Nous avons tous besoin d'un point d'orgue dans la vie. «Point d'orgue» est le titre voulu par l'artiste plasticienne Nedjoua Seraâ à son exposition à la galerie Ifru design d'Alger. Lors du vernissage, l'artiste nous a expliqué qu'en musique, le point d'orgue est un signe qui se place au-dessus ou en dessous d'une note et qui modifie l'expression d'une phrase musicale et provoque une suspension momentanée et indéterminée du son de la note (ou des notes) en fonction du bon goût de l'interprète. Son symbole est comme un «C » inversé vers le bas surmontant un point. Selon la vision et certainement l'état d'esprit, on peut y voir un croissant ou même un œil et des sourcils. «Mon âme pensait connaître son chemin, jusqu'à ce qu'elle aperçoit un mirage … Une pause s'impose. Un point d'orgue apparaît sur le solfège de ma vie… Elle s'éloigne et ajuste la distance entre elle et le mirage… Elle contemple … Imprégnée dans son silence… Au milieu d'un combat… Le mirage se réveille… Se dévoile… délire… peu à peu, le premier trait de ce qui semblait compliqué et perdu apparaît… pour mettre la lumière ! L'Autre bout de mon chemin», écrit l'artiste au sujet de son exposition et de sa thématique. Plusieurs de ses œuvres ont le mot «orgue» dans leurs titres. Le drapeau algérien y est bien visible. Les couleurs chaudes réchauffent le cœur et transmettent une énergie bienfaitrice. Ce choix de couleurs est motivé par la thématique elle- même, nous confia l'artiste lors du vernissage de son exposition qui restera ouverte jusqu'au 11 janvier 2020. Les tableaux de peinture, parfois abstraits, parfois semi- abstraits, sont de différents formats. Dans une série réservée aux petits formats, l'œil du profane distingue, de temps en temps, comme des arcades conduisant vers des portes, symbolisant certainement le passage d'une partie sombre ou enfermée vers le jour, le soleil, la lumière et l'air libre. Les points d'orgue, ainsi, sont à différentes étapes de l'art et de la vie en général. Ils sont comme un ressourcement autant physique que spirituel, donnant l'énergie et la volonté nécessaires pour continuer le chemin. «On doit apprendre à trouver son silence entre deux bruits», dira l'ariste plasticienne, en conclusion. Native de Sétif, en 1970, Nedjoua Seraâ est artiste peintre plasticienne et art thérapeute. Elle est ainsi pionnière du projet bénévole des ateliers d'art thérapie pour enfants cancéreux en Algérie. L'artiste est également une chercheuse dans la philosophie du monde abstrait. Licenciée en anglais de l'université Ferhat- Abbès de Sétif en 1993, elle a également été à l'école de design de Nabeul en Tunisie entre 2001 et 2004. Nedjoua Seraâ a exposé ses œuvres en Algérie et à l'étranger : en Grèce, en Egypte, en Tunisie, au Liban, en Jordanie, aux Emirats arabes unis et en Turquie. L'artiste algérienne est lauréate de la médaille de la créativité du monde arabe à Dubaï en 2016. Elle a été également décorée par le prince Nahyen El Mbarek, ministre de la Culture des Emirats arabes unis en février 2016 et la même année par M. Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture algérien. Kader B.