Le phénomène est devenu inquiétant. Les décès par inhalation de monoxyde de carbone (CO) ont pris des allures catastrophiques en Algérie au cours de ces toutes dernières années. L'année dernière 118 personnes ont perdu la vie à cause de ce gaz «tueur». La négligence et l'inconscience des citoyens et la défectuosité de certains appareils de chauffage ne répondant pas aux normes figurent parmi les causes premières de ces drames. Le bilan de ce début d'année, communiqué par la Protection civile de la wilaya de Sétif, donne froid dans le dos. Pas moins de 10 personnes ont trouvé la mort par asphyxie, causée par l'inhalation de monoxyde de carbone, au cours des dernières 72 heures. Selon le capitaine Ahmed Lamamra, chargé de communication à la direction de la Protection civile de la wilaya de Sétif, les sapeurs-pompiers ont enregistré durant ces dernières soixante-douze heures, 7 accidents domestiques dus à l'inhalation de monoxyde de carbone ayant causé le décès de neuf personnes et le sauvetage de dix autres. Le premier accident dramatique s'est produit la veille du réveillon, quand les services de la Protection civile ont découvert les corps sans vie d'un couple âgé d'une trentaine d'années à leur domicile, sis à la cité populaire de Bel-Air de Sétif-ville. Les victimes qui venaient juste de rentrer d'un voyage en Turquie, sont mortes asphyxiées par le monoxyde de carbone qui se dégageait de leur poêle à gaz. L'épouse était professeur en sociologie à l'université Mohamed-Lamine-Debaghine de Sétif. Le même jour, les éléments de la Protection civile sont intervenus pour transporter, à la morgue du CHU de Sétif, le corps sans vie d'un homme âgé de 57 ans, découvert mort par ses proches à son domicile au douar Layayda dans la localité de Guedjel. La cause de son décès était due à l'inhalation du monoxyde de carbone provenant également de son poêle à gaz. Le lendemain, soit le mercredi 1er janvier, le monoxyde de carbone frappera encore une fois au village de Tala-Ouzrar dans la commune d'Aïn Lagredj. Les pompiers auront à déplorer le décès d'un père âgé de 58 ans et de son fils de 16 ans. La même localité d'Aïn-Legredj et plus précisément au douar Beni-Ghboula a été, en ce jeudi 2 janvier, le théâtre d'une découverte macabre. Les sapeurs-pompiers ont pu sauver une mère de famille âgée de 35 ans et son fils de 9 ans. Malheureusement, l'autre fils de 15 ans et sa fille de 5 ans n'ont pu être secourus. Et le coupable est toujours ce gaz «traitre» de monoxyde de carbone. La liste des victimes va encore une fois de plus s'allonger ce jeudi 2 janvier aux environs de 17h à la cité populaire Yahioui, appelée communément «cité Tandja», où les éléments de la Protection civile de l'unité principale Derbal-Abdelmadjid vont découvrir trois autres cadavres de sexe masculin. Les victimes âgées de 53, 32 et 26 ans sont mortes asphyxiées au CO. CO, le tueur silencieux L'intoxication au CO est d'une gravité extrême, à la fois de par le risque de décès immédiat mais aussi de par les séquelles, notamment neurologiques, qu'il peut laisser à vie. Les sources génératrices de monoxyde de carbone sont nombreuses et diverses. Le monoxyde de carbone est un gaz incolore, inodore, sans saveur, non irritant et dont la densité est proche de celle de l'air ambiant. Il résulte de la combustion incomplète des matières organiques par manque d'oxygène. D'après la Protection civile, une intoxication légère peut provoquer des maux de tête, des vertiges, nausées et vomissements. Une exposition plus forte peut entraîner des effets toxiques sur le système nerveux central, le cœur et aller jusqu'à causer la mort. À la suite de l'intoxication, il persiste souvent des séquelles à long terme. Le monoxyde de carbone peut aussi avoir de graves effets sur le fœtus d'une femme enceinte. Notons que la plupart des cas d'asphyxie au monoxyde de carbone sont dus à la non-conformité de certains appareils de chauffage aux normes de sécurité, aux dysfonctionnements dans l'installation et la maintenance des équipements de chauffage, à la mauvaise fermeture des robinets et des vannes du gaz ainsi qu'à des défauts dans le dispositif de sécurité de certains appareils utilisés, outre l'absence d'aération. Imed Sellami