Les familles des détenus et les quelques citoyens qui se sont présentés devant le tribunal de Sidi M'hamed avaient l'espoir que les deux jeunes détenus pour port du drapeau amazigh allaient être libérés. Il a fallu attendre la sortie des avocats pour les replonger dans la déception. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Trois jeunes, incarcérés à la prison d'El Harrach pour port du drapeau amazigh, ont été auditionnés, hier lundi, par les juges d'instruction des tribunaux de Sidi M'hamed et de Bab-El-Oued à Alger. Les juges n'ont pris aucune décision les concernant, les maintenant en prison, ont affirmé leurs avocats. Il s'agit de Okbi Akli, présenté devant le tribunal de Bab-El-Oued et de Bounouh Nabil et Mohand Ameziane Belehoul, présentés devant le tribunal de Sidi M'hamed. «D'après les avocats du Collectif de la défense des détenus, le juge d'instruction prononcera sa décision ultérieurement», a affirmé le Comité national pour la libération des détenus. Devant le tribunal de Sidi M'hamed, on a constaté l'absence de tout dispositif sécuritaire, contrairement aux autres journées où des jeunes incarcérés étaient auditionnés au moment où des citoyens manifestaient à l'extérieur. Des citoyens venus participer au rassemblement se sont interrogés sur les raisons de cette absence, relevant un allégement du dispositif sécuritaire qui assiège Alger depuis vendredi. En effet, ce vendredi, lors du 31e acte de la mobilisation populaire, le dispositif a disparu de la rue Hassiba-Benbouali et des informations ont fait état d'une atténuation des mesures entravant l'accès vers Alger dans les premières heures de la journée, après un durcissement dans la nuit de jeudi. Les citoyens venus se rassembler devant le tribunal et les familles des détenus avaient l'espoir que les deux jeunes allaient être libérés. Il n'en sera rien. «Aujourd'hui, on a auditionné Bounouh Nabil et Mohand Ameziane Belehoul au tribunal de Sidi M'hamed et Okbi Akli au tribunal de Bab El Oued. La décision des juges viendra ultérieurement. On verra la procédure avec les avocats. Au sein de notre comité, on exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d'opinion», a déclaré Arezki Chaâlal, membre du Collectif des parents des détenus d'opinion. D'autre part, on a appris que deux autres jeunes, Yahiaoui Hilal et Chami Arezki, seront auditionnés par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed, aujourd'hui. Selon le Comité national pour la libération des détenus, alors que plusieurs détenus d'opinion ont déjà été entendus, puis renvoyés à nouveau à la prison d'El Harrach, le juge d'instruction a instruit des commissions rogatoires (enquêtes sociales) pour sept détenus résidant hors wilaya d'Alger. «Pourquoi tout ce retard dans la procédure et pourquoi les juges d'Alger ne veulent pas libérer ces otages vu que les tribunaux d'Annaba, Mostaganem, Batna et Chlef ont déjà acquitté les détenus ?», se demande le Comité. Le même Comité a rapporté que Benhabib Madjid et Sayah Aïssam seront auditionnés, en procès, aujourd'hui mardi, devant le juge du tribunal de Tlemcen. Les deux citoyens sont accusés d'«atteinte à l'unité nationale et au moral des troupes». Demain mercredi, c'est le détenu Dechicha Fazil qui sera auditionné par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed. Le même jour au tribunal de Koléa à Tipasa, c'est Karim Tabbou, chef de l'UDS, poursuivi pour «atteinte au moral de l'armée», qui comparaîtra devant le juge. K. A.