Convoquée pour hier, dimanche, et bien au-delà du délai réglementaire, suite à son ajournement intervenu dans le sillage du déclenchement du mouvement de contestation populaire du 22 février 2019, la session ordinaire de l'APW de Tizi Ouzou n'a finalement pas eu lieu, faute de quorum. Une première, pour cette assemblée dominée par une majorité constituée autour du FFS par le RND et le FLN. Une vingtaine d'élus seulement ont répondu présents, alors qu'il en fallait au moins vingt-quatre pour atteindre le quorum. Les absents se recrutaient même au sein du groupe FFS dont quelques-uns ont préféré déserter les travées de l'assemblée pour se joindre, à l'extérieur de l'hémicycle Rabah-Aïssat, à leurs collègues du RCD, afin d'animer la protestation contre la tenue de la session. Les protestataires entendaient faire de ce rassemblement un moment pour exprimer leur solidarité avec les jeunes manifestants incarcérés pour port du drapeau amazigh, de Lakhdar Bouregaâ et de tous les prisonniers d'opinion. Brandissant les portraits à l'effigie de ces derniers, les élus ont, encore une fois, réclamé leur libération. «Il est immoral de tenir une session dans de telles circonstances», clame une élue du FFS, dénonçant le caractère « arbitraire » de la détention de tous ces militants. «Nous ne pouvons cautionner la tenue d'une session en dehors du calendrier légal et conforme au code de wilaya», poursuivra l'élue qui fustige l'administration «garante du respect de la loi» d'avoir «cautionné une telle entorse à la réglementation.» S'exprimant sur l'opportunité de la convocation de la session de l'APW pour adopter le budget supplémentaire pour l'année en cours, elle considère qu'il convient d'abord de faire le bilan de la consommation des budgets qui ont été affectés (…) On est des élus, on refuse de jouer le rôle de faire-valoir, d'être convoqués juste pour voter », tempête l'élue frondeuse du FFS, déclarant «ne pas s'inscrire dans le fonctionnement actuel de l'assemblée.» La convocation de la session de l'APW en pleines vacances estivales et en dehors du calendrier codifié par la loi sur les assemblées locales est fustigée en des termes virulents par le RCD qui parle d'une session convoquée par «le président de l'APW et ses alliés du FLN et du RND qualifiés de «partis de la issaba». «L'ordre du jour bricolé pour la circonstance cache mal la seule volonté du P/APW et des alliés des partis de la issaba de la répartition de la rente. Même le budget de la restauration ont été augmentés de 4 millions de DA, dans le projet du BS proposé au vote», écrit le RCD pour qui l'inscription à l'ordre du jour de la session d'un point relatif aux feux de forêt connus par «notre» wilaya n'est qu'un «alibi» qui témoigne de «l'imprévoyance et de l'incompétence» de l'exécutif de l'APW, chargeant le P/APW et ses alliés du FLN et du RND. Sur un autre plan, le RCD considère inopportune la convocation de la session de l'APW dans un contexte politique caractérisé par la répression et l'incarcération de manifestants et militants politiques. «Il est politiquement et moralement inacceptable de nous réunir comme si de rien n'était pendant qu'une élue de l'APW croupit en prison pour avoir brandi l'emblème de notre identité. (…) Nous condamnons, encore une fois, ces arrestations arbitraires et exigeons la libération de tous les détenus d'opinion injustement incarcérés par une justice aux ordres», dit encore la déclaration du RCD. Signalons, enfin, qu'après avoir constaté l'absence du quorum, le représentant du FFS qui a présidé la séance d'ouverture, en l'absence du P/APW et du wali, tous les deux partis en congé, déclarera l'ajournement de la session qui doit être convoquée dans un délai de huit jours. S. A. M.