céder aux desseins douteux.» «Rouvrir tous les dossiers lourds de corruption» Invariablement, le patron de l'armée revient également, dans son discours de jeudi, sur la grande opération de lutte contre la corruption. «Nous nous sommes engagés, dans l'Armée nationale populaire, partant de nos missions constitutionnelles et nos prérogatives, à l'accompagner (la justice, ndlr), la soutenir et l'encourager , ainsi qu'à lui fournir toutes les garanties et l'assister pour s'acquitter de ses missions dans les meilleures conditions, loin de toute forme de pression et rouvrir tous les dossiers lourds, y compris ceux qui étaient délibérément jetés aux oubliettes au fond des tiroirs. Des dossiers ayant trait à des crimes et de graves dérives commis par la bande contre le peuple, son argent et ses richesses. (…)». Gaïd Salah précisera, sur cette question aussi, que tout est fait, dans cette grande opération de lutte contre la corruption, sur la base de rapports et de renseignement précis. «Que chacun sache que lorsque nous évoquons ces affaires, nous en parlons sur la base d'informations et de dossiers fiables. Chaque mot que nous prononçons n'émane, en fait, que de vérités concrètes et avérées. Toute personne dont l'implication a été prouvée dans des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics, sera présentée devant la justice, qui s'occupera de la juger pour son crime envers la patrie et le peuple.» Ce disant, il s'engagera également : «Pour notre part, nous ne connaîtrons point de répit qu'après avoir assaini notre pays de ces saboteurs et les avoir extirpés de cette terre sacrée, pour laquelle des millions de chouhada se sont sacrifiés (…) Nous ne permettrons à personne de jouer avec le destin du pays et nous nous y opposerons avec toute la force et la rigueur.» Comme à chaque fois, le chef d'état-major réitérera le soutien de l'armée aux cadres et aux institutions en cette phase délicate que traverse le pays. «Nous soulignons que ces institutions continuent à exercer leurs missions jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République.» «En effet, poursuivra Gaïd Salah, ceux qui sont en charge de ces institutions sont des responsables qui s'acquittent convenablement de leurs missions. Ce n'est ni de la complaisance, ni une altération des faits, mais cela découle de notre suivi quotidien de la performance de ces institutions». Autrement dit, l'armée veille au grain ! K. A.