Rafael Nadal a remporté dimanche à l'US Open son 19e titre du Grand Chelem et ne se trouve plus qu'à une longueur de Roger Federer, détenteur du record et généralement considéré comme le plus grand joueur de l'histoire. L'Espagnol ne serait-il pas sur le point de surpasser le maître ? Déjà, Nadal a nettement dépassé Federer au nombre de titres en Masters 1000, la série de tournois juste en-dessous des Grands Chelems en termes d'importance et de dotation : l'Espagnol détient le record avec 35 titres, contre 28 au Suisse. Et comme Federer, Nadal s'est imposé dans les quatre tournois majeurs et a donc maîtrisé toutes les surfaces du tennis (dur, terre battue, gazon). Plus encore que le Suisse, l'Espagnol a son tournoi favori : Roland-Garros où il a remporté les douze finales jouées ! Et tant que son physique tient, il est difficile d'imaginer un adversaire à sa taille sur la terre battue parisienne. Le n°4 mondial Dominic Thiem, dont la terre est également la surface favorite, a été renvoyé au vestiaire plutôt sèchement en finale des deux dernières éditions: 6-4, 6-3, 6-2 en 2018 et 6-3, 5-7, 6-1, 6-1 en 2019. Et cette année encore, Nadal a joué la finale de trois des quatre tournois du Grand Chelem, s'inclinant face à Novak Djokovic en Australie, gagnant Roland-Garros et Flushing Meadows. Il a manqué de justesse celle de Wimbledon où il a été éliminé par Federer en demies. Mais ce dernier a perdu en finale et ne s'est plus imposé en Grand Chelem depuis l'Open d'Australie en 2018, soit 7 tournois majeurs, série en cours. Décennie Nadal En outre, Federer qui détient avec Pete Sampras et Jimmy Connors le record de 5 victoires à l'US Open, n'a plus gagné à Flushing Meadows depuis 2008, alors que Nadal qui a eu du mal à imposer son jeu sur le dur, y devient de plus en plus efficace avec ses quatre titres entre 2010 et 2019. Sur cette décennie, il est même le joueur le plus titré à Flushing Meadows, devant Djokovic et ses trois trophées. Or les années avancent pour tout le monde et le taureau espagnol (33 ans) est de cinq ans plus jeune que le maître suisse (38). Et ça se sent : le jeune et colossal Italien Matteo Berrettini a craqué mentalement et physiquement contre Nadal en demi-finales à Flushing Meadows. «C'est le plus grand combattant que ce sport ait connu. C'est fou ce qu'il fait, je l'admire pour son comportement sur le court, son attitude est... proche de la perfection», a estimé Berrettini après avoir reçu une leçon. Daniil Medvedev, battu en finale, n'avait pas de mots pour lui dire son admiration : «19 titres du Grand Chelem, c'est incroyable. C'est tellement dur de jouer contre toi. Ce que tu as fait pour, ces centaines de millions d'enfants qui te regardent et à qui tu donnes envie de jouer au tennis...» Combat «Je pense que ma réussite n'est pas uniquement due à mon esprit combatif», a cependant souligné Nadal. «On dit que je suis un grand combattant sur le court, avec un caractère positif, mais je ne suis pas le seul à me battre, d'autres joueurs le font inlassablement», a-t-il ajouté. Il souligne en revanche son «caractère stable» qu'il a depuis toujours et qui lui permet d'être «mentalement concentré, relâché et toujours prêt à respecter n'importe quel adversaire». «ça me permet de jouer chaque point, chaque jeu, chaque set et chaque match jusqu'au bout», a-t-il expliqué. Il en a apporté la preuve lors de l'époustouflante finale remportée dimanche en près de 5 heures et malgré le retour de Medvedev. Et tandis que Federer a perdu en quarts cette année à Flushing Meadows en étant très diminué par une douleur dans le haut du dos et la nuque, tandis que Novak Djokovic, l'autre chasseur de Majeurs (16), a abandonné victime de son épaule gauche, Nadal est lui allé jusqu'au bout. Il a bien eu une alerte en quarts de finale lorsqu'il a eu des crampes aux deux avant-bras, mais comme il l'avait dit sur le coup, ce n'était rien de grave. Et ce titre, son 2e Majeur de l'année, fera certainement oublier un début de saison contrarié par les blessures.