Abdelmadjid Tebboune ambitionne de laisser son empreinte dans un domaine où ses prédécesseurs ont peu brillé : celui de la communication. Il rencontrera ce mardi 21 janvier une délégation de responsables de médias privés et publics, prélude à l'instauration de rencontres périodiques avec la presse nationale, boudée pendant des années par l'ancien locataire d'El-Mouradia. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Changement de stratégie de communication à la présidence. La direction dédiée à cet effet annonce que le président de la République recevra ce mardi «une délégation de directeurs et responsables de médias publics et privés» au siège de la présidence. Une rencontre qui «sera une occasion pour éclairer l'opinion publique nationale sur les questions de l'heure au double plan interne et externe» et qui s'inscrit «dans le cadre des engagements du président de la République d'organiser des rencontres périodiques avec les médias, cette audience sera suivie par d'autres entretiens avec des journalistes et des responsables d'organes de presse». La présidence de la République, restée depuis près de vingt ans hermétique à toute demande, sort ainsi du schéma imposé par le prédécesseur de Tebboune. Ce dernier affichait clairement son mépris pour la presse nationale, ouvrant régulièrement les portes d'El-Mouradia à des journalistes étrangers. Hormis une conférence de presse animée pendant sa première campagne électorale, Bouteflika n'appréciait guère se retrouver face aux journalistes algériens. Mais il n'était pas le seul que l'exercice rebutait même si les motivations n'ont pas toujours été les mêmes. Les présidents de la République qui se sont succédé à la tête de l'Etat étaient très peu enclins à communiquer. Ce qu'ils affectionnaient par-dessus tout, c'étaient les discours de circonstance, prononcés souvent sur un ton monocorde. Un ton difficile à adopter en conférence de presse, exercice qui requiert un minimum de répartie, de spontanéité mais surtout une grande maîtrise de tous les dossiers. Pendant sa campagne électorale, Abdelmadjid Tebboune avait donné un aperçu de ce que seraient ses rapports avec la presse nationale, promettant une plus grande ouverture. Le communiqué émanant du service de la communication il y a quelques semaines avait pourtant refroidi les plus optimistes. La présidence y rappelait que « l'information officielle est rendue publique à travers des communiqués de la présidence de la République publiés par l'agence Algérie presse service et que toute information rapportée en dehors de ce canal est à classer dans la case de la propagande et la désinformation». Mieux encore, ledit communiqué ajoutait que «les informations diffusées à travers tout média ou plateforme de communication à titre de scoop ou dans le but de faire accroire à l'opinion publique à une proximité de la source d'information sans respect des lois de la République et des règles de la déontologie, exposeront leurs auteurs aux peines prévues par les lois de la République». Un rappel à l'ordre doublé d'avertissements qui avaient fait craindre un verrouillage supplémentaire de l'information. La réunion de ce mardi permettra certainement aux deux parties d'exprimer leurs attentes. Pour Tebboune, il s'agira certainement de définir une vision de la communication. Tandis que pour les représentants des médias, l'enjeu est tout autre, il s'agira de s'assurer que les rares espaces de liberté ne soient pas davantage rognés. N. I.