Un bras de fer inattendu est désormais ouvert entre Zeghmati et le Syndicat national des magistrats (SNM) en grève, dès aujourd'hui, pour dénoncer certaines démarches entamées par le ministre de la Justice. Le temps n'était pas au beau fixe entre les deux partenaires, et le SNM l'avait clamé haut et fort cet été en protestant publiquement contre la décision de Zeghmati de dévoiler au grand jour les agissements de certains juges accusés d'accointances avec la «bande», (issaba). Le fait se rapportait à la publication d'un communiqué émanant du ministère de la Justice et informant l'opinion de la suspension de trois juges pour corruption. La magistrate du tribunal d'El-Harrach, récemment jugée et incarcérée pour avoir travesti les vérités dans l'affaire Djemaï, ex-SG du FLN, en faisait partie. Dans un texte rendu public à ce moment, le Syndicat des magistrats ne cite aucun exemple, et explique avoir été choqué par une démarche qui tend à créer l'amalgame et semer la confusion dans l'esprit des Algériens. La situation en est restée là, jusqu'à ces derniers jours. Durant la semaine écoulée, le ministre de la Justice annonce avoir procédé à un important mouvement au sein des magistrats: 432 juges nouvellement désignés, 343 titularisés et 1698 bénéficiaires de promotions. Jeudi, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) annonce la validation de ces décisions. Le SNM réagit en dénonçant une décision jugée unilatérale et ayant «transgressé les prérogatives du CSM en le laissant composer seul la liste du mouvement annuel des magistrats dans des chambres verrouillées et en un temps record ne dépassant pas une heure». Pour le SNM, il s'agit d'une «journée noire durant laquelle plus de deux tiers de son conseil national et son bureau exécutif jouissant d'une légitimité électorale totale ont été mutés dans le but de casser les structures du syndicat». Pour ce, le SNM a appelé le ministre de la Justice à cesser «son arrogance envers les magistrats et leurs représentants et exige le gel du mouvement opéré». Dans un communiqué publié hier en fin d'après-midi, ils dénoncent l'attitude du ministère qui fait «fi des demandes portant sur l'indépendance de la justice exprimées tant par le peuple que par les magistrats et la promotion médiatique du mouvement, en voulant faire croire qu'il entre dans le cadre de la lutte contre la corruption car il contient de nombreuses contre-vérités, le problème étant plus profond. Tout le monde sait, en effet, que le problème réside dans la dépendance de la justice, que ce soit par les textes ou les faits», conclut le texte en annonçant que cette grève ne prendra fin qu'après satisfaction de toutes les revendications des magistrats. A. C.