Dans le cadre de la campagne de sensibilisation menée au niveau national contre le gaspillage du pain, trois Directions, celles du commerce, de la santé et de l'environnement ont joint leurs efforts en compagnie du président du club des artisans boulangers de la wilaya d'Oran, afin d'animer une rencontre au niveau de la cité universitaire filles «El Badr». Les interventions étaient toutes constructives, mais les concernées étaient tout sauf intéressées. Le gaspillage du pain en Algérie, et Oran ne fait pas exception, est un phénomène connu depuis plusieurs années sans qu'il y ait un sursaut pour dire stop ou du moins comprendre les raisons de cet excès non pas dans la consommation du pain, mais dans l'achat souvent de quantités colossales qui finissent dans nos poubelles. Côté chiffres, les représentantes des Directions du commerce et de l'environnement ont rappelé que l'Algérie est l'un des 5 pays dans le monde à importer du blé. Deuxième dans le classement des pays arabes et africains. L'on saura que l'Algérie importe près de 4 milliards de dollars de blé tendre. La moyenne de consommation de l'Algérien en blé est estimée à 180 kg par an. Quant à la production locale de blé, elle varie entre 4,5 et 5,8 millions de tonnes par an, soit 25% de nos besoins. Considérant que le Trésor public consacre 4 milliards de dollars pour assurer la disponibilité du pain, l'on compte une consommation quotidienne de 50 millions de baguettes de pain, dont 5 à 10 millions sont jetées quotidiennement. Des chiffres choquants au vu du coût et de la pauvreté qui sévit dans le monde. Mais en fait qu'est-ce qui pousse l'Algérien à gaspiller autant de pain ? De l'inconscience ? De l'irresponsabilité ? L'habitude et de ne pas en ressentir les conséquences ? Ou bien tout cela et bien d'autres raisons ? Justement parmi ces autres raisons, M. Fouzi Baïche, président du club des artisans boulangers d'Oran, a évoqué ce dimanche l'une des raisons qui, selon lui, pousse à la surconsommation du pain et de son gaspillage. Pour l'intervenant, tout réside dans les composants du pain que les Algériens consomment. «Le pain que nous fabriquons en Algérie est à base d'une farine dite la T45, une variété qui est souvent utilisée pour la confection de gâteaux. Il y a plusieurs autres variétés mais nous, nous utilisons la T45 qui produit un pain qui se consomme dans l'immédiat et son taux de conservation est minime et il devient vite rassis.» Pour le spécialiste de la baguette, «si on veut que le gaspillage cesse il faudrait utiliser une autre variété de farine telle que la T 65 ou encore la T 80 /100/150. L'Algérien n'est pas un gaspilleur de pain, mais nous sommes en train de confectionner du pain facile à être gaspillé». Il ajoutera : «Le pain que nous consommons comprend également ce qu'ils appellent dans leur jargon de boulangers «les améliorants», des matières telles que le gluten et bien d'autres composants cancérigènes, mais aussi du sucre, beaucoup de sucre. Il faudrait que nous apprenions à confectionner et à consommer d'autres variétés de pain telles que le pain de seigle, le pain complet, de campagne, d'orge. Le pain que consomme l'Algérien n'est pas riche en fibres ni en sel minéraux et il contribue à augmenter le taux de glycémie, cause l'obésité et les problèmes de côlon. Depuis 40 ans, on se demande pourquoi les Algériens sont de grands gaspilleurs de pain. Simplement à cause de sa composante qui pousse à plus de consommation. Nous sommes censés ne consommer que 140 grammes/ jour et nous en achetons 1 kg, et nous jetons la moitié », déplore-t-il. Amel Bentolba