L'un a traversé un début de saison compliqué, l'autre est longtemps resté dans l'ombre de Ronaldo; mais Antoine Griezmann et Karim Benzema brillent à nouveau et leur duel pourrait conditionner la tournure du clasico Barcelone - Real Madrid mercredi. Dans cette affiche à l'accent français (Varane, Zidane et Benzema attendus côté madrilène, Lenglet, Umtiti et Griezmann côté catalan), les regards seront tournés vers les deux buteurs-stars aux fortunes diverses cette saison. Alors que «KB9» a régné sur l'Espagne depuis le début de la saison, Griezmann (28 ans), qui a rejoint le Barça l'été dernier pour 5 ans et 120 millions d'euros en provenance de l'Atlético Madrid, a connu des difficultés pour s'intégrer dans le trident d'attaque blaugrana, avec Lionel Messi et Luis Suarez. Griezmann, l'automne à la lutte, l'hiver en buts Le champion du monde, auteur de 6 buts et 4 passes décisives en 20 matchs avec Barcelone (en Liga et C1) cette saison, a traversé un automne bien maigre, avec un seul but et sans la moindre passe décisive entre le 19 octobre et le 7 décembre dernier, alors même que le Barça balbutiait son jeu. Mais depuis fin novembre, ces turbulences semblent s'être évaporées: Griezmann a marqué le troisième but catalan lors du récital offert au Camp Nou contre Dortmund (3-1) pour hisser le Barça en 8es de finale de Ligue des champions. Et il a surtout fait taire les mauvaises langues, en tombant dans les bras de ses partenaires d'attaque, la meilleure de Liga (2,7 buts/match) après avoir conclu le service parfait de Messi. Une passe, un but, et tout est oublié. «Les trois ont marqué, Leo a offert une passe à Antoine... Donc vous ne pouvez plus rien dire maintenant», avait lancé aux journalistes le défenseur français Clément Lenglet après le match. «Il y aura des matchs encore meilleurs», a pour sa part promis Griezmann après la victoire au Wanda contre l'Atlético Madrid (1-0), le 1er décembre. Samedi encore, c'est lui qui a permis au Barça de revenir au score sur la pelouse de la Real Sociedad (1-1, 38e), sur une passe en profondeur de Suarez, même si les Catalans ont fini par être accrochés par les Basques (2-2). Benzema, le «sans-défaut» Benzema aura lui aussi une chance de conserver l'excellente dynamique des Merengues à Valence, dimanche soir (21h00) pour la 17e journée de Liga, avant de basculer sur le Clasico. Depuis le départ de Cristiano Ronaldo à la Juventus Turin à l'été 2018, l'avant-centre a vu son aura grandir et a mué dans un rôle de buteur mécanique, porté par la confiance que lui accorde Zinédine Zidane depuis son retour sur le banc madrilène (mars 2019). «Non (il n'a pas de défaut)», résumait « Zizou » le 7 décembre, après la victoire sur l'Espanyol Barcelone (2-0). «C'est quelqu'un qui est en train de changer dans le bon sens. Il prend beaucoup de maturité, c'est ce qui fait la différence», indiquait le technicien. «C'est ma maison ici à Madrid. (...) J'ai signé à Madrid il y a 10 ans pour gagner des titres et essayer de rentrer dans la légende de ce club. Et j'y arrive petit à petit», a souri Benzema (31 ans) après le nul (2-2) contre le Paris SG en ligue des champions, fin novembre. L'ex-Lyonnais est le 2e meilleur buteur du championnat d'Espagne (11 buts) derrière Messi, et le buteur français le plus prolifique de l'histoire en C1 (64 buts). Il est autant boudé par l'équipe de France qu'adulé en Espagne, où il marche sur les traces de Raul, légende du Bernabeu. «Footballistiquement, c'est simplement le meilleur», avait résumé Zidane, le 8 novembre. L'amicale rivalité que se sont construite ces deux meilleurs ennemis pendant cinq ans lors des derbys madrilènes Atlético - Real Madrid ne s'est pas arrêtée. Elle s'est simplement transformée, et sera sublimée dans le cadre grandiose du Clasico.