Par Maâmar Farah Lors de la guerre d'Irak, beaucoup d'amis, bernés par la propagande occidentale, ne voulaient pas croire au début d'un vaste plan d'occupation de l'espace Moyen-Oriental par l'impérialisme. Ils ne voyaient que ce qu'ils voulaient croire : l'élimination d'un dictateur sanguinaire qui allait ouvrir la voie à la démocratie, la liberté, la paix et la prospérité. Ils peuvent enfin mesurer le chemin parcouru depuis et les retombées de cette grande œuvre «démocratique» sur la vie du peuple irakien, plus divisé que jamais, en proie à la violence, l'insécurité et le sous-développement chronique ! A l'époque, nous disions clairement que le plan impérialiste allait s'étendre à la Syrie, le chemin le plus court qui mène vers l'Iran ! Nos amis et beaucoup de lecteurs nous traitaient presque d'attardés mentaux car, pour eux, nous étions manipulés et totalement à côté de la plaque. Je me souviens de ce lecteur libanais qui me renvoyait à mon «boumedienisme» totalement dépassé. La Syrie ne sera jamais attaquée, martelait-il! Pourtant, la première salve sioniste fut tirée vers le Liban pour abattre le Hezbollah et affaiblir les premières lignes défensives de la Syrie et, plus loin, de l'Iran. C'était en 2006, dans une guerre qui restera dans l'histoire comme un véritable génocide perpétré par les sionistes et leurs amis américains, pourvoyeurs de ces fameuses «bombes intelligentes» ! C'est plus tard que ces véritables forces du mal s'attaquèrent à la Syrie dans un changement notable de stratégie. Plus besoin d'envoyer des milliers de soldats ! Un nouveau plan, utilisant les troubles sous forme de manifestations populaires violentes qui s'attaquent aux édifices publics et aux fonctionnaires, vit le jour, avec l'active complicité des chaînes de télévision du Golfe dont El Jazeera au rôle si funeste. Le pouvoir réprima violemment ces manifestations et la Syrie entra dans l'inextricable cycle de violence. Ce climat d'instabilité fut alimenté par les rois et princes environnants en vue de déstabiliser totalement le pays en y envoyant terroristes et mercenaires. Chaque groupe ou mouvement est à la solde d'un monarque ou du calife Erdogan : cette mosaïque de la terreur, financée par les dictateurs enturbannés du Golfe, recevait formation et armes du camp occidental et notamment des Etats-Unis et de la France. Il fallait abattre la Syrie coûte que coûte ! Le calife de la nouvelle terreur ottomane Et lorsque le plan s'étendit à la Libye voisine, nos amis, plus naïfs que jamais, n'en démordaient pas ! Ils continuaient à ne voir, dans ce plan machiavélique, que la disparition d'un autre dirigeant sanguinaire ! Et c'est le trouble-fête Erdogan, chef de l'Internationale des frères musulmans, qui vient au secours d'un nouveau plan de destabilisation de la région du Maghreb. On n'oubliera pas le rôle majeur joué par ce triste personnage dans la destruction de la Syrie, sauvée in extremis par son armée nationale et ses amis russe et iranien. C'est lui qui tirait les ficelles du monstre Daesh dans une parfaite synchronisation avec le véritable maître du jeu qui distribuait les rôles à tout ce beau monde : Israël ! Pour se disculper et montrer l'autre face de son double visage, le calife de la nouvelle terreur ottomane, se fait passer pour un défenseur acharné de la cause palestinienne et un fervent opposant au blocus de Ghaza. Chaque année, il patronne une expédition maritime civile qui expose de nombreuses vies de militants manipulés au danger. Ça ne lui coûte rien, et la première chose qu'il devrait faire pour montrer ses bonnes intentions, c'est de quitter l'Otan, le bouclier impérialiste qui protège l'entité sioniste et ses intérêts stratégiques. En vérité, Erdogan est un fidèle ami des sionistes et son rôle est de servir Israël en se faisant passer pour son ennemi ! Ainsi, l'impérialisme, plus fort que jamais, n'a plus besoin d'utiliser ses troupes pour détruire le potentiel des pays qu'il juge opposés au plan de normalisation avec Israël. On connaît les retombées psychologiques des pertes humaines, en cas de conflit, sur les opinions publiques. Et avec l'émergence et la multiplication des réseaux sociaux, la vieille propagande ne sert plus à rien. Ces