Le trophée sinon rien ! Après deux humiliantes «remontadas» subies ces dernières saisons, le FC Barcelone entame ce soir(20h) à Dortmund une nouvelle campagne de Ligue des champions cruciale pour l'entraîneur Ernesto Valverde, contraint de ramener enfin les Catalans sur le toit de l'Europe. Sous contrat jusqu'en juin 2020, avec une option supplémentaire jusqu'en 2021, le technicien espagnol (55 ans) sait que son avenir est lié au destin européen du Barça. En avril 2018, après l'élimination renversante en quarts contre l'AS Rome (4-1, 0-3), le sort de Valverde n'avait tenu qu'à un fil. Idem au printemps 2019, lorsque son équipe a gaspillé un avantage de trois buts en demi-finale contre Liverpool (3-0, 0-4), le futur vainqueur. Certes, «El Txingurri» (La Fourmi) a gagné deux Ligas en deux ans avec le Barça, plus la Coupe du Roi 2018 et la Supercoupe d'Espagne. Mais à Barcelone, où le beau jeu est un culte indépassable, ses stratégies frileuses lui valent de nombreux détracteurs. Et ses déboires européens ont laissé des traces. Au point que son capitaine Lionel Messi a été contraint de prendre sa défense publiquement après le fiasco d'Anfield : «C'était notre faute. Le staff technique n'a rien à voir avec le match que nous avons livré», a rappelé l'Argentin la semaine dernière dans une interview au quotidien catalan Sport. Pression Quoi qu'il en soit, les années passent et sur les huit dernières saisons le grand Barça n'a remporté qu'une seule Ligue des champions, en 2015, contre quatre sur la même période pour son éternel rival, le Real Madrid. Presque une incongruité dans ce que la presse barcelonaise appelle «l'ère Messi», avec un quintuple Ballon d'Or au sommet de son art. «Evidemment que j'aimerais regagner la Ligue des champions parce que ça fait longtemps qu'on ne la gagne plus», a résumé l'Argentin, qui rêve d'égaler son rival Cristiano Ronaldo avec un cinquième trophée européen. Au-delà du transfert avorté de Neymar, Valverde a obtenu de ses dirigeants des recrues coûteuses cet été pour lui permettre de laisser davantage au repos Messi et son compère d'attaque Luis Suarez, ainsi que l'indispensable milieu défensif Sergio Busquets. De quoi encore accroître la pression sur les épaules du technicien : le Barça a dépensé 120 M EUR pour l'attaquant français Antoine Griezmann (Atlético Madrid), et plus de 75 M EUR pour l'épatant milieu néerlandais Frenkie de Jong (Ajax Amsterdam). «Nous avons beaucoup de variantes, beaucoup d'alternatives, des joueurs au milieu et en attaque», a analysé Messi, qui revient de blessure et pourrait être du voyage à Dortmund. «Nous sommes très bien mais la saison nous dira si notre effectif est meilleur ou pas, en fonction de ce que nous obtiendrons.» Flegme à toute épreuve En attendant, Valverde a marqué des points auprès des «socios», les supporteurs-actionnaires du Barça, en cette fin d'été : il a accompagné l'éclosion du prodige Ansu Fati (16 ans), auteur de 2 buts et une passe décisive en trois matches avec l'équipe première. Reste à marquer les esprits sur la scène européenne. Le Barça a été placé dans la poule la plus relevée de cette C1, avec Dortmund, l'Inter Milan et le Slavia Prague. Et les choses sérieuses commencent dès aujourd'hui, face au «Mur Jaune» des supporters du Borussia. «Nous avons hérité d'un tirage difficile», a reconnu Valverde. «Ce sera compliqué, comme d'habitude. Mais cette année comme les précédentes, l'objectif est de finir en tête du groupe.» Le grand atout de l'entraîneur né en Estrémadure? Son flegme à toute épreuve dans la grande lessiveuse barcelonaise. «Je me sens assez bien ici», a-t-il souri fin août. «Evidemment, par rapport à un ami en vacances à Ibiza, je vais moins bien. Mais par rapport à un autre ami qui sauve des immigrants et vit des choses très dures en Méditerranée, je vais très bien. Nous tous qui sommes ici sommes des privilégiés», a philosophé Ernesto Valverde, conscient de sa chance unique de briguer le plus prestigieux trophée européen.