C'est l'heure des repositionnements chez nombre de partis, ceux de l'ex-allégeance notamment mais également chez ceux ayant longtemps évolué à la périphérie, ceci à la faveur de la nouvelle donne politique induite par l'élection du président de la République et la poursuite d'un mouvement populaire décidé à faire le grand ménage dans les mœurs en usage jusqu'ici. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Exercice plus que délicat que celui auquel nombre de partis sont contraints par la force d'une nouvelle donne politique induite par la déferlante citoyenne du 22 février dernier qui impose, désormais, de nouvelles pratiques et mœurs politiques autres que celles ayant prévalu jusqu'ici. Un exercice à valeur de véritable pari pour, notamment, les partis de l'ex-allégeance, le duo FLN-RND en tête, cible privilégiée des millions de manifestants qui, depuis le 22 février écoulé et sans discontinuité, réclament leur mise au placard. Un duo qui s'efforce, une fois la grosse tempête passée, à la faveur surtout du déroulement, dans les conditions que l'on sait, de l'élection présidentielle du 12 décembre dernier, de sortir progressivement la tête de l'eau. Surtout que les deux partis qui ont de tout temps servi de façade partisane au pouvoir en place vivent de similaires situations avec pratiquement l'adoption de mêmes feuilles de route pour s'en sortir. D'ex-secrétaires généraux et nombre de cadres en détention provisoire et condamnés pour certains, pour des affaires de corruption, des secrétaires généraux intérimaires floués, ayant complètement perdu la boussole lors du dernier scrutin présidentiel et faisant face à des frondes de leurs bases militantes. Et face à ces tableaux de bord clignotant au rouge, les directions intérimaires du FLN et du RND adoptent le même antidote, soit mettre le cap sur des congrès à l'effet de conférer la légitimité à leurs directions avec la perspective chez le second de changer même de dénomination pour, en quelque sorte, se mettre à l'air du temps empreint de «dégagisme». Mais avant, on a pris le minutieux soin de signifier leur disponibilité à travailler avec le nouveau président de la République dans l'intérêt de l'Algérie et de son peuple, de saluer la composante du nouveau gouvernement, le dialogue inclusif auquel il appelle tout comme la mise sur pied d'un comité d'experts constitutionnalistes chargé d'élaborer des propositions en prévision d'une révision profonde de la Constitution. Manière à ces deux partis de se replacer et de se repositionner en vue des prochaines échéances politiques, élections législatives et locales probablement. Ceci dit, au sein des deux autres membres de l'ex-allégeance, le TAJ et le MPA dont les premiers responsables sont également en détention provisoire pour des affaires de corruption, le coma semble encore se prolonger. Ceci même si au sein du premier parti, on tente de se contenter du minimum requis avec des communiqués laconiques signés du président intérimaire du parti et dans lesquels il manifeste son soutien au nouveau Président et à toute sa démarche. Et dans le camp de l'opposition, certains partis, notamment ceux émargeant dans la mouvance verte, commencent à opérer un virage à 180 degrés, entamant un repositionnement en douceur. C'est le cas, notamment, du MSP qui, après avoir boudé à contre-cœur l'élection présidentielle du 12 décembre dernier, s'éloigne de plus en plus du mouvement populaire du 22 février qu'il a fait semblant d'accompagner jusqu'ici et dont la poursuite semble aller à contresens de sa volonté de renouer avec sa philosophie et sa doctrine entriste. D'où l'opération de charme que son président a entamée envers le président de la République. Dans une conférence de presse animée samedi dernier, Abderezzak Makri a déclaré que la fraude électorale exercée par la «Issaba» durant des années a empêché son parti d'atteindre le pouvoir. «Notre parti a subi l'injustice», a-t-il fait savoir, estimant que le défunt «Mahfoud Nahnah y était parvenu lors de l'élection de 1995, mais les résultats du scrutin avaient été falsifiés». Et au président du MSP de déclarer dans la foulée «œuvrer avec sérieux et efficacité à formuler des propositions sur l'amendement de la Constitution». «En vue de donner sa véritable valeur aux élections législatives, le gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire. Si les Algériens sont d'accord pour un régime semi-parlementaire ou semi-présidentiel, le MSP ne s'y opposera pas», a estimé Makri, affirmant que «le gouvernement doit représenter la majorité plébiscitée par le peuple». M. K.