C'est un Parlement totalement reconfiguré qui reprendra du service mardi prochain. Les députés et les sénateurs devront s'inscrire dans un environnement politique marqué par l'accélération du processus d'organisation de l'élection présidentielle décidée par l'état-major de l'armée. Un contexte particulièrement difficile pour les formations de « l'ex-majorité présidentielle », notamment à l'APN qui est désormais présidée par un député issu d'un micro-parti. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Les vacances sont finies ! Les députés et les sénateurs, qui ont pu souffler durant sept semaines, doivent regagner leurs hémicycles respectifs et faire face à la nouvelle donne politique. La journée de mardi débutera par la double cérémonie d'ouverture de session et ses traditionnels discours officiels. Des discours qui seront nécessairement dans l'air du temps puisque Salah Goudjil et Slimane Chenine ne manqueront pas de vanter le dialogue et d'appeler à aller, sans délai, vers l'organisation d'une élection présidentielle. En fait, ce processus doit passer par les deux Chambres du Parlement puisque la « transparence » du scrutin devra être assurée par l'adoption d'un nouveau code électoral. Les députés et les sénateurs pourraient être appelés à réviser la loi organique relative à la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), ainsi que la loi relative aux partis politiques et au code de l'information. L'amendement de ces textes fait partie des engagements pris par les autorités et la commission de dialogue et de médiation. Le processus de dialogue prévoit que les dispositions à introduire dans les nouveaux textes soient validées lors d'une conférence nationale puis transmises au gouvernement qui les intégrera dans des avant-projets de loi qui seront, ensuite, présentés à adoption aux deux Chambres du Parlement. C'est un programme très chargé qui attend donc les parlementaires en cette fin d'année puisqu'ils devront également étudier, débattre et adopter la loi de finances pour 2020. Ils devront également adopter la loi de règlement budgétaire de l'année 2017. Aussi, l'exécutif mené par Noureddine Bedoui, se comportant comme un gouvernement de pleins pouvoirs et non pas comme un gouvernement d'affaires courantes, la logique voudrait qu'il présente son programme. Totalement absent de la scène politique depuis sa nomination par le Président démissionnaire, il est peu probable que l'actuel Premier ministre accepte de se présenter durant plusieurs jours au 7 et au 18 du boulevard Zighoud-Youcef. Voici pour ce qui devrait être l'agenda parlementaire des prochains mois. Mais on est loin du Parlement normalisé totalement acquis à El-Mouradia. L'Assemblée populaire nationale, dominée par les élus du Front de libération nationale et du Rassemblement national démocratique, est présidée par Slimane Chenine, député de la coalition islamiste l'Union Ennahda-Adala-Binaa. Minés par des luttes internes, le FLN et le RND sont devenus des machines difficiles à gérer. La marge de manœuvre du nouveau Président risque d'être très limitée au sein du Bureau de l'APN et dans l'hémicycle. D'autant que de vives tensions menacent la cohésion au sein de sa propre chapelle politique. Les choix « dialoguistes » de Chenine et d'El Binaa risquent de faire voler en éclats ce trio mené par la formation d'Abdallah Djaballah. Le président d'El Adala estime que la présidentielle n'est pas une priorité et refuse de cautionner l'action du Panel conduit par Karim Younès. Chenine devra également faire face aux attaques du Mouvement de la société pour la paix (formation dont il a été l'un des membres fondateurs aux côtés de Mahfoud Nahnah), du Rassemblement pour la culture et la démocratie (qui a décidé de geler ses activités) et des quelques députés du Parti des travailleurs et du Front des forces socialistes qui n'ont pas exécuté l'ordre de retrait décidé par les directions de leurs partis. La situation pourrait être plus sereine du côté du Conseil de la Nation. La Chambre haute est plutôt éclaboussée par les grosses affaires de corruption et les demandes de levée d'immunité parlementaire de certains de ses membres, très influents du temps des Bouteflika. Après les anciens ministres Djamel Ould Abbès, Amar Ghoul, Saïd Barkat, Abdelghani Zaâlane et Mohamed Ghazi, c'est au tour des sénateurs Ali Taybi (RND Chlef) et Chaïd Hamoud (tiers présidentiel) d'être la cible du ministère de la Justice. D'autres membres du Conseil de la Nation pourraient suivre. T. H.