Moment de vérité pour Erik ten Hag: pour son équipe comme pour son avenir, l'entraîneur de l'Ajax Amsterdam doit qualifier ses troupes pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, ce soir contre Valence. «L'Ajax a généré un certain rayonnement, on doit continuer», a jugé l'intéressé mi-novembre. Bien conscient que si les Lanciers se sont replacés sur la carte du football européen en 2019, ils le doivent beaucoup plus à leur demi-finale de Ligue des champions qu'à leur 34e titre national. Par ricochet, une deuxième épopée continentale de suite ne pourrait que doper la cote de Ten Hag, grimpée en flèche depuis quelques mois. En mai, les rumeurs l'ont annoncé à Chelsea, Barcelone ou au Bayern Munich. Mais l'homme n'est pas du genre à s'enflammer. En réponse à ceux qui l'envoyaient en Bavière après le limogeage de Niko Kovac, début novembre, Ten Hag a répliqué à sa manière. Concise et précise. «J'ai une relation étroite avec mon équipe, avec tout le monde à l'Ajax, donc je peux confirmer que je resterai cette saison», lâche-t-il en conférence de presse. Les journalistes présents veulent plus de précisions? Ils n'auront droit qu'à l'agacement du technicien, plus enclin à parler du match du lendemain à Chelsea. Aux antipodes d'un José Mourinho ou d'un Jürgen Klopp, rarement avares d'un bon mot, le Néerlandais parle peu. Son modèle ne se trouve d'ailleurs ni à Londres, ni à Liverpool. «Pep Guardiola inspire, dirige, innove énormément», a confié Ten Hag en 2014, du temps où l'Espagnol entraînait l'équipe première du Bayern, et lui son équipe B. «En observant minutieusement ses entraînements et les matchs, et en parlant beaucoup avec lui, je suis devenu un entraîneur plus mûr», ajoutait-il au sujet du technicien de Manchester City.
«Tout contrôler» Outre la rencontre avec Guardiola, le Bayern lui a offert sa première expérience du très haut niveau. Milieu de terrain à la carrière modeste, le natif de Haaksbergen, dans l'est des Pays-Bas, n'a joué que dans des clubs néerlandais et a inauguré son costume d'entraîneur (adjoint) au FC Twente. Entre 2009 et 2012, il sera l'assistant de Fred Rutten au PSV Eindhoven. Trois saisons au service d'un ennemi juré de l'Ajax, durant lesquelles... Twente décroche son seul titre national, en 2010. Autant dire que rien ne le prédestine à atterrir sur le banc amstellodamois. «L'entraîneur de 47 ans et l'Ajax sont d'accord sur les grandes orientations », écrit d'ailleurs prudemment le club pour annoncer la nomination de Ten Hag, à la fin de l'année 2017. Guère chaleureux, le communiqué ne dit pour autant rien de faux: si les deux parties doivent se retrouver sur un point, c'est l'amour du football total. «En tant qu'équipe de haut niveau, il faut tout contrôler », explique au journal Volkskrant le technicien, dont le bureau est orné de portraits de Rinus Michels et Johan Cruijff, deux icônes du «totaalvoetbal». «Qu'est-ce qu'on fait quand on récupère le ballon? On le garde, ou on tente de marquer un but? », poursuit-il. Dès la première saison complète de Ten Hag, ses joueurs choisissent la deuxième option. Le ballon circule, les trophées s'accumulent: 1er titre national depuis 2014, 1re Coupe des Pays-Bas depuis 2010... et demi-finale de C1. Pourtant, «je ne suis pas totalement heureux», affirme-t-il en novembre. «Mon but, c'est de chercher une haute intensité pendant 90 minutes.» Une envie de mouvement permanent qui pourrait bien contaminer le Néerlandais avant la fin de son contrat, fixée au 30 juin 2022.