Le «consensus» autour de la candidature de Slimane Chenine n'aura pas longtemps survécu. C'est à partir de son propre camp, celui des islamistes, que des voix s'élèvent pour dire que l'élection du nouveau président de l'APN ne reflétait pas une position du parti. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Candidat unique, jouissant du soutien de la quasi-totalité des groupes parlementaires au sein de l'APN, Slimane Chenine ne fait visiblement pas l'unanimité au sein de son propre camp. Le chef de file du groupe Ennahda-Adala- Binaa fait déjà face à un premier camouflet venant de ceux-là mêmes qui appartiennent à sa même sphère politique. Le parti de Djaballah ne signe pas de chèque en blanc au nouveau président de l'APN. Son président, Abdallah Djaballah, a confié que l'élection de Chenine ne concernait ni de près ni de loin le parti, car ne reflétant en aucun cas la position officielle de ce dernier. Alors même que l'élection du successeur de Bouchareb se jouait à l'APN, le président du MSP assurait, lors d'une conférence de presse, n'être en rien concerné par cette élection, rappelant que le groupe parlementaire de son mouvement avait gelé toute activité au sein de l'hémicycle et que la légitimité de l'institution était plus qu'entamée. En gros, un non-événement pour Abderrezak Makri qui a refusé de commenter l'élection en cours de l'ancien militant du MSP que fut Slimane Chenine. Ce dernier, présenté comme le candidat « surprise », avait été soutenu, contre toute attente, par les députés de l'ex-Alliance présidentielle, en plus de son propre camp. Un soutien qui lui avait permis de se retrouver à la tête d'une APN qui sort d'une véritable crise institutionnelle. C'est la première fois dans l'Histoire qu'un député issu de l'opposition, islamiste de surcroît, accède à ce poste. Un choix, expliquait, Lakhdar Benkhellaf, numéro deux du parti de Abdallah Djaballah, dicté par une conjoncture particulière. «Nous avons présenté Slimane Chenine car nous sommes persuadés qu'il est nécessaire que l'Assemblée soit présidée par un député proche du Hirak. C'est bien le cas avec Chenine qui est sorti dans la rue dès le 22 février. Chenine aura à diriger l'Assemblée dans une période très sensible durant laquelle il sera nécessaire d'amender des lois importantes, notamment le code électoral et la loi sur les partis politiques», affirmait le député mercredi, faisant croire à un consensus sans faille autour de la personne de Chenine. Il n'aura pas fallu plus de quelques heures pour que l'unanimisme de façade cède la place à un soutien très tiède, voire à une démarcation franche. N.I.