Andy Murray et Novak Djokovic, 21 ans, ont la lourde tâche d'empêcher ce que tout le monde à New York attend, voire désire : une finale entre les deux meilleurs joueurs du monde, Roger Federer et Rafael Nadal, sorte d'apothéose de la saison dans le dernier tournoi du Grand Chelem. Aujourd'hui, l'Ecossais (n° 6) barre la route du n°1 mondial, Nadal, et le Serbe (n°3) se dresse en travers du chemin du quadruple tenant du titre, Federer. Mais les retrouvailles sont programmées depuis que le fameux promoteur de boxe, Don King, père du «Rumble in the jungle» entre Ali et Frazier à Kinshasa, en 1974, a lancé le tournoi en baptisant ce combat des chefs «Grapple in the apple». «Grapple» pour la bataille, «Apple» pour la pomme, la «Grosse Pomme» (Big Apple) étant le surnom de la ville de New York. Et c'est vrai qu'il y a du K. -O. dans l'air. Car Federer a désespérément besoin d'un cinquième titre consécutif à New York, qui sauverait sa saison. Alors que Nadal peut, lui, réaliser un historique quadruplé Roland-Garros/Wimbledon/or olympique/US Open, un «petit» Grand Chelem en sorte. Concernant ce dernier, il faut dire que les matches précédents n'ont pas trop fait piocher Nadal dans ses réserves. Il a passé un seul vrai test, contre l'Américain Sam Querrey en 8e de finale, poussé à quatre difficiles sets, alors que Murray a, lui, bataillé à chaque tour, sauf au premier et en 8e de finale face au Suisse Wawrinka. Le service de l'Ecossais n'est pas le plus au point qui soit mais il compense par sa capacité à breaker (27 fois en cinq matches). Murray s'est mis en évidence cet été sur dur (victoire à Cincinnati contre Novak Djokovic, demi-finale à Toronto contre Nadal) mais il est inexpérimenté en Grand Chelem à ce niveau. A 21 ans, un de moins que Nadal, il y joue, en effet, sa première demi-finale alors que l'Espagnol en compte déjà huit et, surtout, n'en a perdu qu'une (Australie 2008, contre Jo-Wilfried Tsonga). La seule qu'il a d'ailleurs jouée sur dur jusqu'à présent, car l'Espagnol n'avait encore jamais atteint les demi-finales à l'US Open. Les chiffres ne parlent toutefois pas pour l'Ecossais : aucun succès en cinq confrontations contre le Majorquin, qui est un peu sa bête noire. C'est même Nadal qui lui a barré la route lors de deux des quatre derniers tournois qu'il a joués, en quart de finale à Wimbledon et en demi-finale à Toronto. Le Suisse, par contre, n'est certes plus le monarque absolu qu'il était il y a encore un an. Sa mononucléose de janvier a eu des répercussions insoupçonnables sur sa saison mais le roi n'est pas encore nu. Il peut devenir à New York le premier joueur de l'histoire à remporter deux tournois du Grand Chelem cinq fois consécutivement (avec Wimbledon 2003-2007), même s'il ne semble plus intouchable. Contre Igor Andreev en 8e de finale, il a dû jouer en cinq sets pour la troisième fois de sa vie à Flushing Meadows. Et il a disputé cinq jeux décisifs sur ses deux dernières rencontres, dont deux contre le 130e joueur mondial, Gilles Muller. «Je sais comment préparer un Grand Chelem pour le gagner, je sais comment gagner ce tournoi, rassure toutefois le Suisse. Ma médaille d'or en double aux JO m'a donné beaucoup de confiance.» En face, Novak Djokovic a également eu son moment de souffrance, contre le Croate Marin Cilic au 3e tour, mais commence à avoir l'expérience de ce type de rendez-vous. Il atteint le dernier carré pour la sixième fois lors des sept derniers Grands Chelems (pour deux finales et un succès : Australie 2008). Leur dernière «vraie» rencontre date de l'Open d'Australie (Djokovic avait abandonné à Monte Carlo). C'était en Grand Chelem, c'était en demi-finale, c'était sur dur. Comme à New York. Et c'était Djokovic qui l'avait emporté. «C'est certainement un gros test», assure Federer.