Le nouveau ministre de l'Education nationale devra lancer le projet de la révision du système éducatif dans son volet pédagogique. Un grand chantier qui nécessite probablement plusieurs années avant de pouvoir aboutir. Qu'est-ce qu'il y a lieu de réviser dans l'immédiat ? Les syndicats proposent de commencer par l'allégement des programmes dans le primaire, la révision des coefficients des matières essentielles pour le passage du cycle moyen au secondaire et la réforme de l'examen du bac. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le projet de la révision du système éducatif réussira-t-il enfin à aboutir ? La dernière déclaration de Abdelmadjid Tebboune lors du Conseil des ministres, du dimanche, sur «la nécessité de la révision du système éducatif dans son volet pédagogique, avec un allègement des programmes scolaires, tout en accordant une place importante aux activités sportives et culturelles», donne espoir. Le chantier qui attend le nouveau ministre de l'Education est cependant très large et nécessite plusieurs années avant de voir les premiers résultats. Quels sont les projets par qui l'on peut commencer dans cette réforme dans l'immédiat ? Meziane Meriane, coordinateur du Snapest estime que l'allégement du cartable à travers l'allégement des programmes dans le cycle primaire, est l'un des points les plus urgents qui peuvent être réalisés d'ici trois années. «Il faut supprimer certaines matières au primaire pour dégager des horaires pour les activités sportives et culturelles sans pour autant toucher au volume horaire», a proposé le syndicaliste. Pour le cycle moyen, M. Meriane propose la révision des coefficients des matières essentielles notamment pour les élèves de la quatrième année. «Il faut avoir une bonne orientation lors du passage du moyen à la première année secondaire pour éviter les échecs, à travers la bonification des matières scientifiques, car accéder à une formation scientifique à travers une bonne moyenne obtenue grâce à de bonnes notes dans les matières secondaires est un échec programmé», a déclaré ce pédagogue qui estime que l'on peut réaliser ce projet d'ici l'année prochaine. La réforme du baccalauréat, dit-il, est aussi l'un des points urgents qui peut être lancé dans l'immédiat. D'autant que le projet a été déjà ficelé. Pour sa part, Boualem Amoura, porte-parole du Satef, estime que l'on peut s'attaquer aussi dans l'immédiat à la révision du rythme scolaire à travers, notamment, la création de zones. «Il faut revoir les horaires de sorties de classes des élèves. Nous avons discuté de ce projet en 2011 et nous l'avons finalisé en 2012 en décidant d'adapter les horaires selon les régions. Si l'on décide au Sud de commencer les cours à 6h du matin et de finir à midi, pourquoi pas, si le volume horaire est assuré ? Mais ce travail d'une année a été jeté dans les tiroirs, depuis», regrette M. Amoura. Ce dernier propose également la révision du volume horaire de chaque matière ainsi que des coefficients, à l'origine du problème de profil des élèves des filières scientifiques. «Nous ne pouvons plus continuer avec cette méthode où les coefficients des matières essentielles sont inférieurs aux coefficients des matières secondaires. Il n'est pas normal qu'un élève au moyen fasse deux heures de sciences par semaine pour ensuite accéder à une spécialité scientifique au lycée, nous devons définir quelle école nous voulons», dit-il. M. Amoura qui rejoint l'avis de son confrère du Snapest pour la suppression de certaines matières au primaire suggère également de revenir à l'ancien système des six années dans le cycle primaire. «L'objectif du cycle primaire, c'est d'apprendre à l'élève de lire, écrire et compter, pourquoi lui faire subir autant de matière ?», s'interroge M. Amoura. D'ailleurs, explique-t-il, «nous avons supprimé une année dans le cycle primaire mais nous avons gardé le même programme, donc le programme destiné à être enseigné en six ans est actuellement enseigné en cinq ans, d'où cette surcharge». Un peu pessimiste, le porte-parole du Satef estime, toutefois, que l'école de qualité ne sera pas avant 2030. La révision du système éducatif, souligne-t-il, ne pourra pas être entamée avant une année. «Le nouveau ministre n'est pas du secteur, il lui faudra au moins six mois pour s'enquérir du secteur et six autres mois pour pouvoir mettre en place une stratégie et nous savons tous que les corrompus qui sont toujours au ministère de l'Education vont tenter de lui mettre des bâtons dans les roues comme ils l'ont fait avec ses prédécesseurs», a déclaré M. Amoura. S. A.