Audacieux dimanche en Albanie (2-0) pour sa dernière sortie avant quatre mois, le sélectionneur de l'équipe de France Didier Deschamps a trouvé une parade bienvenue aux doutes nés d'une animation offensive inconstante, s'ouvrant des perspectives prometteuses en vue de l'Euro-2020. Des blessés mais un groupe présent Depuis cet été, Deschamps a dû bricoler des listes renouvelées face aux nombreuses blessures de cadres, victimes des «calendriers démentiels» du foot moderne selon ses propres mots. En septembre, il lui avait manqué des cadres comme Kylian Mbappé, N'Golo Kanté ou Paul Pogba. Mais «je vais m'adapter», disait-il, et les résultats l'ont prouvé (4-1 contre l'Albanie, 3-0 contre Andorre). En prime, Kingsley Coman s'est mué en titulaire et Jonathan Ikoné a fait une entrée fracassante en sélection, avec un but et une passe décisive. D'autres joueurs (Hugo Lloris, Lucas Hernandez) ont manqué à l'appel ou sont venus amoindris en octobre puis novembre. Dimanche à Tirana, il n'y avait au coup d'envoi que trois titulaires de la finale du Mondial-2018... Ces épisodes ont souri notamment à Moussa Sissoko, Lucas Digne et Corentin Tolisso, qui s'imposent avec régularité dans les 23. Un peu moins à Wissam Ben Yedder et Benjamin Mendy, pas à leur meilleur niveau dimanche.
L'innovation comme nouveau souffle Comment se relever de trois rencontres décevantes, en Islande (1-0) et contre la Turquie (1-1) en octobre, et surtout face à la Moldavie (2-1) jeudi, où l'immobilité offensive l'avait exaspéré ? Deschamps a choisi de renverser la table. Son discours remobilisateur n'ayant pas fonctionné contre les Moldaves, le Basque a imposé un schéma tactique inédit sous son mandat, avec trois défenseurs centraux et un triangle d'attaque orchestré par Antoine Griezmann. Pour ce dernier acte de 2019, le coup de théâtre a payé. «Je n'ai pas eu beaucoup de temps mais j'ai des joueurs intelligents (...). Ce système offre de la maîtrise, de la solidité et une animation offensive de grande qualité», s'est-il félicité. Face à cette «alternative» crédible, les joueurs ont adhéré : «un nouveau système intéressant», se félicite Lenglet. «Une option pour la suite», renchérit Sissoko : «offensivement, il nous procure plus d'occasions». Griezmann y était comme un poisson dans l'eau. Epanoui dans son rôle de N.10 – «là où il excelle le plus », selon Sissoko –, le Barcelonais a livré une prestation «rayonnante», aux yeux de Deschamps.
Des signaux d'alerte à prendre en compte Pour le champion du monde 1998, il est toutefois prématuré de croire que ce coup tactique effacera les soucis plus profonds des Bleus. L'automne, triste en buts (six en quatre matchs, dont un seul hors phase arrêtée, le dernier), a rappelé que la France peine à conclure ses actions... quand elle parvient à s'en créer. «A la Coupe du monde, on n'avait pas besoin de tant d'occasions, mais en ce moment si. Il va falloir attendre, être patient, travailler chacun dans son club pour être meilleur devant le but», se lamentait Griezmann en octobre. Un mois plus tard, un premier pas a été franchi, mais c'est encore Giroud, l'attaquant qui ne joue (quasiment) plus en club, qui a débloqué la situation en Moldavie. C'est un rappel à l'ordre, d'autant que sa doublure en pointe, Ben Yedder, n'a pas marqué énormément de points - ni de but - lors des deux derniers rassemblements. Mais «la vérité du moment n'est pas celle du mois dernier», aime à répéter Deschamps.
Embouteillage dans le sens des retours Depuis le début de saison, le technicien a procédé à une large revue d'effectif face aux forfaits de nombreux cadres. Mais tout ce beau monde toquera à la porte du sélectionneur en mars et les places seront chères... «Il y en a qui sont blessés, pas là et qui étaient là avant. Dans quatre mois, j'espère qu'ils seront tous disponibles et en bonne santé, même si c'est beaucoup plus difficile pour moi» de faire des choix, a glissé «DD» dimanche. «On se battra comme à chaque fois» pour revenir, avance Sissoko. «Chacun devra faire au mieux dans son club et après, comme à chaque fois, le sélectionneur fera ses choix et il faudra les accepter», assume le joueur de Tottenham.