Une vingtaine de candidats à la candidature pour la présidentielle ont déjà formulé le vœu d'y prendre part. Hormis le président du mouvement El Binaa, les candidats issus de la mouvance islamiste ne figurent pas sur la liste. Ni Abderrezak Makri ni encore moins Abdellah Djaballah ne se positionnent clairement, adoptant une posture attentiste. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - L'annonce par le chef de l'Etat de la date de la tenue de la présidentielle embarrasse plus que n'enthousiasme les figures représentant traditionnellement le courant islamiste. Une semaine plus tard, leurs réactions sont soit très timides soit carrément inexistantes. Alors que les premiers candidats à la candidature ont déjà frappé à la porte de l'Autorité chargée des élections, les potentiels présidentiables ne s'y pressent pas. Seul à s'y être déplacé, le président du mouvement El Binaa, un ancien cadre du MSP. Ni Abderrezak Makri ni Abdallah Djaballah n'ont pour le moment réussi à clarifier leurs positions. Très prompt à communiquer, notamment sur les réseaux sociaux, le président du MSP joue la carte de la prudence. Jeudi, il réunissait au sein de son parti une pléiade de «conseillers» avec à l'ordre du jour le lancement d'une consultation interne au sujet des élections. Vendredi, même scénario : les instances chargées des questions des femmes et des jeunes étaient conviées à donner également leur avis au sujet du prochain rendez-vous électoral sans que le mouvement rende publics pour le moment les résultats de ces consultations. Le président du MSP maintient une présence médiatique toujours aussi importante sans jamais piper mot sur ses intentions. Il n'est un secret pour personne que Abderrezak Makri nourrit depuis plusieurs années déjà le projet de devenir le premier magistrat du pays. La seule question à laquelle il aura certainement à répondre, c'est celle du choix du moment. Est-il opportun aujourd'hui pour lui de se présenter ? Ne risque-t-il pas en plus de la sanction de l'urne celle de la rue ? Pas plus tard que ce vendredi, ils étaient des millions d'Algériens à dire une fois de plus non à la tenue d'élections dans les conditions actuelles, parmi eux, des sympathisants de la mouvance islamiste. Abderrezak Makri prendra-t-il le risque de leur tourner le dos au nom d'une ambition personnelle difficile à réfréner ? Le président du MSP, qui se place comme le représentant légitime d'un courant islamiste quasiment laminé, ne s'en cache pas : la tenue des élections est pour lui la solution la plus appropriée. Il a déjà eu l'occasion de révéler les différents scénarios qui lui paraissent les plus probables avec à chaque fois une participation quasi acquise de sa formation. Il s'agit en premier lieu d'une candidature négociée entre l'opposition et le pouvoir autour d'une personnalité consensuelle avec laquelle, dit-il, il serait possible d'arriver à un accord pour un mandat axé sur l'approfondissement des réformes démocratiques. Seconde éventualité : l'armée ne présente pas de candidat et dans ce cas de figure, les alliances pourraient se faire à l'intérieur même de la classe politique. Dernière option : sa propre candidature approuvée par les instances de son parti. L'horizon ne semble pas s'être assez éclairci pour permettre au MSP de trancher en faveur d'un des trois scénarios. Même expectative chez le Front pour la justice et le développement. Réagissant à la convocation du corps électoral, Abdallah Djaballah affirmait qu'«il n'y a aucun doute que la solution au final constitue à aller vers des élections mais la question qui reste posée c'est est-ce que les conditions devant permettre la tenue d'élections libres et indépendantes sont réunies ? Deuxièmement est-ce que le peuple est convaincu que les revendications pour lesquelles il est dans la rue depuis plusieurs mois ont été satisfaites. C'est les réponses à ces questions qui peuvent déterminer notre position». C'est dire que le FJD n'a pas plus de certitudes que le MSP. El Islah, pour sa part, se projette déjà en attendant que ses instances tranchent quant à la forme que prendra sa participation. C'est dire tout l'embarras que l'annonce de la tenue de la présidentielle a créé au sein d'une mouvance islamiste dans l'expectative. N. I.