Affiches géantes de Benjamin Netanyahu avec Donald Trump et Vladimir Poutine, cascades de clips à la radio, multiplication des meetings : Israël entre dans sa dernière semaine de campagne avant des législatives-clés pour la survie politique de son Premier ministre. Après un mois d'août en mode vacances pour une part de l'électorat, et monopolisé dans les médias par les échanges de tirs à la frontière avec Ghaza puis début septembre à la frontière libanaise, la classe politique israélienne entre dans un sprint final qui doit déterminer du sort de M. Netanyahu, le plus pérenne des Premiers ministres israéliens. Dans ce sprint électoral, le chef du gouvernement tente notamment de convaincre les parlementaires d'autoriser la présence de caméras dans les bureaux de vote afin, dit-il, d'éviter les «fraudes» et de garantir la «transparence» du scrutin. Pour ses adversaires, il s'agit plutôt d'une tentative d'intimidation des électeurs hostiles à sa candidature, notamment chez la population arabe du pays, voire une stratégie pour remettre en cause un résultat qui ne lui serait pas favorable. Un comité parlementaire n'a toutefois pas réussi lundi à s'entendre afin de forcer la Knesset (le Parlement israélien, NDLR), à étudier ce projet de loi dès lundi. «La seule fraude dans notre système politique, c'est Netanyahu», a rétorqué son grand rival Benny Gantz, ancien chef de l'armée à la tête du parti centriste «Bleu-Blanc», couleur du drapeau israélien. «Ces élections ne sont pas à propos des caméras, mais à propos de l'indépendance de la justice», a-t-il fait valoir en référence aux accusations qui pèsent contre le Premier ministre. M. Netanyahu doit être entendu en octobre par la justice pour répondre d'accusations de «corruption», «fraude», «malversations» et «abus de confiance» dans différentes affaires. Dans l'une d'elles, les policiers soupçonnent le couple Netanyahu d'avoir reçu pour un million de shekels (environ 250 000 euros) de cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux de la part de richissimes personnalités, en échange de faveurs financières ou personnelles. «Allez Trump, allez Poutine» M. Netanyahu n'aurait pas à démissionner s'il était inculpé, mais seulement s'il était reconnu coupable. Son rival Benny Gantz rejette toutefois l'idée de participer à un éventuel gouvernement d'union si M. Netanyahu est inculpé au terme d'élections qui s'annoncent âprement disputées. Des alliés politiques de M. Netanyahu souhaitent eux faire voter, après le scrutin, une loi lui accordant l'immunité, d'où l'importance, selon certains analystes, d'une victoire électorale. Selon les projections des sondages locaux, le Likoud (droite) de M. Netanyahu et le parti «Bleu-Blanc» de Benny Gantz sont au coude-à-coude avec une trentaine de sièges chacun, sur les 120 de la Knesset. Chaque camp compte aussi sur des alliés, des partis à droite ou religieux pour le Likoud, et plus à gauche ou séculier pour la formation de M. Gantz, tandis que des partis comme celui d'Avigdor Lieberman, un ancien ministre né en ex-URSS et à la tête d'Israel Beiteinou (droite) cherche à s'imposer comme «faiseur de roi». Sur les grands boulevards de Tel-Aviv et Jérusalem, les partis rivalisent d'affiches pour tenter d'attirer l'attention d'électeurs encore indécis, avec M. Netanyahu qui apparaît serrant la main de son allié américain Donald Trump, qui a reconnu Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu et reconnu la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan. Ou encore celle de Vladimir Poutine, à qui il a dit avoir «l'intention» de rendre visite cette semaine à Moscou. «Allez Poutine, allez Trump, venez à Jérusalem. L'armée y est très très forte: sur terre, dans les airs et sur mer. Demain, les Likoudniks (partisans du Likoud) vont accourir aux bureaux de vote», souligne une publicité de M. Netanyahu diffusée sur les médias sociaux, qui le montre avec une armada de jeunes dansant sur de la techno un brin convenue.