Thème majeur évoqué déjà lors de son université d'été tenue en octobre dernier, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) est revenu à la charge pour plaider la cause des entreprises en difficulté et, surtout, proposer des solutions concrètes à l'attention des pouvoirs publics pour mettre en œuvre des mesures de sauvegarde immédiates et des mesures plus structurantes mais à engager rapidement. Avec plus de la moitié de ce qui constitue le tissu économique du pays sinistrée, le FCE s'attelle depuis quelques jours à alerter toutes les parties influentes dans la vie institutionnelle sur l'urgence de la mise sur pied de mesures destinées à sauver ce qui peut l'être dans les meilleurs délais. Des mesures d'urgence donc, plaide le FCE dans un document datant d'il y a quelques jours, à prendre après concertation avec les acteurs de la vie économique du pays. En gros, ce que propose le FCE, c'est de tout entreprendre pour la sauvegarde des entreprises en difficulté, d'une part, et la promotion de nouvelles activités dont le pays détient des prédispositions, d'autre part. En tous les cas, comme le relève le Forum, le fait est là : «Notre économie est en crise à cause de sa vulnérabilité aux perturbations des marchés mondiaux de l'énergie et des autres intrants industriels.» Toutefois, rien n'est perdu, estime l'organisation patronale qui rassure son monde en louant les capacités de «résilience et un potentiel de redressement» de l'économie nationale, mais pour peu que «l'on organise notre engagement collectif, entre acteurs économiques et pouvoirs publics, dans un cadre de concertation». Le FCE en appelle ainsi aux pouvoirs publics pour une concertation avec les acteurs économiques, permettant d'apporter des solutions pratiques à leurs préoccupations. Afin de remettre en marche la machine économique, principalement les entreprises en difficulté, l'organisation que dirige Sami Agli préconise de «négocier avec les pouvoirs publics un rééchelonnement de leurs dettes à court et moyen terme, et instruire les banques pour leur accorder des facilités dans le cadre du financement de l'exploitation en fonction des besoins particuliers de chaque entreprise». Ceci concerne les entreprises de pratiquement tous les secteurs et branches d'activité, mais certaines souffrent plus que d'autres, notamment celles de la construction, du bâtiment et des travaux publics. Des centaines d'entreprises, précise le FCE, qui se retrouvent en danger «du fait des retards de paiement des situations des travaux réalisés, constatés dernièrement au niveau de tous les maîtres d'ouvrage (Direction des travaux publics, Algérienne des autoroutes, et autres…) et aussi par tous les organismes payeurs (Trésor public, Fonds national d'investissement, et autres)», explique le FCE qui, à l'occasion, a soulevé la question du foncier industriel, notamment les «prohibitifs» coûts de droits de concession dont il propose qu'ils soient revus et qu'ils soient mis en exécution, énonçant la possibilité de confier aux opérateurs économiques eux-mêmes la gestion des zones industrielles. Puis, à Sami Agli d'aborder dans son document adressé aux pouvoirs publics, les mesures mises en œuvre pour la rationalisation des dépenses en devises, afin de soulager les réserves de change du pays. Mesures jugées «radicales» qui n'agréent donc pas le chef du FCE, particulièrement celles impactant jusqu'à menacer l'existence des entreprises, d'abord faisant dans la fabrication et le montage de produits électroniques et de l'électroménager, puis l'ensemble des autres activités. Des mesures qui auront comme conséquences, une pénurie des produits de ces activités et, donc, une inévitable augmentation de leurs prix, sans parler de la perte de pas moins de 6 000 emplois directs rien que dans la filière téléphonie mobile. La solution adéquate dans ce cas précis de la fabrication et montage de téléphonie mobile réside, selon le FCE, dans le renouvellement des décisions d'importation des collections SKD, en impliquant les représentants des fabricants, du FCE et d'autres intervenants, avec comme objectif de passer du régime SKD au CKD plus adapté à la filière en question. Autre question lancinante depuis des années, celle relative à la promotion des exportations. Sur ce plan également, le FCE a des propositions dont celle consistant à accorder à l'exportateur la liberté d'investir à travers ses capitaux détenus en monnaies étrangères, à concurrence du million de dollars. Une des solutions parmi tant d'autres, proposées par le FCE, qui répondent à l'urgence de la situation économique imposée au pays depuis bien avant que surviennent les problèmes politiques auxquels il fait face. Azedine Maktour