Alors que les directions respectives du FFS et du RCD sont engagées dans une démarche politique commune pour imposer la transition démocratique comme issue à la crise que vit le pays, leurs élus à l'APW de Tizi Ouzou déterrent la hache de guerre, revisitant les vieilles querelles partisanes, et s'écharpent par déclarations interposées. Ce brusque retour aux hostilités entre les deux partis fait suite au blocage de la session de l'APW convoquée pour avant-hier, dimanche, en vue, entre autres points inscrits à l'ordre du jour, de l'adoption du budget supplémentaire pour l'exercice de l'année en cours. La session fut reportée à une date ultérieure, pour absence de quorum, suite à une action concertée entre le groupe des élus RCD et un groupe d'élus frondeurs du FFS qui disent refuser de s'inscrire dans le fonctionnement actuel de l'APW dont la majorité est détenue par le FFS en alliance avec le RND et le FLN. Une alliance qualifiée de contre-nature par le RCD qui reproche au FFS de s'allier avec «les partis de la issaba» (voir notre édition du lundi 26 août 2019, Ndlr). Il n'en fallait pas plus pour susciter l'ire du groupe d'élus FFS qui répliquèrent en des termes tout aussi virulents que ceux qui ont émaillé la déclaration du parti de Mohcine Bellabas. Une déclaration que les élus du plus vieux parti de l'opposition démocratique qualifient de « mensongère et insultante à l'égard de l'Assemblée et de son président». Au RCD, il est reproché de s'engager dans une action dans une logique de blocage et d'obstruction à l'action de l'APW. «Depuis l'installation de notre assemblée, les élus du RCD tentent désespérément de bloquer le fonctionnement de l'APW de Tizi-Ouzou en s'opposant à tous les projets de développement et en votant contre toutes les subventions qu'accorde l'APW au mouvement associatif, aux comités de villages et les aides octroyées aux communes. Cette démarche a atteint son paroxysme lorsque les élus de cette formation politique ont exigé le transfert de l'élaboration et de la répartition du budget de la wilaya à l'administration, alors qu'il s'agit d'un acquis aux mains des élus arraché grâce à de hautes luttes contre le pouvoir qui a tout fait pour déposséder les assemblées élues de leurs prérogatives. Nous tenons à attirer l'attention de nos concitoyens que depuis l'installation de notre assemblée, les élus du RCD n'ont pas voté des programmes et des opérations ayant un impact direct sur le développement économique et social de notre wilaya», explique le FFS qui revient sur «les programmes et les opérations que les élus du RCD n'ont pas votés». Et au FFS de lancer des piques aux élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie en ramenant le débat sur le registre politique. «Il est clair que ceux qui ont fait le lit de la dictature depuis les années 1990 ne sauront être au service du peuple aujourd'hui. El Issaba sont ceux qui ont été au service des ‘'janvieristes‘', participé au gouvernement de Bouteflika et cautionné tous les coups de force contre la volonté populaire et tentent aujourd'hui de s'improviser en opposition radicale pour une recomposition clanique au sein du système», répliquent les représentants à l'APW du parti fondé par HocineAït Ahmed qui promettent de «déjouer ces manœuvres et ces visées sournoises». Quant à ses six élus frondeurs qui ont fait cause commune avec ceux du RCD, lors de l'action de protestation organisée dimanche dernier, hors de l'hémicycle de l'APW, le FFS se contentera d'une réplique laconique en les désignant de «certains élus qui se disent du FFS». Il faut dire que la sortie d'hier de ces six élus n'est que le prolongement de la fronde qu'ils mènent depuis un certain temps, et qui était, jusque-là, circonscrite aux réseaux sociaux. Ce positionnement n'est que le reflet du débat contradictoire sur fond d'antagonismes et de guerres de factions que connaît le FFS et qui se sont traduits par une direction bicéphale, et qui s'exprime au grand jour en impliquant des élus d'une instance emblématique pour le parti, à savoir l'APW de Tizi Ouzou. S. A. M.