Depuis l'annonce par la ministre de l'éducation nationale de la tenue d'assises nationales sur la réforme éducative, les syndicats autonomes se préparent en prévision du lancement du chantier. Leur objectif ? Mettre en exergue leurs propositions et faire connaître leurs positions. C'est le cas du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). « Notre syndicat est en train de multiplier les concertations avec les enseignants, les pédagogues autour de la réforme », indique son secrétaire général, Idir Achour. Il cite l'exemple de l'approche par compétence. Le CLA revendique la « suppression » pure et simple de cette méthode d'enseignement, lui préférant l'approche par objectif. « L'approche par compétence permet de former un élève exécutant et non un élève qui réfléchit. L'approche par objectif permet à l'élève d'analyser. Elle est de loin la plus appropriée », soutient-il. Reste que pour Achour Idir, il est judicieux de se mettre, d'abord, d'accord sur quel type de citoyen voulons-nous former en Algérie. Le secrétaire général du CLA a évoqué la question de la surcharge des programmes. Il a plaidé pour un volume de 30 heures par semaine au lieu des 36 actuellement. Dans le même ordre d'idées, le chargé de la communication au Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a estimé qu'onze ans après la mise en application des réformes, le temps est venu d'en faire une évaluation. Messaoud Boudiba dira que les résultats sur le terrain sont « catastrophiques ». Tout comme le CLA, le Cnapest demande à ce que l'approche par compétence soit plus expliquée pour être mieux appliquée. Il regrette que les choses soient toujours confuses sur le terrain. « La précipitation dans la mise en œuvre de la démarche et le manque de moyens ont fait que ce nouveau paradigme pédagogique n'a pas été à la hauteur des attentes de la famille éducative », précise-t-il. Il indique que depuis la mise en place de cette approche, le statut de l'élève a subi un changement. « L'élève doit être en classe en tant que sujet connaissant et non pas en tant qu'objet sur lequel se déverse un flot de savoir », corrige-t-il. Le statut de l'enseignant doit, lui aussi, changer. Selon lui, le rôle de l'enseignant ne se résume pas à monopoliser l'activité pédagogique, formuler les questions et donner les réponses, il y a aussi l'orientation. De ce fait, Messaoud Boudiba plaide pour la formation des enseignants, l'allégement des programmes et surtout la mise en place d'un volume horaire en fonction du contenu du programme. « Le volume horaire est très insuffisant pour l'exécution du programme », explique-t-il. Il a soutenu qu'il faut lancer un large débat auquel participeront les experts et les pédagogues. Il souligne qu'il ne faut surtout pas reproduire l'expérience de l'année passée où le processus d'évaluation lancé par l'ancien ministre de l'Education n'a pas été suivi d'un dialogue « serein » et « sérieux ». Cycle primaire : alléger l'emploi du temps Du côté du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), on insiste surtout sur le système des examens. D'abord, celui de fin du cycle primaire. Le Satef est favorable à la suppression de la deuxième session. Toujours pour le primaire, Boualem Amoura estime qu'il faut revenir à l'ancien système de six ans de classe, revoir la méthode d'enseignement, à savoir la méthode dite « globale ». « Le bon choix aurait été d'adapter la méthode syllabique », note-t-il. Comme il y a lieu de revoir le système d'évaluation en mettant fin à cette manière d'organiser des compositions chaque mois, ce qui fatigue plus les enfants. Sur le rythme scolaire, le Satef soutient une révision de l'emploi du temps dans le cycle primaire. Actuellement de 8h à 16h, Amoura propose à ce qu'on consacre uniquement la matinée (8h-12h) à l'enseignement et l'après-midi aux activités culturelles. Pour le baccalauréat, il propose des épreuves anticipées en deux phases. Celles relatives aux matières secondaires se dérouleront une année avant le bac et le reste se fera comme d'habitude en classe de terminale. Concernant l'allégement des programmes, Boualem Amoura a soutenu l'idée de supprimer certains cours et d'introduire d'autres à l'image du cours de la logique dans l'enseignement des mathématiques. Dans le cycle moyen, le syndicat juge insuffisant le temps (2 heures par semaine) consacré à la science et à la physique. Pour lui, il faut augmenter et le volume horaire et le coefficient de ces matières pour le situer à 4 au lieu 2, d'autant qu'elles sont des spécialités au lycée et à l'université.