Le procès des deux anciens Premiers ministres a été fixé au 2 décembre prochain, a annoncé hier Belgacem Zeghmati. Deux ex-ministres de l'Industrie comparaîtront le même jour et pour la même affaire, celle de l'automobile. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il y a quelques jours, Le Soir d'Algérie annonçait en, effet, le renvoi du dossier des concernés devant la chambre correctionnelle du tribunal de Sidi-M'hamed. Les documents judiciaires ont été transmis par la Cour suprême à l'instance concernée qui les a réceptionnés jeudi dernier. Moins d'une semaine après, les avocats chargés de la défense des accusés ont été informés de la date du procès très attendu du reste du moment qu'il s'agira de juger les premiers membres de ceux qui sont désignés comme étant la «issaba» ou bande impliquée dans d'énormes affaires de corruption. Aux yeux de l'opinion, ils sont considérés comme étant le symbole même du régime, du système de gouvernance qui a mené le pays à la faillite, et les Algériens ont exprimé avec insistance ce sentiment en exigeant leur jugement lors des premières marches organisées après le 22 février. De par leur qualité d'anciens Premiers ministres, ayant servi à plusieurs reprises sous le règne de Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été particulièrement ciblés et dont l'arrestation et l'emprisonnement ont eu un grand retentissement. On se souvient notamment des scènes de joie parmi la foule qui s'était amassée autour du fourgon cellulaire transportant Ouyahia vers la prison d'El-Harrach, mais aussi de cette autre foule qui s'était rassemblée devant le pénitencier dans l'attente de l'arrivée de Sellal. C'est durant une intervention devant le Sénat, hier, que le ministre de la Justice a dévoilé la date du jugement des concernés tout en indiquant que ce procès sera public. De la même manière, il a fait savoir que ce procès sera également celui d'anciens ministres et d'hommes d'affaires inculpés dans «le scandale des usines du montage automobile». Selon Zeghmati, les enquêteurs ont abouti à des «conclusions positives concernant ces dossiers effarants et elles seront dévoilées à l'opinion à partir du 2 décembre prochain». Il ajoute : «Les Algériens pourront ainsi juger d'eux-mêmes de notre volonté de lutter contre la corruption à travers les procès qui se dérouleront.» Il faut également savoir que quelques jours avant cette annonce officielle, les avocats chargés de la défense des prévenus ont émis de sérieuses réserves au sujet du choix du tribunal devant lequel seront jugés ces anciens ministres. Un choix, affirment-ils, qui n'obéit pas aux «lois qui stipulent que les Premiers ministres, tout comme les présidents de la République ne peuvent être jugés que par la Haute Cour de justice». Cette dernière n'a cependant pas encore vu le jour. Ayant clôturé l'instruction des dossiers des concernés, la Cour suprême n'avait pas d'autre choix que de transmettre le dossier à la chambre correctionnelle du tribunal où a eu lieu l'inculpation des prévenus, soutiennent des sources proches du dossier. La première bataille des avocats s'oriente naturellement sur le terrain de la compétence du tribunal. Ces derniers devraient mettre en avant cet argument pour tenter d'arracher un report. Pourront-ils cependant l'obtenir ? En septembre dernier, les avocats chargés de la défense des généraux Toufik, Tartag et de Saïd Bouteflika avaient bataillé pour que soit reporté le jugement de leurs clients en raison de la santé de certains d'entre eux, mais le tribunal militaire avait tranché pour la poursuite de ce procès très attendu. A. C.