nouvelles stratégies guerrières permettent aux pouvoirs en place de ne pas tenter le diable lors des différentes élections car l'occupation de pays étrangers est toujours mal vue par les opinions. Qu'à cela ne tienne ! On va utiliser terroristes et mercenaires et, d'ailleurs, c'est du pareil au même ! L'Algérie ciblée ! En Libye, l'objectif de Sarkozy et de BHL est presque atteint ! Après la division artificielle du pays et son démantèlement dans un chaos orchestré par les forces impérialistes, nous arrivons au dernier épisode : la guerre totale. Le cas libyen est intéressant à analyser car il montre que les stratèges sionistes qui tracent les plans dans les cabinets secrets de New York et Londres ont atteint un nouveau degré de manipulation qui est déjà une étape supérieure par rapport à ce qu'ils ont élaboré en Syrie. Et pour le comprendre, il faut revenir à la situation à la limite du comique qui prévaut dans le Golfe. Il n'y a que les imbéciles primitifs qui peuvent croire que, stratégiquement, le Qatar et l'Arabie Saoudite, ne sont pas dans le même camp et qu'il puisse y avoir la moindre raison valable pour en faire des ennemis ! Pourtant, c'est ce que va leur faire croire l'intelligence sioniste. Les deux camps ont de bonnes relations avec Israël, ils accueillent des troupes américaines et servent pratiquement les mêmes intérêts. On peut dire la même chose de la Turquie sauf que cette dernière, nostalgique de la «grandeur» ottomane, a des arrière-pensées qui paraissent contradictoires avec les intérêts sionistes mais qui peuvent en fin de compte les servir admirablement. En Libye, l'impérialisme a fait croire aux pays soutenant Seraj et Haftar qu'ils sont souverains dans leurs choix et qu'ils ont les moyens de faire la guerre à distance ! La destruction de la Libye sert Israël et ses vrais amis, pas les tuteurs directs de Haftar et Seraj. Ces pays sont là pour jouer leur rôle, pas plus : financer, envoyer des mercenaires... Et pour ceux qui ne veulent toujours pas nous croire, faut-il rappeler les propres paroles de BHL qui a dit qu'il a agi en Libye «en tant que juif et pour Israël» ! Il a été très clair mais certains ont visiblement les oreilles bouchées ? Cependant, dans ce méli-mélo, il faut quand même s'interroger sur la nature des deux pouvoirs qui se partagent la Libye. La section tripolitaine de l'Internationale des frères musulmans qui préside aux destinées de la Libye occidentale, reconnue par les instances internationales, n'est jamais arrivée à unifier les groupes et mouvements armés qui pullulent dans chaque région, souvent sous le commandement d'anciens terroristes islamistes. Cette situation demeure dangereuse pour le pays et les nations environnantes. Haftar veut éradiquer ces mutants sur Toyotas armées ou les amener à intégrer volontairement ses troupes armées. A observer les politiques des deux camps, il me semble que la solution proposée par Haftar est la meilleure car seule la force militaire peut faire taire les armes et les exemples pullulent : en Algérie et en Syrie notamment, on a vu comment les armées nationales ont pu gagner la guerre contre les terroristes. Mais on ne sait pas si le Maréchal entend remettre le pouvoir aux civils une fois le pays pacifié ou s'il a d'autres idées derrière la tête. Cependant ni Seraj, ni Haftar ne gagneront une guerre à large échelle si elle éclate. C'est une guerre qui les dépasse; elle est provoquée par les véritables maîtres du jeu, avec le soutien de quelques riches «ramasseurs de balle» S'asseoir à la même table en refusant les politiques imposées par les ennemis de la Libye est le meilleur chemin pour éviter à ce pays voisin de plus grandes destructions et un chaos généralisé. Les deux antagonistes ont un ami commun qui n'est impliqué dans aucune combinaison impérialiste : c'est l'Algérie ! Encore que cette dernière doit sortir des déclarations de bonne intention et agir efficacement pour le faire comprendre aux deux camps. Tâche difficile mais pas impossible. Et tâche urgente parce que la prochaine cible s'appelle justement Algérie ! Et ne me dites pas que je fais, moi aussi, dans la «main de l'étranger» ! Et rappelez-vous l'Irak, la Syrie et la Libye. Entre autres... M. F.