Habitué à jouer les premiers rôles, le Front de libération nationale doit se contenter, cette fois-ci, de celui d'observateur. En pleine campagne électorale pour la présidentielle, son secrétaire général par intérim intime l'ordre à sa base d'observer une totale neutralité vis-à-vis des candidats en attendant «le moment opportun». Nawal Imès - Alger (le Soir) - Situation inédite au Front de libération nationale. Le parti majoritaire adopte une position des plus inconfortables, alors que la campagne électorale a bel et bien débuté. Son secrétaire général par intérim a, en date du 20 novembre dernier, adressé une note à l'ensemble des mouhafedhs, des membres du comité central et des députés, des sénateurs, leur demandant d'éviter «toute précipitation» en n'affichant aucune préférence pour un candidat ou pour un autre, et en n'adoptant pas de position «individuelle». Ali Seddiki explique dans cette même note que le parti doit, pour le moment, se contenter de mobiliser la base en vue d'une participation massive à l'élection. Les consignes de vote quant à elles n'interviendront que plus tard, puisque le secrétaire général promet une décision «finale» au moment «opportun». Quand ? Aucune précision. Il est juste demandé aux responsables au niveau local d'«intensifier» leurs activités pour assurer au parti une présence sur le terrain avec pour seule préoccupation, sensibiliser à «l'importance du rendez-vous électoral», et l'ouverture d' un «large» débat autour de la solution qu'il présente pour une sortie de crise. Aucune prise de position en faveur d'un candidat ou encore moins de participation au staff de l'un d'entre eux n'est tolérée par le premier responsable du parti. Ses mises en garde interviennent alors que les candidats briguant un mandat présidentiel sont déjà sur le terrain, et que le FLN n'arrive toujours pas à trancher. Réuni le 4 novembre dernier, son bureau politique n'avait pu arriver à arrêter une position, décidant de laisser ouverte sa session. Quelques semaines plus tard, le flou reste total. Le parti n'arrive toujours pas à se positionner. Sa direction intérimaire joue la montre mais peine à dissimuler l'insoutenable position dans laquelle il se retrouve. Ni la légitimité historique dont il se réclame, ni sa position dominante au sein de l'Assemblée populaire nationale n'ont résisté au tsunami créé par une situation politique inédite, qui n'a pas épargné un parti habitué à l'habit du favori et qui, pour la circonstance, ne peut vêtir que celui du figurant. Une semaine après le début de la campagne électorale, le parti, qui n'a pu présenter son propre candidat, n'arrive même plus à se positionner en faveur de l'un des cinq postulants. N. I.