Face à la paralysie qui affecte le secteur automobile depuis plusieurs semaines, en raison de l'épuisement des quotas de kits SKD pour l'année 2019, les constructeurs, dont les marques activent industriellement en Algérie, ont fini par réagir pour tenter de sensibiliser les autorités aux risques encourus à cette activité. Si les moyens utilisés par les uns et les autres diffèrent, l'objectif commun reste la pérennisation de leur présence dans le pays et une relance rapide des activités d'assemblage à travers le déblocage des importations de ces kits. Le premier à réagir fut, il y a quelques jours, Renault pour « exclure » toute fermeture de son usine de Oued-Tlélat, en dépit de la consommation presque totale de son quota pour l'exercice en cours. Il admettra, toutefois, que la cessation d'activité de ses chaînes d'assemblage est inévitable au plus tard vers le début de novembre prochain et que les personnels qui y sont affectés seront orientés, le cas échéant, vers des tâches de maintenance pour éviter, autant que faire se peut, la douloureuse épreuve de licenciement en cas de poursuite de cette rupture des stocks. KIA s'implique dans les débats Lundi dernier, c'était au tour de KIA Motors Compagnie de s'impliquer clairement dans les débats en renouvelant sa confiance à son partenaire actuel, Global Group, et ses deux filiales, Gloviz pour la production et KIA Al Djazaïr pour la distribution et dont l'usine de montage située à Djerma (Batna) vient de fêter son premier anniversaire. Le constructeur coréen semble décidé à mettre tout son poids dans la balance en faveur de son partenaire en annonçant une entrée dans le capital de Gloviz et en apportant, par ailleurs, son expertise et son savoir-faire dans le domaine de la sous-traitance pour accompagner le projet de création de 1 000 petites et moyennes entreprises devant, à terme, approvisionner l'usine en pièces détachées et composants. Installées dans la périphérie du complexe industriel de Batna, ces manufactures envisagent, d'ores et déjà, de partir à la conquête des marchés internationaux. KIA Motors Compagnie, et par le biais du Président de la zone Moyen-Orient Afrique du Nord, entend, à travers sa démarche, démentir les rumeurs faisant état d'une rupture du partenariat entre les deux entreprises et aussi sensibiliser les pouvoirs publics à l'importances des investissements réalisés dans le cadre de ce projet d'envergure continentale. Les arguments du groupe Volkswagen Hier mardi, c'est le groupe allemand Volkswagen qui a convoqué le ban et l'arrière-ban pour aller plaider la cause du projet de Sovac Production de Relizane. Une délégation de haut rang, composée des ambassadeurs d'Allemagne, d'Espagne et de Tchéquie, ainsi que des représentants de Volkswagen, Seat et Skoda, a été reçue en audience par la ministre de l'Industrie. Selon le communiqué transmis par les services du ministère et publié ci-après, les discussions ont porté naturellement sur ce projet qui connaît, depuis quelque temps, une immobilisation forcée de ses activités, mais aussi la désignation d'un administrateur, le blocage des comptes bancaires de Sovac et le gel de ses importations de kits. Une situation provoquée, rappelons-le, par les décisions prises par les pouvoirs publics suite à des enquêtes judiciaires et la mise sous mandat de dépôt du P-dg du groupe. Les assurances de la ministre de l'Industrie Pour rassurer ses interlocuteurs, la ministre a promis un retour à une situation normale au début de l'année 2020 tout en soulignant que cette reprise devra être conforme au dossier présenté par Sovac et approuvé par le Conseil national de l'investissement. Une précision qui semble rappeler aux membres de la délégation que Sovac Production n'a pas respecté ses engagements concernant le nombre de véhicules assemblés à Relizane. Pour appuyer leur démarche, les officiels représentant le groupe allemand ont mis en avant l'important projet de développement de la sous-traitance avec l'implication d'équipementiers de renommée mondiale, ce qui permettra d'améliorer le niveau d'intégration. Tout en se félicitant de l'engagement du géant allemand en Algérie, la ministre de l'Industrie ne manquera pas de rappeler le potentiel du marché algérien et des opportunités qu'il offre dans le domaine de l'exportation vers les marchés limitrophes. Ceci étant, cette offensive des constructeurs, et tout aussi légitime qu'elle puisse paraître, risque de demeurer sans suite compte tenu du contexte politique qui prévaut actuellement dans le pays et qui, à l'évidence, exclut tout déblocage immédiat des obstacles qui paralysent le secteur. D'autant que les poursuites judiciaires, impliquant pour certains aussi bien les personnes physiques que morales, ne peuvent, pour l'heure, autoriser un quelconque espoir de dénouement, tout au moins pas avant les premiers mois de l'année prochaine. B. Bellil