Il va devoir faire preuve de créativité et de rapidité pour affronter les très sérieux défis que doit relever l'économie du pays. Le Président Abdelmadjid Tebboune est appelé à mettre en exécution ses promesses de campagne et «des mesures d'urgence courageuses» pour sauver les entreprises. Le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Mohamed Sami Agli, qui a été l'invité de la rédaction de la Chaîne 3, hier mercredi, a souligné d'emblée : «Nous tenons à féliciter le Président pour son élection, il fallait avoir un chef et on en a un.» Pour lui, l'économie n'attend pas, il y a des décisions urgentes à prendre. «L'économie nationale est plombée» à cause de «la crise financière de 2014» et aussi à cause de «la mauvaise gouvernance». Il exhorte, ainsi, le nouveau Président à «aller plus vite» et à engager des réformes profondes pour sauver «l'outil de production», en adoptant des mesures courageuses. Une réforme profonde de l'économie en général est préconisée par le président du FCE qui insiste sur «la révision des lois qui freinent l'économie». Les entreprises algériennes, durement frappées par la chute de la commande publique en 2019, auraient licencié, depuis le début de l'année, près de 500 000 personnes (4% de population active) pour des raisons économiques. Le secteur BTPH (bâtiment, travaux publics, hydraulique) serait le plus durement touché avec près de 70% d'entreprises au bord du dépôt de bilan, mais d'autres secteurs sont en crise également, à l'instar des industries pharmaceutiques, des services et les TPE/PME. «60% du tissu économique est sinistré», avance-t-il, en précisant que cette situation s'est traduite, jusque-là, par la fermeture d'entreprises (TPE et PME) et la perte de quelque «650 000 postes d'emploi». Le chef du FCE explique que l'acte d'investir actuellement nécessite « une armada d'autorisations pour aller chercher la richesse». Pour lui, «il faut s'inspirer des modèles qui ont fait leurs preuves dans le monde». Avant d'ajouter : «Il n'est pas normal qu'un système bancaire devienne un frein au développement de l'économie, au même titre que le mouvement des capitaux qui reste très compliqué chez nous.» M. Agli estime que la bureaucratie constitue un danger pour l'Etat qui «touche même à la souveraineté de notre pays.» Et d'insister : «Il ne faut pas mettre tous les acteurs économiques dans le même sac. Il y a ceux qui ont réussi honnêtement et souffrent du poids de la bureaucratie.» L'acteur économique, selon M. Agli, cherche actuellement la confiance qui viendra par la stabilité réglementaire et la tenue des engagements. Répondant à une question sur le constat de la situation économique du pays, l'invité a précisé : «On n'a pas beaucoup de temps, les problèmes, on les connaît…» en appelant à l'exécution du programme de campagne du candidat élu qui parlait d'une réforme profonde du modèle économique. Ilhem Tir